Fibre optique en Essonne : des armoires à nouveau dégradées quelques mois après des travaux de remise en état

Fibre optique en Essonne : des armoires à nouveau dégradées quelques mois après des travaux de remise en état

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Ligne coupée régulièrement, connexion de mauvaise qualité, impossibilité de se raccorder, à Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), les dysfonctionnements de la fibre optique continuent de pénaliser environ 150 foyers. Mercredi 23 octobre 2024, Laure de la Raudière, présidente de l’Arcep (l’autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) s’est rendue sur place.

Un réseau qui était « particulièrement accidentogène »

Une visite en compagnie des représentants des opérateurs commerciaux (Free, SFR, Bouygues Telecom et Orange) pour évaluer l’impact des travaux réalisés par l’opérateur d’infrastructure Altitude Infra et constater l’état des ouvrages après la reprise de l’exploitation commerciale.

Certes, les travaux réalisés sur une partie des territoires de Cœur d’Essonne agglomération et de l’agglomération Paris Saclay, ont permis une remise en état d’une trentaine d’armoires abritant les points de mutualisation ainsi que celle des points de branchement optique. Ce qui a contribué à une amélioration de la qualité sur le réseau.

« Avant sa reprise par Altitude Infra, ce réseau était particulièrement accidentogène avec 10 à 50 fois plus de pannes que sur d’autres réseaux », rappelle Laure de la Raudière.

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Des ouvrages à nouveau dégradés quelques mois après les travaux

Néanmoins, l’impact des travaux n’a pas été durable. Quelques mois seulement après la fin des travaux, Altitude Infra constate à nouveau une dégradation rapide des ouvrages et pointe les interventions mal contrôlées des sous-traitants chargés par les opérateurs commerciaux de raccorder les particuliers et entreprises clients.

À Saint-Michel-sur-Orge, sur le point de mutualisation de la rue Jean-de la-Fontaine, la moitié des manipulations concernent des changements d’opérateurs.

S’il a été « nettoyé » par les opérateurs commerciaux et l’opérateur d’infrastructure, on aperçoit à l’intérieur quelques jarretières optiques débranchées qui n’ont pas été retirées de l’armoire par le technicien qui a procédé au raccordement.

« Plus il y a d’abonnés, plus il faut que le branchement soit rigoureux »

Autre problème détecté, cette fois-ci dans le branchement des jarretières, les techniciens ne suivent pas systématiquement les chemins prévus selon un code couleur précis.

« Quand ces jarretières mal placées sont entourées pas d’autres, il est impossible de les retirer pour ensuite les replacer correctement. Plus il y a d’abonnés raccordés, plus il faut que le branchement soit rigoureux », assure Jean-Baptiste Mouterde, directeur du patrimoine chez Altitude Infra.

Pour chaque jarretière mal positionnée, Altitude Infra peut enjoindre l’opérateur commercial de reprendre le branchement mal effectué par son sous-traitant dans un délai de 45 jours. Passé ce délai, Altitude Infra peut faire la manipulation et la facturer à l’opérateur.

Des armoires fracturées au pied de biche par des techniciens

Parfois, il arrive également que les techniciens dégradent les tiroirs sur lesquels sont branchées les jardinières optiques, en les laissant ouverts ou en prenant appui dessus.

Enfin, comme ailleurs, il arrive aussi que les poignées, les serrures et les tringleries de portes de ces armoires soient régulièrement fracturées au pied de biche par les techniciens peu scrupuleux. L’opérateur d’infrastructure doit fréquemment les remplacer.

Cela a été le cas pour l’armoire de Saint-Michel-sur-Orge. Rénovée en l’an dernier, elle commence à se dégrader selon Jean-Baptiste Mouterde et va ainsi faire l’objet d’une « remise en conformité probablement au premier trimestre 2025 ».

Des travaux de remise en conformité coûteux

Cela pose la question de la pérennité de ces infrastructures. On ne pourra pas avoir des 
rénovations qui sont systématiquement prises en charge par l’opérateur d’infrastructures. Le travail collectif débuté doit aller encore plus loin pour stabiliser le réseau et le rendre plus efficace.

Sophie Rigault
maire de Saint-Michel-sur-Orge et vice-présidente du Sipperec (syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication)

Les différents programmes de travaux (l’ensemble du réseau doit être rénové fin 2025) vont coûter 11,7 millions d’euros, financés par l’opérateur d’infrastructure et par le fonds de réinvestissement prévu à cet effet dans le contrat de délégation de service public.

Vers une expérimentation d’un nouveau mode de raccordement ?

Pour le Sipperec, la sous-traitance lors des raccordements “n’est toujours pas maîtrisée et reste aujourd’hui le principal facteur de la dégradation et du vieillissement accéléré des réseaux de fibre optique”.
Le syndicat souhaite ainsi que ce soit l’opérateur d’infrastructure délégataire, à savoir Altitude Infra qui se charge d’effectuer les raccordements (mode OI) et non les sous-traitants employés par les opérateurs commerciaux (mode STOC).
En ce sens, le Sipperec propose d’expérimenter sur les communes de Saint-Michel-sur-Orge et de Nozay le passage en mode OI avec l’ensemble des opérateurs commerciaux pour la réalisation des raccordements, la gestion des changements d’opérateurs et du service après-vente.
“On constate que, moins il y a d’intervenants dans une armoire, moins il y a de dégradation”, explique Jean-Baptiste Mouterde d’Altitude Infra.

Un outil de contrôle des techniciens qui reste limité

Bien que le sujet de la fibre ne soit pas une compétence communale, la maire de la ville a organisé en mars dernier une réunion publique sur le sujet durant laquelle 150 foyers ont fait état de problème d’accès à internet.

« Certains problèmes ont été résolus, d’autres pas et comme ça dure, nous prenons le taureau par les cornes pour que ce soit réglé », souligne Sophie Rigault rappelant qu’Altitude Infra s’est engagé à rappeler toutes les personnes qui s’étaient manifestées.

Il existe bien un outil pour identifier chaque technicien qui intervient sur une armoire, mais de l’aveu de Jean-Baptiste Mouterde, la visibilité est « relativement limitée » pour Altitude Infra et parfois aussi pour les opérateurs commerciaux.

Le souhait d’un réseau « aussi fiable que ceux d’eau et d’électricité »

Le chantier mené au sein de la filière vise à ce que les opérateurs commerciaux et les opérateurs d’infrastructures disposent des mêmes informations sur les interventions des techniciens. Ces derniers seraient ainsi plus contrôlés.

Laure de la Raudière

« Ce que nous voulons tous, et c’est ce qu’a rappelé la présidente, c’est un réseau fibre qui soit aussi fiable que nos réseaux d’eau ou d’électricité », insiste Sophie Rigault, qui comme d’autres élus du territoire, s’inquiète de la disparition du réseau cuivre historique à l’horizon 2030.

Un enjeu de fiabilisation important alors que le réseau fibre est amené à se développer avec la construction de quelque 70 000 logements en Île-de-France, prévus dans le cadre du nouveau Schéma directeur de la Région Île-de-France (Sdrif-e).

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