Décidément, les élections législatives surprises ne font pas que des heureux. Alors que les listes de candidats sont maintenant claires, la French Tech redoute de perdre en compétitivité si les cartes politiques sont rebattues.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017, les start-up tricolores ont connu un essor fulgurant. Portées par des financements croissants et un interventionnisme étatique assumé, elles ont attiré des talents du monde entier et se sont lancées à la conquête des marchés étrangers. Mais aujourd’hui, face à l’incertitude politique, c’est l’heure des comptes.
“Sans les ingénieurs et développeurs venant d’Inde, du Maroc, d’Algérie, d’Ukraine, de Syrie, d’Ouzbékistan, des Philippines ou des Etats-Unis, nos entreprises se priveraient d’une richesse, d’une source d’innovation et de diversité, indispensables à notre compétitivité”, alerte Maya Noël, dirigeante de France Digitale (une association de défense des intérêts des start-up) dans Les Échos. Une déclaration qui vise clairement le Rassemblement National dont le programme prévoit une politique d’immigration très sélective.
Or, pour maintenir leur rythme de croissance, les pépites françaises ont besoin d’attirer les meilleurs profils, où qu’ils se trouvent. Le French Tech Visa, un dispositif simplifiant le recrutement de talents étrangers, a ainsi rencontré un vif succès, en particulier dans des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle où la France excelle.
Mais les inquiétudes de la French Tech vont au-delà des frontières hexagonales. Maya Noël met aussi en garde contre un potentiel isolement de la France à Bruxelles. “Sans marché unique européen, sans libre circulation des biens et des services, nos entreprises ne seraient que de brillantes idées technologiques sans client ni impact dans le monde.”
Car pour devenir des géants, les start-up françaises doivent rapidement prendre une envergure continentale. C’est dans cette optique qu’elles multiplient les acquisitions en Europe, à l’image de Doctolib (e-santé) qui a racheté des rivales en Italie et aux Pays-Bas, ou encore la fintech Qonto qui a mis la main sur l’allemand Penta. Une stratégie encouragée par leurs investisseurs étrangers, qui rêvent de voir émerger des champions européens made in France.
Peur d’un Frexit
Mais cet appétit de conquête pourrait être douché par un repli sur soi de l’Hexagone. Si les craintes de la French Tech semblent surtout tournées vers le Rassemblement national, dont les positions radicales sur l’immigration sont pointées du doigt, c’est bien la perte de la majorité présidentielle qui cristallise toutes les angoisses.
Car sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens pour doper son écosystème tech, entre un accompagnement sur-mesure via Bpifrance, une ribambelle de programmes dédiés et un accès privilégié aux plus hauts cercles du pouvoir. Un interventionnisme qui a porté ses fruits, mais qui pourrait brutalement prendre fin en cas d’alternance.
Face à cet avenir incertain, la French Tech retient son souffle. Au-delà des enjeux électoraux, c’est bien la place de la France dans la compétition technologique mondiale qui se joue. Sans un écosystème dynamique et ouvert sur le monde, pas sûr que les prochains géants de la tech voient le jour entre la Seine et la Garonne.
- La dissolution de l’Assemblée nationale inquiète fortement la French Tech à l’approche des législatives
- Les start-up françaises craignent de perdre en compétitivité, notamment dans leur capacité à attirer des talents étrangers
- Elles redoutent aussi un isolement en Europe qui freinerait leur développement international
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