A Roland-Garros,
Aux dernières nouvelles, l’iconique La Tour Montparnasse infernale, comme certains de nos plus grands films, n’a pas eu droit à sa version espagnole. C’est évidemment dommage pour nos chers voisins, privés d’un monument de l’humour. Et ce n’est donc pas après avoir vu Eric et Ramzy laver les carreaux du plus haut gratte-ciel de Paris intra-muros, ou avoir eu un coup de foudre pour Maria Joelle, que José Fernandez s’est lancé dans le métier.
Durant toute la semaine à Roland-Garros, à l’occasion du Paris Padel Major, qui accueille les meilleurs joueurs mondiaux de la discipline, José a une tâche singulière : laver les vitres qui encadrent le terrain de padel entre les sets, à la fin du match ou même en plein match si nécessaire. Et pas seulement à Paris. Depuis quelques années, le gaillard de 43 ans, chauve mais avec une longue barbe, petit appareil dentaire rouge, est LE laveur de vitres officiel du circuit mondial.
« Un petit spectacle »
« Tout ça a commencé il y a eu huit, neuf ans, raconte en bord de piste le Madrilène à 20 Minutes, encore essoufflé après avoir fait le taf entre deux sets lors d’un quart de finale. On s’occupait du nettoyage des pistes de padel. A un moment, ils m’ont demandé si je pouvais nettoyer les cristaux un peu plus vite, parce qu’on avait très peu de temps. Je leur ai répondu que oui, je pouvais. » Et à partir de là, José est devenu partie intégrante du spectacle.
Il n’y a qu’à avoir l’ovation que lui a réservée le Philippe-Chatrier au moment de son entrée en piste, pour voir la popularité du garçon, habillé comme un sportif, lui qui ne connaissait rien au padel à ses débuts dans le métier de la pala et des vitres. « Au fur et à mesure, le public a commencé à s’amuser, et maintenant c’est devenu un petit spectacle, tout en gardant les vitres les plus propres possible », en sourit José, surnommé par tout le monde « José the Best », accompagné de ses deux fidèles raclettes.
Le roi du nettoyage détient même un record : une minute et vingt secondes, établi à Bruxelles, pour faire le tour de piste en nettoyant, à mi-hauteur, les vitres du haut vers le bas. Mais Roland-Garros reste son terrain de jeu préféré au monde. « C’est un endroit magique, et même si tu n’as jamais joué au padel, ni au tennis, entrer ici te fait dresser les poils, c’est incroyable. »
Des crachats, des fientes, du sang
Et le plus compliqué dans son travail ? « Si on joue dans un endroit comme ici, et qu’il y a du soleil, les femmes font plus de taches que les hommes, parce qu’elles se protègent la peau davantage avec de la crème solaire, reprend notre laveur de vitres. Et c’est le plus compliqué, car la crème reste sur la vitre, il faut frotter plus, parce que ces taches peuvent gêner la retransmission télé ou même ne pas faire rebondir la balle. »
Il a aussi eu droit à des taches de sang, des crachats de joueurs et même de la fiente d’oiseaux. « C’est peu fréquent, mais ça arrive », en rigole-t-il après sa nouvelle démonstration. En tout cas, cela lui demande d’avoir une condition physique au top. Contrairement aux pauvres ramasseurs de balles, bien peu sollicités au padel.
Hormis celui ou celle chargée d’être près du filet, qui a un poil d’activité tout au long du match, ses compères placés aux quatre angles du terrain passent l’essentiel de leur temps assis sur une chaise, attendant désespérément qu’une balle sorte du terrain. Pendant ce temps, José « The Best », s’échauffe avec son matos dans le but de décrocher un nouveau record. Une question d’habitude pour les Espagnols à Roland-Garros.