Pourquoi la French Tech fait face à un tsunami de faillites

Pourquoi la French Tech fait face à un tsunami de faillites

La French Tech, autrefois fleuron de l’innovation européenne, traverse une période pour le moins compliquée. Depuis 2023, une vague de faillites sans précédent déferle sur l’écosystème des start-up françaises. Ce phénomène, aussi soudain qu’inquiétant, soulève de nombreuses questions sur la pérennité du modèle de croissance adopté par ces jeunes pousses.

Les chiffres de la Banque de France parlent d’eux-mêmes. En seulement 18 mois, 129 start-up matures ont mis la clé sous la porte. Elles représentent 5,6% des entreprises les plus prometteuses de la French Tech. Mais quelles sont les raisons de ce tsunami économique ?

Crise économique et tensions géopolitiques

La crise mondiale du financement de la tech est la première explication logique. La hausse des taux d’intérêt, amorcée pour contrer l’inflation galopante, a considérablement refroidi les ardeurs des investisseurs. Les levées de fonds, nerf de la guerre pour ces jeunes entreprises en quête de croissance rapide, ont chuté de 38% en 2023 par rapport à l’année précédente. Ce tarissement des sources de financement a laissé de nombreuses start-up en situation précaire.

L’instabilité économique mondiale n’arrange rien. Les tensions géopolitiques, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les incertitudes liées à la reprise post-Covid ont créé un climat peu propice aux investissements risqués. Dans ce contexte, les start-up, souvent perçues comme des paris sur l’avenir, peinent à convaincre les investisseurs de leur viabilité à long terme.

“Les start-up ont subi avec un peu de décalage, à partir de mi-2023, le choc de financement observé dès 2022” explique Maurice Oms, correspondant national start-up de la Banque de France, à La Tribune. Ce décalage temporel explique pourquoi la vague de faillites n’a véritablement déferlé qu’à partir de 2023, alors que les signes avant-coureurs étaient déjà visibles l’année précédente.

Santé, alimentation et e-commerce dans le rouge

Certains secteurs ont été plus durement touchés que d’autres. La santé, l’alimentation et le e-commerce figurent parmi les domaines les plus affectés. Paradoxalement, l’énergie et l’environnement ont continué à attirer les investisseurs, malgré le contexte difficile. Les investisseurs semblent donc plus enclins à soutenir des projets perçus comme essentiels ou durables.

Plus inquiétant, 70% des start-up qui ont fait faillite avaient levé des fonds dans les trois années précédentes. Cette statistique révèle une faille dans le modèle de croissance adopté par de nombreuses jeunes pousses. Dépendantes des injections régulières de capitaux, ces entreprises n’ont pas su développer un modèle économique viable sur le long terme.

Des noms bien connus de l’écosystème français figurent parmi les victimes de cette crise. Bioserenity, une biotech prometteuse, Cityscoot, le service de scooters électriques qui semblait avoir conquis les grandes villes, ou encore Iziwork, spécialiste de l’intérim nouvelle génération, ont tous déposé le bilan. Ces échecs retentissants ont en plus ébranlé la confiance dans l’écosystème French Tech.

Tout n’est pas perdu

Malgré ce tableau sombre, il serait faux de parler d’un effondrement total. La French Tech a démontré une certaine résilience face à l’adversité. En 2023, le chiffre d’affaires global des start-up analysées a atteint 24,6 milliards d’euros, soit une hausse de 18,6% par rapport à 2022. Cette croissance, bien que ralentie, reste significative et supérieure à celle de nombreux autres secteurs économiques.

Par ailleurs, les capitaux propres des start-up ont augmenté de 9%, signe que les entrepreneurs s’adaptent à cette nouvelle réalité économique. Ils apprennent à faire plus avec moins, à optimiser leurs ressources et à viser une rentabilité plus rapide.

L’emploi dans le secteur continue également de croître, malgré les difficultés. Les 2 300 entreprises analysées par la Banque de France ont créé 8 100 emplois en 2023, compensant largement les 3 300 pertes liées aux faillites. Cette dynamique positive de l’emploi témoigne de la vitalité sous-jacente de l’écosystème.

Enfin, alors que 2024 s’annonçait comme une année record pour les faillites, des signes encourageants apparaissent. Le deuxième trimestre 2024 a vu une légère baisse du nombre de défaillances par rapport aux trimestres précédents. Cette accalmie pourrait indiquer que le pic de la crise est passé, même si la prudence reste de mise.

La French Tech se trouve donc à un tournant. Cette crise, aussi douloureuse soit-elle, pourrait avoir un effet purificateur. Les entrepreneurs sont forcés de repenser leurs modèles économiques, de viser une croissance plus soutenable et de moins dépendre des levées de fonds successives.

  • La French Tech fait face à un tsunami de faillites : 129 start-up ont fermé en 2023
  • Ces faillites s’expliquent par une baisse des financements due à la crise économique et aux incertitudes géopolitiques
  • Le secteur reste dynamique avec une croissance à deux chiffres

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