Cent vingt-sept missiles et 109 drones, c’est, selon l’état-major ukrainien, l’ampleur de l’attaque russe qui s’est produite hier à Kiev et dans une quinzaine de régions d’Ukraine. Selon Volodymyr Zelensky, c’est l’une des attaques les plus violentes depuis le début de l’invasion russe, il y a trente mois.
La cible : les infrastructures ukrainiennes, l’eau et l’électricité coupées dans plusieurs régions, et même un barrage hydro-électrique attaqué dans la région de Kiev. C’est un coup de plus porté aux infrastructures civiles du pays, qui risque de rendre l’hiver prochain difficile pour des millions d’Ukrainiens.
La réponse habituelle du Kremlin
L’ampleur de cette attaque, qui a saturé les défenses aériennes ukrainiennes insuffisantes, n’est pas surprenante. C’est la réponse habituelle du Kremlin à chaque initiative militaire de Kiev. Cette fois, c’est évidemment une riposte à l’affront de l’entrée des troupes ukrainiennes en territoire russe dans la région de Koursk, où elles tiennent toujours plus de mille kilomètres carrés.
L’armée russe n’a pas tenté de reprendre ce territoire, malgré les milliers de civils déplacés et l’embarras de la situation ; mais elle se venge littéralement en utilisant sa supériorité aérienne.
L’info de France Inter
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Disproportion des moyens
Le président Zelensky a une nouvelle fois plaidé hier pour que les Occidentaux livrent à l’Ukraine les matériels les plus sophistiqués qui lui manquent encore, et, surtout, qu’ils lèvent les restrictions à l’utilisation de ceux dont ils disposent.
L’Ukraine a le sentiment de mener un combat existentiel avec de nombreux handicaps. Il y a ceux de la disproportion des moyens entre l’immense Russie et la plus modeste Ukraine. Mais il y a aussi ceux que lui imposent les Occidentaux, toujours inquiets de la réaction russe.
L’Ukraine n’a pas totalement la main sur les armes dont elle dispose, en particulier lorsqu’il s’agit de frapper le territoire russe. Les attaques ukrainiennes qui se sont multipliées contre des installations russes sont menées avec des drones fabriqués en Ukraine, une industrie de défense très efficace.
Crainte d’une troisième guerre mondiale
Pourquoi ces restrictions ? La réponse nous est fournie dans un livre tout juste publié par David Sanger, le spécialiste des questions de défense du New York Times. Dans New cold wars, il écrit que l’administration Biden redoute toujours que Zelensky ne l’entraine dans une troisième guerre mondiale. Une crainte que Joe Biden avait publiquement exprimée à la veille de l’invasion russe, et qui ne l’a jamais abandonné.
Frustration ukrainienne contre prudence occidentale, c’est une constante depuis deux ans et demi, malgré l’escalade ininterrompue des livraisons de matériel sans cesse plus sophistiqué. Dernier en date, les avions de combat F16 qui sont finalement arrivés en Ukraine, après de longues hésitations.
L’Ukraine a assurément amélioré sa situation par rapport au début de l’année, lorsque son armée manquait tout simplement d’obus. Mais la course de vitesse entre Russes et Ukrainiens sur les différents terrains d’affrontement n’est pas gagnée, surtout si l’hypothèse d’un règlement négocié s’impose.
Le moral des civils pilonnés hier par les missiles et drones russes fait assurément partie de l’équation ; Vladimir Poutine leur impose d’infinies épreuves pour les faire plier.
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