Portraits : ces coachs façonnent les CEO des pépites de la French tech

Portraits : ces coachs façonnent les CEO des pépites de la French tech



Qu’ils soient freelances ou qu’ils aient monté leur propre agence, ces coachs s’appuient tous sur une riche expérience dans la tech, en tant qu’ancien investisseur ou ex-dirigeant.

Il y a peu, pour les besoins d’un article, le fonds Asterion Ventures, spécialisé dans l’early stage, a fait une confidence au JDN : il impose systématiquement aux dirigeants de ses start-up des séances de coaching. De quoi titiller notre curiosité et nous donner l’envie de rencontrer certains de ces faiseurs de patrons. Des professionnels qui ont à leur tableau de chasse quelques-unes des plus belles réussites de la tech française :  Contentsquare, Alma, Heetch, Malt ou encore Matera. Découvrez-les.

Mounia Erkha “modifie les pensées et les croyances de l’entrepreneur”

© Mounia Erkha

Si certains coachs préfèrent mettre l’accent sur le développement du business d’une start-up, d’autres travaillent davantage sur la personnalité de son fondateur. C’est le cas de Mounia Erkha. Avec une mère psychopédagogue, cette Marocaine au cursus d’ingénieur base son coaching sur les neurosciences : “J’ai développé ma propre méthode où la préparation mentale et la visualisation occupent une place importante. Pour simplifier, cela permet de modifier les pensées et les croyances de l’entrepreneur pour qu’elles soient en adéquation avec les objectifs qu’il s’est fixés”.

La partie business n’est pas délaissée pour autant et Mounia Erkha peut compter sur son expérience accumulée pendant son parcours professionnel. En 2010, elle a fondé Mydeal, une plateforme d’achats groupés. Elle a également passé 14 ans dans le fonds de capital-risque Isai. C’est d’ailleurs pour “devenir une meilleure investisseuse” qu’elle s’est formée au métier de coach, à la Coach Académie (un organisme canadien) et via une formation en ligne américaine nommée Life Coach School. “La manière dont j’accompagne les dirigeants sur la partie business repose essentiellement sur mon expérience. Je n’hésite pas à sortir de mon rôle de coach pour me transformer en consultante. Par exemple, si je trouve que le pitch d’une start-up pour lever des fonds est mauvais, je pointe directement du doigt les éléments qui doivent être rectifiés”.

Mounia Erkha a fondé en 2020 sa propre agence, 108 milliards (le nom fait référence au nombre d’humains passés sur le Terre). Les CEO d’Alma (fintech spécialiste du paiement fractionné), Zenly (une plateforme de géolocalisation rachetée par Snapchat), Singulart (une marketplace d’art), Heetch (une application de VTC) ou encore de Shotgun (une plateforme de réservation d’événements festifs) sont passés entre ses mains.

Eduardo Sanchez entre dans la peau des dirigeants de scale-up

© Eduardo Sanchez

Un Argentin qui vit à New York après avoir vécu en France et en Angleterre. A priori, Eduardo Sanchez n’a pas trop de frontière. Pourtant, son coaching se limite à un domaine : le SaaS. En effet, les trois start-up françaises qu’il choie appartiennent à ce secteur. Matera est un spécialiste de la gestion de copropriété, Malt met en relation les entreprises et les travailleurs indépendants et Contentsquare a développé une plateforme pour améliorer l’expérience utilisateur de ses clients. Trois scale-up qui ont annoncé ces dernières années des valorisations respectives de 120 millions de dollars, 500 millions de dollars et 5,6 milliards de dollars.

Avant de coacher ces entreprises du logiciel, Eduardo Sanchez a multiplié les expériences dans le SaaS, notamment à MicroStrategy (vice-président exécutif) et à RichRevelance (CEO). Pour celui qui a également fait partie du board de Toucan Toco (spécialiste du “data storytelling”), le coaching n’était pas une vocation : “J’ai été introduit à Jonathan Cherki, CEO de Contentsquare qui m’a demandé de rejoindre son conseil de direction en 2017. A l’époque, je suis davantage un consultant qu’un coach”.

Alors que la plupart des autres coachs se focalisent autant sur la partie business que sur la personnalité du CEO, Eduardo Sanchez assume largement privilégier le premier aspect : “Je me concentre surtout sur les parties go to market, sales et marketing”. Pour cela, il prend le temps de “s’immerger pleinement dans la start-up en étudiant la dynamique globale du marché, le positionnement du produit et de l’entreprise, sa concurrence ou encore sa stratégie globale”. Une démarche qui lui permet d’entre dans la peau du dirigeant : “Pour chaque situation, je me demande ce que je ferais à sa place”. Pour répondre à cette question, Eduardo Sanchez n’utilise pas une méthode de coaching particulière mais préfère donner des “conseils tirés de son expérience”.

Tristan Vyskoc voit l’entrepreneur “comme un sportif de haut niveau”

© Tristan Vyskoc

Investisseur, artiste et coach. Le profil de Tristan Vyskoc est atypique. En parallèle de ses séances de coaching, ce Réunionnais d’origine peint des tableaux de paysage qu’il expose dans sa galerie située dans le 17e arrondissement de Paris et continue de suivre les start-up dans lesquelles il a investies (Panopli, Wandercraft, Barter, ou encore Kolsquare).

Entre ces deux activités, celui qui a travaillé une vingtaine d’années dans la finance (ancien associé chez Carmignac Gestion notamment) donne ses conseils aux CEO de B:bot (recyclage plastique), Cleany (nettoyage industriel), Bliss Ecospray (réduction des produits phytosanitaires), ou encore de White Bird (plateforme de satisfaction client pour les propriétaires de bien immobilier).

Formé lui aussi à la Coach Académie, ce passionné d’ultra trail crée des passerelles entre le coaching et le sport : “Pour moi, un entrepreneur est un sportif de haut niveau. Je vois le coach comme un sherpa qui le guide mais c’est bien au coaché de trouver les réponses”. S’il ne devait donner qu’un seul conseil aux entrepreneurs, ce serait, sans surprise, “de faire du sport” car “un esprit saint dans un corps saint est la règle fondamentale pour tenir “.

Evidemment, le sport ne constitue pas sa seule inspiration. Sa méthode de coaching se réfère aussi à la pyramide de Dilts qui met en évidence six niveaux hiérarchiques de pensée. L’objectif du coaching est de trouver à quel niveau se situe la difficulté du coaché pour, sur le plan personnel, l’aider à surmonter ses blocages psychologiques et, sur le plan professionnel, l’aider à gérer le stress et à acquérir de nouvelles compétences. Tristan Vyskoc pratique également le coaching for equity : “Je coache la start-up et je rentre dans son capital, comme ce fut le cas par exemple avec Fungu’it (une agritech spécialiste de la fermentation alimentaire, ndlr)”.

Benoît Simeray, un coaché devenu coach

© Benoît Simeray

Un stage chez Ubisoft, plusieurs postes stratégiques chez TomTom, un poste de CMO chez le belge CowBoy, un de CEO chez l’australien Catapult … Avant de devenir coach, Benoît Simeray a enchainé les jobs dans la tech entre 1997 et 2022, une année décisive dans son parcours. “Je me suis rendu compte que j’enchaînais les jobs sans trop savoir pourquoi. J’ai alors décidé de consulter une coach qui s’appelle Stéphanie Usry. Grâce à nos discussions, l’idée de devenir moi-même coach est arrivée”.

C’est d’ailleurs avec Stéphanie Usry qu’il fonde Squadra en décembre 2023, une agence de coaching composée de “50 employés dont 6 coachs certifiés”. Parmi la douzaine de clients de l’agence, on compte notamment les CEO de Walkie-Talkie (une application destinée à la genZ qui permet d’envoyer des messages vocaux), Lago (une alternative open-source pour la gestion de trésorerie), Mangas.io (le “Spotify du manga”) ou encore le directeur des opérations d’Electra (le spécialiste de la recharge électrique).

Benoît Simeray, qui trouve que “les jeunes dirigeant sont trop pressés et qu’ils ne prennent pas le temps d’apprécier leurs accomplissements”, délivre une séance toutes les deux semaines. “Je définis des objectifs clairs sur une période de 6 à 12 mois afin d’assurer que ma mission se traduit en actions concrètes”. Plusieurs “thématiques classiques” reviennent régulièrement : “Comment gagner en influence en interne, comment rebondir après un revers, comment dire non plus souvent ou encore comment gérer les tensions avec un cofondateur”.

Les séances de coaching sont soit payées directement par le dirigeant soit par la start-up. “Cela dépend du niveau de développement de l’entreprise. Ce qui m’intéresse le plus est l’early stage et le passage d’une boite de six à dix personnes quand un CEO doit avoir pour la première fois une stratégie de management”.

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