Le journal de bord d’une Paris Fashion Week magique

Le journal de bord d’une Paris Fashion Week magique

Après une saison milanaise en demi-teinte, la fashion week de Paris qui célèbre ses 50 ans a tenu ses promesses, malgré le ralentissement économique du secteur. Ces derniers mois, le luxe a montré des signes de faiblesse, illustrés par le chiffre d’affaires en baisse de plusieurs maisons. Si les mastodontes de l’industrie affichaient jusqu’alors des bénéfices record, montrant une relative insensibilité aux crises, les perspectives semblent désormais moins idylliques. Au cœur des inquiétudes : la contraction des marchés chinois et américains, qui ont largement alimenté la croissance de cette dernière décennie.

Cette évolution laisse présager des changements de stratégie. Mais, pour l’heure, la prise de risque n’est pas au rendez-vous. La formule de cette fashion week demeure inchangée : grands raouts, convois de stars internationales, concerts de klaxon et barrières de sécurité à l’entrée des shows filmés par une armée de smartphones. Il s’agit toujours de miser sur une ultravisibilité médiatique pour gagner la bataille des algorithmes. La machine à créer du rêve continue de déplacer les foules et, malgré les défis auxquels l’industrie est confrontée, la saison a été marquée par un certain optimisme et de bonnes surprises.

Lundi 23 septembre

Julie Kegels.

C’est sous une pluie battante et des rafales de vent que Victor Weinsanto a ouvert les festivités, sur la terrasse du Centre Pompidou, au restaurant Georges, où se tenait son show à l’heure du goûter. Les invités abandonnent leur siège ruisselant et se rassemblent sous les grands parasols qui font office de parapluies géants pour regarder passer les silhouettes. L’improvisation est de mise et l’ambiance bon enfant. Cela tombe bien, c’est tout le thème de la collection Cauchemar in the kitchen, inspirée d’une forme de chaos joyeux. L’heure est à la débrouille pour les créateurs émergents qui sont les plus touchés par le ralentissement du secteur.

Connu pour son sens de la théâtralité, Victor Weinsanto, designer alsacien de 30 ans, a dévoilé des pièces plus commerciales que la saison passée – combinaisons en mesh imprimé, pardessus et tailleurs à rayures tennis, tops gaufrés – sans se départir d’une dose de drama avec des tenues couture assez grandioses, à l’image de ce chapeau large de plus de 2 mètres.

A l’ouest de Paris, à deux pas de la rue Mallet-Stevens et des maisons La Roche et Jeanneret que fit bâtir Le Corbusier dans les années 1920, la résidence de la Muette est un ensemble d’habitat collectif monté sur pilotis : un bijou architectural des années 1950. C’est là qu’a donné rendez-vous Julie Kegels, à 18 h 30. De part et d’autre de la piscine centrale de la résidence, visible de la rue, des chaises ont été installées et la lettre d’adieu de la créatrice anversoise à un amour d’été californien est distribuée.

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