C’est une nouvelle journée très importante dans l’histoire récente des Girondins de Bordeaux. Ce mardi matin, le club est de retour devant la DNCG pour une nouvelle audition capitale afin d’apporter des éléments supplémentaires à l’instance sur l’avenir des Marine et Blanc. Un contexte habituel pour les dirigeants bordelais depuis quelques saisons sauf que cette fois-ci, ils ne sont pas seuls.
Comme l’a révélé France Bleu Gironde, Gérard Lopez, le propriétaire et président des Girondins de Bordeaux est en effet entré en discussions exclusives ces derniers jours avec un grand groupe américain spécialisé dans le sport pour un rachat du club. Selon nos informations, il s’agit du Fenway Sports Group. Une société déjà propriétaire des Red Sox de Boston en baseball (MLB), des Penguins de Pittsburgh en hockey-sur-glace (NHL) et surtout du Liverpool FC en football (Premier League). C’est donc du très sérieux.
Un acheteur très crédible
Très sérieux, au point qu’une délégation américaine accompagne depuis 10 heures ce mardi matin les dirigeants bordelais devant le gendarme financier du football français. Trois représentants de FSG ont fait le voyage depuis Boston en ce début de semaine. Deux dirigeants et l’un des avocats du groupe. L’objectif, pour eux, est de se présenter devant la DNCG et de faire part de leur volonté de racheter le club. Pour les Girondins de Bordeaux, il s’agit de rassurer l’instance sur l’avenir des Marine et Blanc avec une solution concrète pour financer la saison prochaine.
La seule évocation du nom de cet investisseur pourrait d’ailleurs tranquilliser certains de ses membres. Le Fenway Sports Group n’est pas le premier venu. Loin de là. Il est tout simplement à la tête de très grands clubs de sport dans le monde, dont l’un des plus prestigieux clubs de football avec les Reds. Et surtout, le palmarès de ces différentes équipes semble prouver qu’il y a un très grand savoir-faire au sein de ce groupe. Pour la petite histoire, l’un des associés du groupe n’est autre que la méga-star du basket-ball, LeBron James. Son fondateur et principal actionnaire est John Henry. Il fait partie des 600 personnes les plus riches du monde avec une fortune estimée à plus de 5 milliards de dollars selon Forbes. Et pour dire à quel point le dossier semble sérieux, il a même participé à certaines réunions ces derniers jours.
Des négociations toujours en bonne voie
Où en sont les négociations ? Elles continuent d’avancer très vite entre Gérard Lopez et les Américains. Pour rappel, l’option de la vente n’était pas la piste prioritaire au départ. Elle ne date que d’une grosse dizaine de jours. Aujourd’hui, la due diligence (audits) est finie. La semaine dernière, une délégation de FSG était venue visiter les installations du Haillan et du Matmut Atlantique avec notamment la présence de Julian Ward, le directeur technique du groupe et ancien directeur sportif de Liverpool. Et il existe aussi depuis quelques jours un term-sheet (lettre d’intention) entre les deux parties.
En revanche, il n’y a toujours pas d’offre “binding” (ferme et définitive) de la part du Fenway Sports Group. Les négociations se poursuivent sur le plan financier. Aucun chiffre n’a pour l’instant filtré, à part le fait que les Américains couvriraient dans un premier temps les 42 millions d’euros nécessaires pour repartir pour une saison en Ligue 2. Reste à savoir quelle proposition ils feront à Gérard Lopez pour lui racheter la majorité de ses parts. C’est un point important à régler. Il est en effet prévu que l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois reste au sein du club comme actionnaire minoritaire avec une fonction plus ou moins opérationnelle.
Selon son entourage, l’actuel propriétaire et président des Girondins souhaite aussi être le garant de la place des Marine et Blanc dans la galaxie des clubs de FSG. Il l’a toujours répété, il ne vendra pas le club à un acheteur qui souhaite en faire un club satellite. Il avait d’ailleurs refusé il y a plus d’un an une très grosse offre de BlueCo, propriétaire de Chelsea, qui s’est finalement tourné vers Strasbourg. Si tout se passe bien, les deux parties espèrent un closing (finalisation de la vente) sous une dizaine de jours.
L’option du prêt avec Sixth Street au point mort
En parallèle de ce dossier, la piste de l’arrivée d’un actionnaire minoritaire est au point mort aujourd’hui. Les négociations sont à l’arrêt entre Gérard Lopez et un fonds d’investissement américain. Selon nos informations, il s’agit de Sixth Street. Ce fonds, aussi implanté dans le sport, est l’un des actionnaires minoritaires du FC Barcelone ou des San Antonio Spurs (NBA) Il est notamment soutenu dans son projet par l’un des plus gros “family fund” du monde et s’appuie sur un établissement financier spécialisé dans la “fintech”, Clear Street, pour structurer son offre. Celle-ci s’élève à un peu moins de 100 millions d’euros sur six ans sous forme de dette.
Si, là aussi, il existe un term-sheet entre les deux parties, les discussions n’iront pas plus loin pour le moment. Pourquoi ? Tout simplement parce que le fonds d’investissement a demandé du temps alors que la situation est assez urgente et surtout, le fiasco des droits TV dans le football français bloque presque tout engagement pour Sixth Street. En effet, à la lecture des derniers chiffres qui circulent, les pertes s’annoncent énormes pour les clubs. Avec un investissement de départ pour le fonds américain qui ne servirait qu’à couvrir les pertes de droits TV chaque saison, sans même parler du déficit structurel du club et des moyens pour le mercato. Cela peut faire très peur à un investisseur contrairement à un acheteur de la dimension de Fenway Sports Group.
Tout de même rétrogradé ?
Que peut-il maintenant se passer devant la DNCG ce mardi ? La présentation d’un acheteur solide et sérieux va-t-elle permettre aux Girondins de Bordeaux d’éviter la rétrogradation administrative en National ? C’est impossible à dire. Une chose est sûre, le club s’engage aujourd’hui dans un nouveau processus avec l’instance. Il ne s’agit plus d’une présentation des comptes, mais bien d’une possible cession du club. C’est pour cette raison qu’il ne s’agit plus d’envoyer des documents à la DNCG mais de participer à une nouvelle audience en présentiel avec toutes les parties.
Comme à son habitude, le gendarme financier risque de demander des preuves de fonds. Et ils ne devraient pas être là à ce stade de la négociation avec l’acheteur. Mais la réputation de ce dernier, les discussions concrètes entre les deux parties et les documents qui seront remis par les Américains pourraient jouer en faveur des Girondins pour obtenir un nouveau délai afin de finaliser la transaction. Si rétrogradation il y a, le club fera de toute manière appel et aura deux semaines supplémentaires pour finaliser la vente. Enfin, dans le pire des cas, c’est-à-dire un échec du dossier, l’entourage de Gérard Lopez répète que l’homme d’affaires et ses associés de Jogo Bonito couvriront le trou pour repartir pour une nouvelle saison via un nouvel apport de cash ou un prêt fait au club…