Le premier ministre français, Michel Barnier, a récemment nommé Clara Chappaz secrétaire d’Etat chargée de l’intelligence artificielle et du numérique, signe de l’importance accordée à « l’IA » et elle dépend du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Elle était avant directrice de la Mission French Tech, chargée de soutenir l’écosystème des start-up françaises et son poste relevait du ministère des Finances.
Elle succède à Mounir Mahjoubi, Cédric O, Jean-Noël Barrot (désormais ministre des affaires étrangères) et Marina Ferrari qui ne sera restée que sept mois à son poste.
Ces derniers mois, l’écosystème tech français s’interrogeait sur l’avenir et s’inquiétait d’un possible recul des sujets numériques dans l’agenda de l’exécutif français, mais aussi au niveau européen, alors que le très actif Thierry Breton vient de démissionner de son poste de commissaire européen chargé du marché intérieur et du numérique.
Clara Chappaz a pour elle d’avoir travaillé dans plusieurs entreprises du numérique à des postes à responsabilité, chez Vestiaire Collective puis chez Zalora, une plateforme d’e-commerce de mode asiatique.
Arrivée en 2021 à la tête de la Mission French Tech, chargée de soutenir les jeunes pousses tricolores, elle a assisté aux heures de gloire de la French Tech, avec un record de levées de fonds en 2022 (13,5 milliards d’euros) et elle a aussi été le témoin, ensuite, d’un brutal assèchement des financements et d’un changement visant ces derniers temps à prioriser les start-up issues de la recherche fondamentale, par exemple pour favoriser la réindustrialisation dans le nucléaire ou les semi-conducteurs, ou pour développer l’IA.
Paris a ouvertement cherché à favoriser l’émergence de « champions français » et de la scène parisienne de l’IA, incarnée par des start-up telles que Mistral, LightOn, Dust, H, Hugging Face ou Photoroom. Cette attitude n’est pas sans générer des frictions, la France ayant été accusée de s’opposer à la régulation de l’IA dans le texte européen AI Act, notamment sur le droit d’auteur. La mise en œuvre du texte est encore en débat à Bruxelles.
Le gouvernement avait aussi commandé à la Commission de l’IA une feuille de route en vue de développer cette technologie en France et avait introduit deux de ses recommandations − une mesure pour favoriser l’implantation de data centers et une autre pour faciliter les autorisations de recherche sur des données de santé − dans le projet de loi simplification, suspendu avant l’été. Le rapport suggérait d’autres pistes pouvant faire débat, comme l’introduction de l’IA dans les services publics.
Outre ces dossiers, Mme Chappaz aura aussi en ligne de mire l’organisation, en février 2025, d’un sommet international sur l’IA à Paris, après celui de Londres, en novembre 2023. Mais le pilotage de cet événement diplomatique sera a priori suivi de près par l’Elysée et M. Macron.
Source : Le Monde (résumé : Israël Valley)