La note de 1 attribuée à Stéphanie Frappart, mardi soir, pour son arbitrage lors de la demi-finale de Coupe de France Lyon-Valenciennes (3-0), a logiquement interpellé une partie de nos lecteurs. C’est une note rare pour un joueur comme pour un arbitre, moins rare qu’un 10, mais néanmoins exceptionnelle. Comme d’habitude, en matière de notes, tout est débattable, tout est contestable, nous ne sommes même jamais d’accord entre nous, et on ne risque pas de prétendre avoir raison.
Un vrai impact sur le match et un entêtement dans l’erreur
Le débat, en tout cas, peut s’ouvrir au moins dans deux directions : la valeur réelle de l’arbitrage de Madame Frappart, mardi soir, et l’éventuel reproche d’un sexisme. Cette note de 1, à l’évidence, ne correspond pas au match tout entier de l’arbitre française, globalement médiocre. Il lui aurait sans doute valu la note de 3 pour un ensemble de décisions erronées ou incompréhensibles, hors du but refusé et du penalty accordé : le penalty oublié sur Nuamah, la gestion du temps additionnel de la première période (trois minutes alors que le jeu avait été arrêté plus de six minutes depuis la 33e minute pour blessures et VAR), ou à ce ballon rendu à VA alors qu’elle avait arrêté le jeu quand le ballon était dans les pieds des Lyonnais.
Ce glissement débattable vers le 1 traduit avant tout son impact sur cette demi-finale qu’elle a fait basculer en s’entêtant sur son erreur d’avoir accordé un penalty à Alexandre Lacazette et aux Lyonnais, après s’être trompée, déjà, en première période, en accordant dans un premier temps le but de Valenciennes. Cette note sanctionne son impact sur le résultat et son refus de se déjuger une deuxième fois. On peut toujours en débattre et estimer que cet impact sur le nom du finaliste de la Coupe de France, à un moment où la demi-finale était encore incertaine, méritait plutôt 2, voire 3. C’est l’avantage des débats.
Aurait-on attribué la même note à un arbitre masculin ?
Quant au reproche du sexisme, prévisible, et qui nous vaut l’embarras d’avoir hurlé avec des loups dont on apprécie peu la compagnie, il ouvre d’autres pistes intéressantes de débat. Par honnêteté, nous devons nous poser au moins deux questions : est-ce que l’on aurait attribué la même note à un arbitre masculin ? Est-ce que Stéphanie Frappart est victime, dans l’appréciation générale de son arbitrage, et au-delà du match de mardi, de son rôle de pionnière et de modèle qui lui a valu par exemple d’avoir la deuxième note des arbitres français en 2022 et d’être sélectionnée pour la Coupe du monde ?
Sur ce deuxième point, on ne voit pas l’intérêt ni la pertinence de lui reprocher un fait dont elle n’est pas responsable ; elle n’a pas choisi de symboliser cette avancée majeure sur la place des femmes dans le football, qui serait plutôt une raison de la protéger, mais une mauvaise raison. Il en va de même pour le soupçon du sexisme, ce dont toutes les femmes du foot qui ont critiqué son arbitrage sur les réseaux ne peuvent pas être soupçonnables. Le véritable sexisme aurait pu consister à tenir compte de sa condition de pionnière de l’arbitrage, et des murs que son obstination et son destin ont fait tomber ces dernières années.
Est-ce qu’il fallait, est-ce qu’il ne fallait pas ? Avec les notes, cet exercice particulier, on doute toujours, parce que nous n’avons pas les mêmes critères d’un journaliste à l’autre, et parce que l’on doute autant en mettant 6 à un milieu de terrain méconnu qu’en donnant 1 à une arbitre célèbre. Dans un cas comme dans l’autre, on n’est jamais sûr d’avoir raison, et on est à peu près sûr qu’une partie de nos lecteurs nous reprochera d’avoir tort. Avec les notes, comme avec l’arbitrage, avec ou sans VAR, il est possible que la justice n’existe pas vraiment.