Quel avenir pour le basket français sans Collet, Batum et De Colo ?

Quel avenir pour le basket français sans Collet, Batum et De Colo ?

A l’Arena Bercy,

L’une des plus belles surprises françaises aux JO de Paris 2024 a donc été une équipe qui semblait filer droit dans le mur, entre une préparation bouclée sur quatre défaites de rang et une phase de groupe à l’arrache. Vous l’avez deviné, on parle de l’équipe de France de basket, sauvée par un « tir à quatre points » miraculeux de Matthew Strazel contre le Japon (94-90 a.p.), juste avant une claque reçue face à l’Allemagne (71-85) qui semblait valider pour de bon le fiasco olympique.

Mais huit jours plus tard, au terme d’un « tournoi d’un niveau exceptionnel et d’une densité rare » (dixit Vincent Collet), les Bleus se sont offert une fin de match aussi haletante qu’inespérée contre les « Avengers » américains (87-98). Sans un Stephen Curry en fusion en fin de rencontre, l’exploit d’une vie aurait même été encore plus proche pour la bande à Victor Wembanyama. Au lendemain de cette finale de rêve à Bercy, voici cinq questions qui vont accompagner les prochaines semaines/mois/années du basket français.

Rudy Gobert, Victor Wembanyama, Matthew Strazel et Bilal Coulibaly ont reçu leur médaille d’argent samedi soir, juste après la finale perdue contre Team USA. -  A. Messinis / AFP

Une déception, quelle déception ?

Lorsque sur une claquette à trois minutes de la fin, Victor Wembanyama a ramené les Bleus sur les talons de Team USA (79-82), l’espoir d’un premier sacre olympique à la maison était là, concret. « Il y a une semaine, qui aurait pu imaginer qu’on allait disputer un tel match en finale, en étant aussi proche jusqu’au bout de Team USA ? C’est le tournoi le plus fou et le plus bizarre que j’ai disputé en quinze ans avec cette équipe. On peut être fiers de nous », résumait Nicolas Batum samedi soir.

« On en voulait plus, on aurait pu les pousser plus loin dans leurs retranchements, on voulait créer quelque chose de spécial », précisait Vincent Collet, à ses côtés en conférence de presse. Assommés au coup de sifflet final samedi, les joueurs tricolores ont vite basculé avec l’enchaînement de la cérémonie. « Quand tu reçois la médaille autour du cou, tu oublies honnêtement que tu viens de perdre, confiait ainsi Isaïa Cordinier, la révélation du quart et de la demie. J’ai le sourire depuis que j’ai cette médaille. Ça, c’est à vie. »

Un enthousiasme vite partagé par Guerschon Yabusele : « Il faut relever la tête et profiter. Je sais qu’on a tout donné : on est allé la chercher cette médaille, alors qu’on avait deux grosses nations face à nous avant d’arriver là [Canada et Allemagne]. Je suis fier de tout le monde ». Autant vous dire qu’il ne faut pas chercher sur ce point de risque d’une défaite se révélant traumatisante à moyen/long terme. Next.

Wembanyama en leader passionné ?

Il ne mérite pas forcément sa place obtenue dans le meilleur cinq de la compétition, au vu de son criant déchet offensif en quart et en demie. Mais quelle réaction de champion en finale pour Victor Wembanyama, avec 26 points (à 11/19 aux tirs) et 7 rebonds en 29 minutes. De quoi envisager un avenir radieux pour celui qui a le profil de leader générationnel des Bleus.

« Il est déjà très fort et il n’a que 20 ans, rappelle Vincent Collet. Il sera bien plus fort dans les années à venir, c’est une évidence. Ce soir, il a fait son meilleur match du tournoi, il a été exceptionnel. Dans le combat, il a dominé la raquette, et en particulier contre notre futur ex-pas joueur qu’il a malmené en début de match. » Trolling de Joel Embiid évidemment validé par ici. Quant à « Wemby », outre ses prestations, c’est son sincère attachement au maillot bleu qui ressort de sa première phase finale avec les A.

« Ça n’est pas donné à tout le monde d’avoir un groupe comme celui-là, qui peut autant réagir, autant se remettre en question et surmonter les épreuves ensemble. Ce que je retiens de cette campagne, c’est l’amour qu’on reçoit des fans, l’amour qu’on a pour le jeu, qu’on a entre coéquipiers et avec le staff. Chaque fois qu’on a été nous-mêmes, personne n’a pu nous arrêter. »

Avant d’enchaîner, auprès de médias US : « J’apprends et je me fais du souci pour mes adversaires dans quelques années. Où ça ? Partout, en NBA comme en Fiba ». C’est bon Victor, on se donne rendez-vous chaque été pour les quinze prochaines années ?

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Fin d’aventure pour De Colo et Batum… et Collet ?

Le gros dossier qui va vite venir sur la table est là. Epatant samedi (12 points) après un tournoi jusque-là quelconque, Nando De Colo (37 ans) a officialisé après la rencontre sa retraite internationale, tout comme le capitaine Nicolas Batum (35 ans). « Je laisse ma place à la nouvelle génération, il faut lui laisser la place pour qu’elle écrive sa propre histoire », a précisé l’ailier des Clippers.

Des doutes entourent à présent l’avenir de deux autres pièces majeures de la dernière décennie de l’équipe de France, à savoir Evan Fournier (31 ans) et Rudy Gobert (32 ans). « Peut-être que moi aussi, je vais arrêter, qui sait ? On verra, on verra », a simplement confié le pivot tricolore à la fin de la rencontre. Le chantier prioritaire concernera évidemment le sélectionneur. La question de son avenir a été posée à Vincent Collet, en poste depuis 2009 mais en fin de contrat cet été.

« Ecoutez, normalement je termine, ces quinze années ont été pour moi un grand privilège. La suite ? Pour l’instant, je n’en ai aucune idée. La NBA ? Non, j’aimerais bien, mais malheureusement on ne m’a pas sollicité. » Désigné meilleur coach de ce tournoi olympique, là aussi une surprise colossale au vu de certains choix dans sa liste et à sa gestion de la phase de poules, Vincent Collet va laisser un sacré vide, quand on pense à ses huit médailles remportées, dont le sacre à l’Euro 2013. Aucun nom n’a spécialement fuité jusque-là pour prendre sa succession.

Vers un clair rajeunissement de l’équipe ?

Les départs d’au moins deux cadres trentenaires vont forcément pousser à une évolution de l’effectif et des statuts en vue de l’Euro 2025. « Il faut bien comprendre que l’équipe de cette année est à la croisée des chemins, indique Vincent Collet. Avec les arrêts de Nando et de Nicolas, il faudra quand même que cette équipe de France reparte avec des ressources nouvelles. On sait qu’il y a des jeunes qui arrivent derrière. C’est très positif, mais il faut malgré tout du temps pour arriver au plus haut niveau. »

On l’a bien vu cet été avec par exemple Bilal Coulibaly (20 ans), qu’on imaginait comme un réel concurrent à Nicolas Batum, mais qui est apparu encore un peu tendre pour un tel tournoi. « Entre les jeunes qui poussent derrière et les nouveaux draftés [Risacher, Sarr, Salaün et Dadiet], cette équipe de France a un très beau futur, mais ça n’est pas une surprise », apprécie Evan Fournier. On peut aussi imaginer que Nadir Hifi (22 ans) et Elie Okobo (26 ans), non retenus par Vincent Collet pour les JO, auront leur mot à dire. Tout en observant de près l’explosion attendue de Nolan Traoré (18 ans), sur un poste de meneur de jeu où la concurrence est pleinement ouverte.

Team USA bientôt moins intraitable ?

N’en déplaise à Kevin Durant, qui annonçait avant les Jeux vouloir « des victoires avec 40 ou 50 points d’écart », Team USA a dû batailler en demie puis en finale pour obtenir ce nouveau sacre olympique samedi. Et oui, le basket il a changé. Et les règles/habitudes internationales des compétitions Fiba restent toujours assez éloignées des standards NBA. Battus en finale olympique à Tokyo puis à Paris, les Bleus prouvent à chaque fois qu’ils peuvent affronter les yeux dans les yeux l’armada américaine.

Notre dossier sur les JO de Paris 2024

Et surtout, lors de la Coupe du monde 2027 au Qatar puis surtout des JO de Los Angeles 2028, les trois véritables armes fatales US ne seront plus là. Après Kevin Durant à Tokyo, c’est bel et bien Stephen Curry (8/12 à trois points samedi), à lui seul ou presque, qui a ruiné les espoirs français en fin de rencontre. Or le meneur des Warriors a 36 ans, « KD » 35 et LeBron James 39 ans. Les véritables « Avengers » de la sélection, ce sont eux, comme on l’a vu face aux Serbes et aux Bleus. En l’état, la relève composée de Booker, Edwards, Tatum and co est bien plus abordable, surtout dans un contexte Fiba. « Wemby » a d’ailleurs confirmé avoir en tête dès samedi soir la perspective d’une revanche aux prochains JO sur le sol américain. D’ici-là, on aura encore bien deux ou trois numéros 1 de Draft NBA, non ?

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