Va-t-on assister à un match de football, ou à un combat de MMA ce vendredi soir à Bordeaux (21 heures) ? Le quart de finale des Jeux olympiques de Paris 2024 entre la France et l’Argentine empeste en tout cas fort le sang. Comme n’importe quelles rencontres, ou presque, entre ces deux nations devenues ennemies depuis l’élimination de l’Argentine par Kylian Mbappé en huitièmes de finale en Russie en 2018.
Les Argentins ont bien eu l’occasion de se venger en remportant le Mondial 2022 au Qatar, après un scénario cruel pour les Bleus (3-3, 4-2 tab). Mais la victoire n’a pas suffi et la rengaine était visiblement trop présente pour l’Albiceleste d’Emiliano Martinez, et ses gestes aussi puérils qu’obscènes lors des célébrations.
« Tous les Français sont touchés »
La bêtise et surtout le racisme, sont même montés d’un cran depuis l’élection à la tête du pays de Javier Milei, en décembre 2023. Une libération de la parole raciste (ok on n’est pas les mieux placés), qui mène au soir de la Copa America lorsque les joueurs se sont filmés en direct sur les réseaux sociaux en reprenant un chant raciste, déjà entonnés par des supporteurs après le Mondial 2022 : « Ils jouent pour la France mais viennent d’Angola, ils vont bien courir, ils aiment baiser des trans, leur mère est nigériane, leur père est cambodgien mais sur le passeport : Français ».
Depuis, l’affaire a pratiquement causé un incident diplomatique et la rancœur est à son paroxysme entre les deux nations même s’il ne s’agit bien sûr « que » de l’équipe olympique. Il suffit d’écouter le buteur des Bleus contre la Nouvelle-Zélande, Jean-Philippe Mateta : « Avec ce qui s’est passé récemment, tous les Français sont touchés. On verra ce qui va se passer en quart. »
« Ça ne sert à rien d’envenimer »
Jeudi, en conférence de presse, le sélectionneur Thierry Henry a évacué la question plus vite qu’il n’enroulait les ballons. Et l’ambiance était plutôt à l’apaisement du côté des joueurs, comme pour le milieu Andy Diouf : « Il faut faire abstraction de tout ce qui se dit. Ça ne sert à rien d’envenimer les choses plus qu’elles ne le sont aujourd’hui. Tout le monde est au courant, on l’a vu mais on ne calcule pas trop ce qui se dit autour. Ça va être un match contre une grosse nation mais il n’y aura pas d’animosité. »
Pas d’animosité ? Tu penses ! Vu le nombre de fois où l’hymne argentin a été sifflé depuis le début de ces JO de Paris, comme lors du match entre l’Argentine et le Maroc (1-2), à Saint-Etienne, on a une petite idée de l’ambiance que nous réserve le Matmut Atlantique. Ça fait presque bizarre d’écrire ça. Même le Stade de France, et son ambiance de cimetière, s’était transformé en Bombonera pour la victoire des Bleus face aux Argentins en quart de finale du tournoi de rugby à 7.
La rumeur des barras bravas
En Argentine aussi, on s’attend à un accueil glacial pour leurs joueurs emmenés par l’expérimenté Javier Mascherano. Comme l’écrit très bien le quotidien sportif Olé : « Un nouveau chapitre de cette rivalité moderne s’ouvre ainsi. Il n’y a aujourd’hui pas de plus grand adversaire pour l’équipe nationale argentine que la France. Et encore plus lors de Jeux olympiques excessivement hostiles à nos athlètes. A Bordeaux, ils seront 11 contre 42.000, mais avec les encouragements de 45 millions ».
Une rumeur venue du pays de l’argent est pourtant venue accompagner la préparation de ce match. La Fédération argentine de football aurait décidé de faire voyager des milliers de barras bravas, des supporteurs des plus grands clubs argentins, réputés pour leur violence. Des terreurs dans leur pays, mais des agneaux à l’étranger comme lors de la Coupe du monde où ils avaient tant fait parler, pour rien. On aura de toute façon de quoi se faire une idée de l’intensité de l’événement avec un round d’échauffement au handball, avec un alléchant France – Argentine chez les hommes dès 11 heures. Et de se mettre en appétit.