Au golf national à Saint-Quentin-en-Yvelines,
Une mini-haie d’honneur et quelques checks dans les mains des spectateurs. Un spectacle rare au golf et encore moins en plein parcours. C’est pourtant la parenthèse que s’est offerte le numéro un français en plein jeu, entre les trous 13 et 14. Matthieu Pavon a reçu un accueil digne d’une rock star ce jeudi au golf national, dans les Yvelines, pour la première journée de compétition de golf aux Jeux olympiques.
Quelques heures plus tôt, à midi, le compétiteur avait commencé son parcours sous les hourras du public, ovationné dès qu’il est apparu au départ. Descendant ensuite en serrant les mains des supporteurs français, Matthieu Pavon est reçu sous une Marseillaise lancée par un spectateur et reprise en chœur par le public massé sur la butte pour le voir frapper son premier coup.
Victor Perez a aussi ses suiveurs
Partant en même temps que lui, le Britannique Matt Fitzpatrick, vainqueur de l’US Open en 2022, et l’Américain Collin Morikawa, vainqueur du British Open en 2021, reçoivent des applaudissements chaleureux mais moins nourris. Des spectatrices venues d’Outre-Atlantique agitent bien un drapeau à la bannière étoilée à la vue de Collin Morikawa, mais c’est sans conteste Matthieu Pavon qui l’emporte à l’applaudimètre.
Même les téléphones portables sont de sortie, alors qu’ils étaient plutôt dans les poches des gens pour le départ du trio précédent, composé tout de même de Xander Schauffele, star américaine de la saison et médaille d’or à Tokyo en 2021, Viktor Hovland, Norvégien ex-numéro 3 mondial, et l’Espagnol Jon Rahm, ex-numéro 1 mondial chez les amateurs et les pros. Tout le monde veut immortaliser ce coup, qui, l’espèrent-ils, portera chance au Français. Matthieu Pavon s’est créé un prénom en janvier en devenant le premier Français à remporter un tournoi sur le circuit professionnel aux Etats-Unis (PGA).
« La Marseillaise, c’était magique, se souvient Redah, venu en famille de Dijon et croisé sur le parcours. Il fait chaud, mais il y a une super ambiance, on a l’impression d’être dans un stade de foot. » Ce qui ne dépayse pas Matthieu Pavon, fils de Michel capitaine des Girondins de Bordeaux champions de France 1999. Son beau-frère Eric s’est levé aux aurores pour être là au début de la compétition, à 9 heures, afin d’encourager le deuxième Français engagé dans la compétition. C’est en effet Victor Perez qui a eu l’honneur d’ouvrir cette première journée, aux côtés de l’Allemand Matthias Schmid et du Taïwanais Pan Cheng-tsung.
Transhumance pour suivre Matthieu Pavon
Voir deux Français alignés, c’est le rêve pour cette autre famille, originaire elle de Dordogne. Les enfants, Raphaël et Paul, agitent des drapeaux tricolores sur lesquels ils ont collé la tête des deux héros du jour. La famille a trouvé un point de vue imprenable le long du parcours vallonné. Malgré l’affluence, le public s’étale le long des buttes, sans bousculade, et chacun trouve un endroit où encourager un des soixante participants. « Je sais qu’il y a une petite polémique entre la fédé et le CIO au sujet du nombre de spectateurs, mais on a plutôt une bonne vue, on peut facilement voir les joueurs », lance Romain, le père.
Entre chaque coup de Matthieu Pavon, une partie du public le suit, occasionnant une transhumance dans le calme, même si un animateur de centre aéré, inquiet de voir arriver des dizaines de personnes en même temps, recompte les enfants dont il est responsable.
A chaque coup, c’est le même rituel qui accueille le Français : « Allez Matthieu », lancent des spectateurs. Puis c’est le silence, la foule frissonne et les « ho » « ha » d’encouragement ou de déception retentissent en fonction de la trajectoire de la balle. Les coups de ses adversaires américains et britanniques sont aussi salués par la foule française, fair-play et ravie de voir les plus grands joueurs après avoir déboursé seulement 24 euros (la deuxième catégorie de places, donnant accès à une tribune, est à 75 euros).
L’après-midi se corse pour les joueurs : une brise se lève, bienvenue pour les spectateurs qui sont sous un soleil de plomb depuis le matin, mais qui relève la difficulté pour les compétiteurs. En fin de journée, la pluie vient cueillir Matthieu Pavon alors qu’il est au 18e et ultime trou. Après cette interruption en raison de la météo, le Français finit 42e, dans le par. Victor Perez, lui, se classe 29e. Tous deux ont encore trois jours de compétition pour espérer faire retentir La Marseillaise sur le podium dimanche, avant de laisser la place aux Françaises Céline Boutier et Perrine Delacour du 7 au 10 août.