En plus d’un contexte économique et géopolitique déjà tendu, la situation politique actuelle de la France ne joue pas en faveur de l’écosystème des startups. « La situation est vécue avec effarement, alors que le niveau de confiance dans la politique industrielle de la France n’était déjà pas très bon comme le soulignait un baromètre que nous avons publié récemment. Ce nouvel épisode continue à nous fragiliser encore un peu plus et envoie de mauvais signaux aux potentiels investisseurs étrangers » confesse Jean-Philippe Thierry, vice-président de Start Industrie.
Ce que confirme Maya Noël, directrice générale de France Digitale : « créer une entreprise innovante nécessite des fondamentaux comme le talent bien évidemment, l’écosystème pour l’aider à grandir, autant de points dont la France a la chance de bénéficier, mais aussi de la confiance, qui est perturbée actuellement, tant que les règles ne sont pas fixées notamment sur les exonérations de charges l’année prochaine ».
L’urgence de la nomination du Premier ministre
L’enjeu actuel semble moins porter sur le nom du Premier ministre et sa couleur politique que l’urgence de sa nomination, par exemple parce qu ‘« aucune signature n’est possible dans le cadre de France 2030, car il est le seul habilité à le faire » rappelle-t-elle. « Notre position restera la même : nous travaillerons avec tous ceux en mesure de faire bouger les lignes favorablement en appelant à la responsabilité et en rappelant qu’il n’est jamais bon de sacrifier l’avenir au présent, car notre capacité à innover est une chance pour la France » souligne d’ailleurs Jean-Philippe Thierry.
Une chance que bons nombres de députés et sénateurs ont compris comme en témoigne l’amendement déposé par 20 députés de 6 groupes parlementaires différents en faveur des startups dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. « Les discussions parlementaires sur le PLF et le PLFSS avaient secoué tout le monde, même si la copie finale qui se dessinait présentait des pistes presque audibles, bien que douloureuses, pour l’écosystème des start-up industrielles, dans une logique d’effort collectif pour rétablir la situation financière de la France » concède Jean-Philippe Thierry.
La nécessité d’accélérer et d’investir dans l’innovation
« Les économies sont nécessaires mais il faut bien comprendre tous les effets de bord que ça engendre. Dans la première version proposée du PLFSS la suppression du JEI devait permettre une économie de 450 millions d’euros mais dans la réalité cela équivaut à se tirer une vraie balle dans le pied avec des recrutements en moins dès 2025 et à moyen terme une perte de compétitivité néfaste pour la croissance du pays et donc la réduction de la dette » ajoute Maya Noël.
Un message semble-t-il bien compris par Paul Midy, député de l’Essonne qui avait d’ailleurs été chargé par le Gouvernement en janvier 2023 d’une mission sur le soutien à l’investissement dans les startups : « les aides à l’innovation déjà en place en 2024 (JEI, CII, CIR) seront reconduites à court-terme l’an prochain, mais il y aura une nouvelle discussion budgétaire en début d’année. Je serai vigilant et je porterai la nécessité d’accélérer et d’investir dans l’innovation, comme l’a rappelé le président de la République Emmanuel Macron dans son allocution aux Français ». Du côté des startups en tout cas, « nos entrepreneurs sont déterminés, résilients et restent concentrés sur la réalisation de leurs projets et sur le respect de leurs engagements, et c’est ça le plus important » a tenu à rappeler Jean-Philippe Thierry.