Après quinze années de Vincent Collet, l’équipe de France de basket va donc découvrir une nouvelle figure à sa tête. Frédéric Fauthoux (51 ans), coach de Bourg-en-Bresse, a été nommé officiellement sélectionneur pour les quatre prochaines années, ce mercredi, lors d’une conférence de presse organisée au siège de la Fédération à Paris. « Je lui souhaite le même chemin que Vincent, la même réussite, la même longévité, l’a accueilli le président Jean-Pierre Siutat. Il a été assistant avec nous chez les jeunes, ensuite il a suivi son chemin, développé expertise. Il a la capacité de faire un très bon travail avec nous. »
Une évidence pour la Fédération
Le nom de l’ancien meneur de jeu international (47 sélections entre 1997 et 2005) a rapidement fait l’unanimité. Certains coachs étrangers, notamment espagnols, ont été proposés à la Fédération, mais cette dernière a coupé court. Avant même d’être complètement certains que Collet s’arrêterait après la médaille d’argent remportée aux JO, le Directeur technique national Alain Contensoux et le manager général des Bleus Boris Diaw avaient défini le profil du successeur idéal. « On avait des critères : nommer un coach français, connaisseur du niveau international, qui est en capacité d’accompagner les jeunes à fort potentiel et avec un fort attachement à l’équipe de France, a détaillé le DTN. Nous sommes heureux du choix de Frédéric, qui coche toutes ces cases. »
Le choix de Fauthoux n’est une surprise pour personne, d’autant que le suspense était éventé depuis quelque temps. La seule incertitude concernait la composition de son staff. Laurent Vila, nouveau coach de Strasbourg, sera son premier assistant. Bryan George, spécialiste de la vidéo, est promu au rang de second assistant, tandis que Joseph Gomis conserve son rôle en charge du développement des joueurs.
Pascal Donnadieu rempile aussi, avec une casquette d’entraîneur-consultant pour apporter « son regard extérieur, son recul et son expérience de ses sept dernières années dans le staff des Bleus », précise le nouveau boss, avant d’ajouter : « On a privilégié la complémentarité, le liant entre tout le monde. C’est comme ça que j’aime travailler. »
Nouveaux cadres, nouvelle génération… et le cas Wemby
La mission de Frédéric Fauthoux n’est pas simple, après la réussite historique du règne de Collet, qui a fait monter les Bleus sur un podium international à huit reprises, dont un titre européen et deux médailles d’argent olympiques. Il faudra construire une nouvelle équipe, sans les tauliers du vestiaire Nicolas Batum et Nando De Colo mais avec une nouvelle génération emmenée par Zaccharie Risacher et Alexandre Sarr qui pointe le bout de son nez. Il faudra également accompagner la prise de pouvoir de Victor Wembanyama. Ça tombe bien, le nouveau sélectionneur était là lors de sa saison à l’ASVEL (2021-2022). De manière générale, il a croisé ces dernières années à peu près tous les joueurs qui vont constituer la base de la sélection pour la fenêtre qui s’ouvre jusqu’aux JO de Los Angeles.
« Pour Victor, c’était une saison un peu difficile mais très intéressante pour le connaître, voir comment il travaille, appréhender ses objectifs, ses envies d’homme. Zaccharie [également connu à l’ASVEL], c’était plus une responsabilité qu’il me donnait par rapport à ses attentes d’être amené très haut, détaille Fauthoux. La génération des Mathias Lessort et Guerschon Yabusele, je l’ai connue quand j’étais assistant de l’équipe de France U20. Donc on se connaît tous assez bien, maintenant il va falloir que la mayonnaise prenne. Ça, on ne le saura que sur le terrain. »
L’ancien meneur n’a pas peur, en tout cas, de la difficulté de s’émanciper de l’héritage Collet. « Ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. Moi, je veux accompagner cette nouvelle génération pour amener l’équipe de France à des sommets très hauts, et pour ça je vais apporter ma personnalité. » Que l’on sait plutôt sanguine. Est-ce qu’il faudra qu’il se canalise un peu pour entrer dans ce nouveau costume ? « Je ne suis pas très grand (1,80m), il m’a fallu du caractère pour m’imposer en pro dans cette forêt de géants répond-il en souriant. J’aime les gens, j’ai énormément envie de gagner, et des fois si les joueurs ne font pas ce qu’il faut, je leur dis fortement, mais pour l’intérêt général. Le tempérament peut ressortir parfois, mais quand je vois d’autres coachs dans d’autres pays, il y a de la concurrence. »
« Un basket où on marque des points »
Question identité de jeu, Fauthoux a déjà son idée, qui restera basée sur l’intensité défensive chère à son prédécesseur, mais en y ajoutant « le rêve d’un basket total, où on défend très dur mais où on marque des points ». Les équipes qui remportent des titres, ces dernières années, sont dans le top 3 des meilleures défenses mais inscrivent tout de même entre 85 et 90 points en moyenne, a-t-il noté. « On va essayer de proposer ça, suivant les joueurs que l’on aura à disposition aussi. » Ce qui, il le sait, reste aléatoire, entre les joueurs évoluant en NBA et ceux accaparés par l’Euroligue.
Son premier rendez-vous est fixé à fin novembre, avec deux matchs contre Chypre pour lancer la campagne de qualification à l’Euro 2025. « C’est là où l’on aura nos premières réponses », projette le nouvel homme fort des Bleus.