C’est l’autre menace, plus pernicieuse, qui pèse sur l’organisation des Jeux olympiques : les campagnes de déstabilisation politique pour le compte d’États étrangers. La France est particulièrement attentive aux actions hostiles de la Russie, accusée de vouloir nuire à l’évènement sportif, et même ternir l’image du pays, en raison de son soutien affiché à l’Ukraine dans la guerre à l’Est. Une affaire rare mais aussi gravissime vient de confirmer les risques d’ingérences étrangères pendant les JO.
Selon nos informations, un ressortissant de nationalité russe de 40 ans a été mis en examen ce mardi soir pour « intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités en France » dans le cadre d’une information judiciaire sensible ouverte par le parquet de Paris. Il a été placé en détention provisoire.
Le suspect avait été interpellé dimanche par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et placé en garde à vue. Les services de renseignements intérieurs travaillaient depuis plusieurs jours sur cet homme, né en Russie, et ont décidé de déclencher une visite domiciliaire — sorte de perquisition administrative — à son appartement parisien à l’approche de la cérémonie d’ouverture.
« Un projet de grande ampleur »
Selon une source proche de l’enquête, à cette occasion, les agents ont découvert « des éléments qui laissent penser qu’il préparait des opérations prorusses de déstabilisation de la France pendant les Jeux olympiques ». Une autre source évoque « un projet de grande ampleur », dont les conséquences auraient pu être « sérieuses ». Il n’est toutefois pas question, à ce stade, de projet d’attentat, raison pour laquelle l’enquête est ouverte sous une qualification de contre-espionnage et non de contre-terrorisme.
La menace a été prise suffisamment au sérieux pour que les résultats de cette visite domiciliaire soient transmises à la justice en vue de l’ouverture d’une enquête. Les investigations, sous l’égide d’un juge d’instruction spécialisé, doivent désormais préciser l’ampleur et le contour précis de ce projet d’action hostile pendant les Jeux.
Dans le cadre de la compétition internationale, les services de l’État ont procédé à plus d’un million de contrôles parmi les bénévoles, travailleurs et autres personnes impliquées dans l’organisation. Ces « passages au crible » de ces profils pour déceler les antécédents ont permis d’écarter 5 000 personnes dont 1 000 suspectées d’ingérence étrangère. « Nous pouvons parler d’espionnage », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en ciblant particulièrement la Russie. Nous sommes là pour nous assurer que le sport ne soit pas utilisé à des fins d’espionnage, de cyberattaques ou pour critiquer et parfois même mentir sur la France et les Français ». Mains rouges et étoiles de David taguées dans les rues de la capitale, fausses vidéos d’informations ou encore diffusion de fake news sur les réseaux sociaux : depuis plusieurs mois, des campagnes de déstabilisation, dont la France soupçonne Moscou d’être à la manœuvre, ont été identifiées en France.