Le Livret A servira-t-il bientôt à financer l’industrie de la défense ? C’est l’objet d’une proposition de loi qui sera débattue ce jeudi à l’Assemblée nationale, soutenue par le groupe Horizons.
Mardi dernier, le Sénat avait déjà voté en faveur d’un projet de loi similaire, porté par le sénateur Les Républicains Pascal Allizard. « L’outil militaire et industriel doit être en mesure de faire face à toute menace sur la paix et la stabilité. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui », déclarait ce dernier.
Financer l’industrie de défense
Le texte qui sera débattu à l’Assemblée vise à ajouter les « entreprises, notamment petites et moyennes, de l’industrie de défense française » aux secteurs déjà financés par les banques via les Livrets A et LDDS.
Près de 60 % des 568,1 milliards d’euros placés fin janvier sur ces deux livrets sont dédiés au logement social, via la Caisse des dépôts (CDC).
Le reste – l’épargne non centralisée, visée par le texte – est investi par les établissements bancaires auprès de PME (dont potentiellement celles de la défense), de projets en lien avec la transition énergétique ou l’économie sociale et solidaire.
Syndicats et associations montent au créneau
Plusieurs syndicats et associations ont clamé ce mardi leur opposition à l’emploi d’une partie des ressources des Livrets A et des LDDS pour financer l’industrie de la défense.
« Nous nous opposons aux deux propositions de loi présentées au Sénat et à l’Assemblée nationale qui visent à financer les industries de défense à partir du Livret A et du LDDS » livret de développement durable et solidaire), a résumé lors d’une conférence de presse Loïc Daguzan, porte-parole d’Indecosa, l’association de consommateurs et de locataires de la CGT.
Une tribune adressée à Bruno Le Maire
L’association est signataire aux côtés de plusieurs syndicats, de la Ligue des droits de l’Homme ou encore d’une soixantaine de députés et sénateurs de gauche d’une tribune adressée au ministre de l’Economie Bruno Le Maire intitulée « Le Livret A ce n’est pas pour l’armement, mais pour le logement social ! ».
Ce fléchage vers l’armement n’a pas les faveurs de Bercy, la ministre déléguée aux Entreprises, Olivia Grégoire, estimant mardi dernier que « l’instrument (n’était) pas le plus approprié ».