« Les tarifs annoncés par DAZN vous paraissent-ils prohibitifs ?
Je suis dubitatif et je n’y crois pas trop, en tout cas. Je serais plus confiant si le consommateur avait accès à toute la Ligue 1 pour 30 euros. Mais pour 8 matches, ça me paraît élevé. Il ne faut pas négliger la période actuelle, marquée par l’incertitude économique et politique qui incite les Français à la prudence. Avec l’abonnement à Canal+ pour les compétitions européennes, on arrive à 70-75 euros. Ça fait cher quand même ! Le consommateur n’a jamais autant payé alors que les droits n’ont jamais été aussi faibles, c’est un sacré paradoxe. Il va donc être contraint de faire des arbitrages. Je crois que les Français choisiront un abonnement et pas les deux. Et cela pourrait profiter à Canal+, puisqu’un certain nombre de fans sont plus intéressés par la Ligue des champions que par la Ligue 1.
« Si le consommateur veut suivre toutes les compétitions, le streaming illégal de la Ligue 1 devient alors la seule solution alternative. »
Que pensez-vous de l’offre à 15 euros pour un match que l’on ne choisit pas ?
Cela montre qu’ils ne connaissent pas très bien les consommateurs de foot français. J’ai du mal à comprendre ce choix et je ne vois pas les Français adhérer à une pochette-surprise. On s’adresse à des fans, ils ont l’intention de voir leur équipe. On n’imaginerait pas payer un abonnement sur Netflix pour regarder des séries que l’on ne choisit pas. Cela donne surtout l’impression d’une démarche marketing, pour dire qu’une offre à 15 euros existe sans y croire vraiment.
Une hausse du streaming illégal est-elle à craindre ?
Absolument ! Je crains qu’une partie des fans ne se tourne vers cette solution. Un certain nombre de jeunes n’ont pas les moyens de payer aussi cher pour regarder du foot. Et la solution alternative, c’est le piratage. Le consommateur va devoir faire des choix. Il est obligé de payer pour aller au stade et Canal+ a durci sa politique anti-streaming. S’il veut suivre toutes les compétitions, le streaming illégal de la Ligue 1 devient alors la seule solution alternative. Quant à celui qui s’y refuse et n’a pas les moyens, il risque de se détourner du Championnat. Et dans deux ou trois ans, ce sont les clubs qui paieront la note. »