Les entraîneurs ne jurent plus que par ça : donnez-leur un grand gardien de but et la tisane « nuit calme » peut rester au placard pendant quelque temps. Il suffit de voir la taille d’Andriy Lunin (1,91 m) et Gregor Kobel (1,95 m), qui disputeront la finale de Ligue des champions le 1er juin, pour s’apercevoir que la vie est beaucoup plus compliquée pour les « nains » de moins d’1,85 m. Alors, grand, oui, mais jusqu’où ?
Victor Wembanyama et ses 2,24 m ferait-il ainsi tâche entre les bois ? Pas sûr. D’autant que le rookie de l’année en NBA a déjà, derrière lui, une petite carrière de gardien de but. C’était il y a dix ans, au Chesnay (Yvelines), sa ville natale. « Il a joué de 2013 à 2015, la plupart du temps dans les buts, se rappelle Alain Despierre, président du Chesnay 78 FC depuis vingt ans. C’était un petit joueur normal, mais il aimait ça d’être gardien. »
Le Chesnay obligé de prouver son âge
« Petit », c’est vite dit. A 10 ans, le gamin mesurait déjà 1,90 m et se retrouvait à défendre une cage à peine plus grande (2,10 m) que lui. Ce qui provoquait quelques suspicions. Même au sein de son équipe. « Moi, je pensais qu’il était un mec qu’on avait descendu des catégories du dessus, parce qu’il était plus grand que tout le monde, même les entraîneurs, raconte Valentin, qui a côtoyé VW au Chesnay. On a fini un peu par s’habituer, mais à chaque fois, les équipes qu’on affrontait, elles, n’y croyaient pas et pensaient qu’on trichait. »
Les semaines se suivent et se ressemblent : le club du Chesnay doit prouver que le « petit » Wemby évolue bien dans la bonne équipe. « Il fallait montrer patte blanche, avec sa licence, développe Alain Despierre. On a même fait parfois venir sa mère pour qu’elle ramène la carte d’identité du gamin pour des contrôles, parce que des gens ne croyaient pas qu’il était dans cette catégorie d’âge. »
« Il se débrouillait »
Mais la taille et l’appétence pour le poste de celui qui avait comme modèle Manuel Neuer, le gardien du Bayern et de la sélection allemande, comme il l’avait indiqué dans une interview au Parisien, ne font pas tout. Wemby n’a ainsi pas pu empêcher Le Chesnay de se prendre piquettes sur piquettes, prémices de ce qu’il allait vivre cette saison avec les Spurs :
« Le plus grand nombre de défaites que j’ai subies, c’était probablement quand je jouais au football, a-t-il raconté au New York Times. Nous n’avions vraiment pas une très bonne équipe. Quand vous devez garder les cages face à des contres rapides à trois contre un toute la journée, c’est difficile. Ce n’était pas ma faute. Vraiment. »
« Moi, je le trouvais bon quand même, se souvient Valentin, qui naviguait entre équipe première et équipe B, contrairement à notre Wemby, toujours avec les A. On n’était pas un gros club, on jouait contre des équipes de districts, donc le niveau n’était pas ouf, mais il se débrouillait. Avec sa taille, il avait forcément un peu plus de mal à chercher des ballons un peu plus bas, mais il restait impressionnant. »
Même s’il s’est éloigné des rectangles verts après ce passage au Chesnay FC, Victor Wembanyama, grand fan du PSG, revient parfois taper le cuir dans le 78. « Il y a quinze jours, trois semaines, je l’ai vu faire un match sur synthétique chez nous avec ses copains. C’était un peu secret, on n’a pas voulu l’ébruiter. On nous a demandé un ballon pour qu’il joue et il a signé un maillot de chez nous. » Pas sûr que les futurs adversaires du Chesnay croient à cette histoire.