Mort d’un pur-sang en plein prix de l’Arc de Triomphe : «C’est une industrie qui pousse les chevaux à bout»

Mort d’un pur-sang en plein prix de l’Arc de Triomphe : «C’est une industrie qui pousse les chevaux à bout»

Dimanche, Haya Zark, âgé de 5 ans, s’est arrêté en pleine course et est mort à l’hippodrome de Longchamp. Si cet événement a choqué, il ne s’agit pas d’un cas isolé, souligne l’association Peta.

Ce devait être sa dernière course, avant une reconversion comme étalon – plus rien à faire qu’engendrer des futurs champions. Mais Haya Zark ne connaîtra pas la retraite : le cheval de course âgé de 5 ans est mort, dimanche 6 octobre, à l’hippodrome de Longchamp, à Paris, alors qu’il concourait pour le prix de l’Arc de Triomphe. Dimanche, sur la piste, le pur-sang faisait partie du peloton de tête. Mais il a soudain ralenti, perdu le rythme de ses foulées, eu l’air désorienté, et s’est arrêté. Le jockey qui le montait, le Britannique William Buick, a dû le ramener au box, où il est mort peu de temps après. Il aurait été victime d’une rupture d’anévrisme, selon ce qu’a communiqué son entraîneur, Adrien Fouassier, à France Bleu Mayenne.

Des chiffres jalousement gardés

Une autopsie devrait confirmer ou infirmer cette supposition, tandis que, toujours selon Adrien Fouassier, l’hypothèse d’un dopage était d’office écarté par les prélèvements effectués avant la course. La mort d’Haya Zark est-elle seulement la faute à pas de chance ? Pas exactement, pour la responsable de la communication de l’association de protection animale Peta France, Anissa Putois : «C’est une industrie qui pousse les chevaux à bout. Ce sont des animaux qui sont souvent sujets à des blessures, à des arrêts cardiaques, à des problèmes pulmonaires…»

Les cas de chevaux morts pendant ou après une course, euthanasiés après s’être blessés par exemple, sont en effet nombreux, même si les chiffres sont jalousement gardés. En 2019, en France, 135 chevaux avaient trouvé la mort pendant une course, selon une enquête menée en 2021 par Libération. «Malheureusement, quand on est une association de protection animale, c’est quelque chose qu’on voit assez souvent», se désole Anissa Putois, qui souligne que pour un cas ultra-médiatisé comme celui d’Haya Zark, des dizaines d’autres ne le sont pas. Au Royaume-Uni, où les courses hippiques sont encore plus populaires qu’en France, le site Race Horse Death Watch, géré par l’association de défense des animaux Animal Aid, a compté près de 2 800 morts de chevaux de course en dix-sept ans, un chiffre qu’elle juge inférieur d’environ 30 % au total réel. Pour le seul mois de septembre 2024, le chiffre s’élève à 10 morts.

Un cheval, «c’est comme une voiture»

Le 29 mai 2023, déjà à l’hippodrome de Longchamp, un cheval qui venait de se blesser à la patte pendant une course avait été euthanasié sur place, derrière des bâches déployées pour cacher la scène au public. Sa mise à mort avait fait l’objet d’une enquête du média Vakita, lancé par Hugo Clément, mettant en doute la version selon laquelle sa blessure n’était pas soignable. Un cheval, répondait son entraîneur à Vakita, «c’est comme une voiture. Je suis le chauffeur, mais s’il y a un accident, s’il faut changer les pneus, c’est le propriétaire qui décide».

«Les chevaux de course sont vus comme des objets, abonde Anissa Putois. Et utilisés pour faire du profit. On commence à les dresser quand ils sont bien trop jeunes et que leurs os ne sont pas encore entièrement formés, donc ils sont beaucoup plus susceptibles d’avoir des fractures. On les prive souvent de ce qui est naturel pour eux, on ne les met pas dans les champs pour “éviter qu’ils se fassent mal”…» Pour lutter contre une «industrie qui exploite les chevaux jusqu’à ce qu’ils ne valent plus rien», Peta milite notamment pour l’abandon des disciplines équines aux Jeux olympiques – et a obtenu gain de cause pour le pentathlon moderne des JO de Los Angeles, en 2028.

La société France Galop, organisatrice du prix de l’Arc de Triomphe, a quant à elle réagi à la mort d’Haya Zark dans un communiqué : «La perte d’un cheval est toujours un drame. Nous déplorons ce triste événement et nous nous associons à la douleur et à l’émotion de tout l’entourage du cheval, et en particulier de ses propriétaires Odette Fau et Georges de La Rochebrochard.»

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