L’incroyable histoire du Ballon d’Or France Football Adidas de Diego Maradona connaît un nouveau rebondissement. La vente aux enchères de ce trophée remis au meilleur joueur de la Coupe du monde 1986, prévue le 6 juin à Paris, pourrait être suspendue, et l’objet saisi par la justice. C’est en tout cas ce que réclament les cinq héritiers du Pibe de Oro – sous l’impulsion de ses deux filles Dalma et Gianinna -, qui ont mandaté un cabinet d’avocats français le 8 mai, deux jours après l’article de France Football publié sur notre site.
« On va demander le plus vite possible au président du tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine) d’ordonner une mesure conservatoire pour retirer le trophée de la vente organisée le 6 juin par la maison Aguttes », nous confirme Gilles Moreu, représentant du cabinet parisien Paradox Avocats. « L’objectif de notre démarche au civil est de suspendre la vente et de séquestrer le trophée, ce qui signifie qu’un huissier le conserverait jusqu’à ce que la justice statue sur sa propriété », poursuit Lola Chunet, avocate pour le même cabinet.
La bonne foi d’Abdelhamid B. remise en cause
Remis le 13 novembre 1986 au cabaret du Lido, à Paris, ce Ballon d’Or France Football Adidas a ensuite été placé dans un coffre de banque à Naples. Mais cette même Banca della Provincia a été braquée le 26 octobre 1989. « La famille considère que ce Ballon d’Or a été volé dans des circonstances particulièrement violentes et délicates, et elle n’avait pas connaissance de la détention de l’objet par la personne qui souhaite le vendre. »
Abdelhamid B. en l’occurrence, un ancien galeriste de 58 ans ayant eu la main heureuse en salle de ventes, le 28 janvier 2016. Ce dernier assure ne pas avoir su avant son achat que le Ballon d’Or avait été volé. Un principe de bonne foi en vertu duquel le droit français reconnaît sa propriété.
Or, c’est justement ce point de droit que les avocats du clan Maradona se préparent à attaquer. « On est très perplexes à l’idée que ce monsieur ait trouvé par hasard ce Ballon d’Or en voulant faire un cadeau à son beau-père, tance Gilles Moreu. Il aurait essayé de contacter Diego Maradona mais aucun de ses enfants n’en a entendu parler, ni aucun de ses avocats. On veut donc éviter que le trophée soit vendu sur le territoire français, alors qu’il y a un doute réel sur son détenteur. »
Alerté mardi soir, Abdelhamid B. ne montre pas d’inquiétude. « C’était une étape prévisible et attendue, nous a-t-il indiqué. Cependant, les circonstances de mon achat étant transparentes, cela ne devrait pas être un obstacle juridique. Je ne me suis jamais caché. Les avocats disent qu’il n’était pas si compliqué de joindre Maradona, mais c’était tout simplement impossible. Personne ne me croyait quand je disais que je possédais un Ballon d’Or, alors il était impossible d’imaginer arriver jusqu’à Diego. Sans ma modeste participation, ce trophée serait tombé dans l’oubli. J’ai remis la lumière sur ce qui est plus qu’une légende : un sceptre ! » Il reste désormais à savoir ce qu’en pense la justice. Et si la vente du 6 juin aura bien lieu.