Riche en rebondissements, l’année 2024 n’aura pas été de tout repos pour les entrepreneurs, investisseurs et autres acteurs de l’écosystème tech de l’Hexagone. A l’approche du Nouvel-An, un bilan s’impose.
Après une première salve de moments forts pour la French Tech, voici la deuxième avec Xavier Niel, Clara Chappaz ou encore Julie Huguet.
Xavier Niel fait le show à l’Olympia
Connu pour ses tweets emplis d’humour sur X, Xavier Niel ne rate jamais une occasion de faire parler de lui. Pour faire la promotion de son livre «Une sacrée envie de foutre le bordel», le «Père fondateur» de la French Tech a pris possession de l’Olympia, à Paris, le temps d’une soirée pour proposer une masterclass en mode stand-up d’une heure, avec la promesse d’expliquer «Comment devenir milliardaire».
Dans la salle parisienne mythique, Xavier Niel a fait preuve d’auto-dérision et fait appel à des idoles de la nouvelle génération, comme Léna Situations et Squeezie, pour revenir sur les grandes étapes de son parcours qui lui ont permis de devenir un entrepreneur réputé, auréolé du statut de milliardaire. L’occasion pour lui de revenir sur son séjour derrière les barreaux ou d’évoquer sa passion pour les Catacombes, tout en se moquant d’Oussama Ammar et en taclant Orange, SFR et Bouygues Telecom quand il avait dynamité le marché de la téléphonie avec Free.
Éternel optimiste, il a aussi rendu hommage à Roxanne Varza, qui a porté avec lui le projet de Station F. Clou du spectacle, l’apparition de Nâdiya, qui a enflammé l’Olympia avec son titre «Et c’est parti…». Une fois de plus, Xavier Niel aura réussi à nous surprendre.
Julie Huguet, nouvelle directrice de la Mission French Tech, et Clara Chappaz, secrétaire d’État en charge de l’IA et du Numérique
Nouveau visage au sommet de la French Tech. Fin septembre, c’est Julie Huguet qui a été retenue pour succéder à Clara Chappaz en tant que directrice de la Mission French Tech, administration publique chargée d’accompagner le développement de l’écosystème des startups françaises, dans l’Hexagone à l’international. Auparavant, elle a fondé Coworkees, société revendue à Freelance.com en 2021, et été la présidente de la French Tech Alpes de 2020 à 2023.
Quant à Clara Chappaz, qui a été l’une des dirigeantes de Vestiaire Collective de 2019 à 2021, elle a rapidement rebondi après son départ de la Mission French Tech en étant désignée secrétaire d’État chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique en septembre dernier dans le gouvernement de Michel Barnier. Une reconnaissance, avant de mettre au monde son deuxième enfant quelques semaines plus tard, qui s’accompagne d’une responsabilité importante : encadrer l’usage de l’IA en pleine hystérie autour de ChatGPT et surtout préparer le Sommet pour l’Action sur l’IA qui aura lieu à Paris les 10 et 11 février 2025.
Pour préparer cet événement où sont notamment conviés Elon Musk et Donald Trump, Clara Chappaz a notamment effectué un séjour à San Francisco en novembre. Mais la chute du gouvernement Barnier a mis son avenir politique en suspens. Ce sera à François Bayrou, le nouveau Premier ministre, de choisir si elle est reconduite dans l’exercice de ses fonctions. Si tel est le cas, elle s’attèlera à ouvrir pour la France « une troisième voie de l’intelligence artificielle », qui rimerait avec éthique, frugalité et inclusivité.
La Climate House, nouvelle adresse phare de la « Silicon Sentier »
Un nouveau chapitre de l’histoire singulière du 39 rue du Caire, dans le IIe arrondissement de Paris, s’est ouvert cet automne. Et pour cause, l’adresse, bien connue dans la French Tech, a vu la Climate House prendre son envol au cœur de la « Silicon Sentier ». Une nouvelle évolution pour cette adresse qui a accueilli plusieurs entités différentes de l’écosystème tech français au cours de la décennie écoulée, comme le Numa et la licorne Swile.
La Climate House, qui s’étale sur 2 000 mètres carrés, doit servir de catalyseur dans la tech française pour accélérer la transition écologique et sociale de l’économie. Initié par Lucie Basch (Too Good To Go), Jack Habra (Context), Claire Bretton (Underdog) et Clément Alteresco (Morning), le projet repose sur un collectif de 80 entrepreneurs actionnaires pour fédérer de manière optimale tout un écosystème florissant. Ainsi, les grandes et petites entreprises, les scientifiques, les activistes, les fonds d’investissement et les associations, que la Climate House désigne comme « les architectes de l’économie de demain », sont invités à prendre part à cette aventure au service de la transition climatique. Bref, il s’agit de la naissance d’un lieu « totem » pour l’action climatique en Europe, dans le sillage du « Sustainability Hub », lieu éphémère de Techstars à quelques rues de la Climate House.
Budget 2025 : fortes inquiétudes autour des niches fiscales plébiscitées par les entrepreneurs
Alors qu’il est plus difficile de lever des fonds depuis deux ans, la French Tech a connu une fin d’année quelque peu angoissante à cause des débats enflammés à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances 2025 (PLF). Face au dérapage du déficit public autour de 6 % du PIB en 2024, des économies s’imposent et l’écosystème tricolore des startups a affiché ses inquiétudes au grand jour quand l’inspection générale des finances (IGF) a proposé de tailler 450 millions d’euros d’économies dans le crédit d’impôt recherche (CIR), qui a coûté 7,7 milliards d’euros à l’État en 2024. Or 58 % des startups françaises ont recours au CIR, selon France Digitale. D’autres outils clés, comme le crédit d’impôt innovation (CII) et le statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI), se sont également retrouvés dans la balance pour réduire les dépenses publiques.
Après près de deux mois de débats au Parlement et quelques frictions entre Clara Chappaz, Paul Midy et France Digitale, la chute du gouvernement Barnier a stoppé le travail des députés et plongé encore plus dans l’inconnu les entrepreneurs en quête des niches fiscales comme le CIR pour développer leur startup. Dans ce contexte, une loi spéciale pour assurer « la continuité de l’État » vient d’être adoptée par le Parlement. Une solution imparfaite mais qui évite un scénario catastrophe pour de nombreux entrepreneurs en attendant l’adoption d’un budget 2025 en bonne et due forme.
FloodFrame remporte l’édition 2024 du Fundtruck
Pendant plusieurs mois, Maddyness a sillonné la France et la Belgique dans le cadre du Fundtruck, notre concours itinérant de startups. Et après avoir traversé 34 villes, de Dunkerque à Marseille, en passant par Poitiers, Nantes, Toulouse, Lyon, Saint-Malo ou encore Bruxelles, ce sont 21 startups qui se sont affrontées lors de la grande finale organisée à la Banque de France, à Paris.
Après l’ultime étape de cette édition 2024, c’est Caroline Lapelerie de la startup FloodFrame, après avoir séduit le jury en Occitanie, qui a raflé la mise. Cette société propose un dispositif permettant d’entourer tout type de bâtiment, habitation ou entreprise, d’une membrane étanche qui se déploie automatiquement lorsque l’eau monte. Un projet salué par Julie Huguet, directrice de la Mission French Tech, qui a sacré la représentante de FloodFrame.
Cette dernière a remporté une dotation de 300 000 euros en services, grâce à plusieurs partenaires de renom comme JCDecaux, Bpifrance, Hubspot, Bold, Orange Ventures, iii-Financements ou encore Ringover. Mais plus que le gain, c’est une belle reconnaissance du travail accompli par elle et ses équipes.