Systovi a fermé, mais Carbon a déposé une demande de permis de construire pour une usine à Fos-sur-Mer, Holosolis va fabriquer des panneaux PV en Moselle et d’autres acteurs se spécialisent sur des produits spécifiques.
Systovi, un fabricant français de panneaux photovoltaïques a annoncé l’arrêt de ses activités. Ce n’est pas une bonne nouvelle. La concurrence chinoise, et dumping forcené, est mise en avant. Il faut nuancer. L’industrie chinoise du photovoltaïque est la meilleure du monde. L’idée, selon laquelle la Chine fabrique en quantité des produits d’entrée de gamme à bas prix, est fausse en ce qui concerne le photovoltaïque depuis trente ans et depuis quinze ans au moins à propos de l’automobile.
Aujourd’hui, une bonne vingtaine de marques chinoisent proposent des panneaux photovoltaïques à la pointe de la technologie, du rendement et de la durabilité. Les industriels chinois, adossés à un marché national gigantesque et, c’est vrai, très largement soutenus financièrement par le gouvernement chinois, ont investi dans leur outil de production, mais aussi en recherche & développement. Ils sont déjà en avance dans l’emploi du pérovskite en couche mince sur des cellules en silicium cristallin. C’est la prochaine frontière technologique du photovoltaïque. Une fois franchie, elle donnera accès à des rendements dépassant 30 %. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras en Europe. Il existe deux marchés assez différents en photovoltaïque : les fermes au sol, le BIPV (Building Integrated PV), le photovoltaïque sur les bâtiments. Le savoir-faire et les coûts de production chinois seront sans doute difficiles à contrer en ce qui concerne les grandes installations au sol, sans mécanismes de protection du type taxe carbone aux frontières de l’Europe. En ce qui concerne le BIPV, c’est surtout une question d’analyse du marché, de bon choix de l’offre technique et les fabricants français ne sont pas si mal placés.
Deux giga-factories en projet en France
Commençons par le lourd.
Deux projets de construction de gigafactories – des usines capables de produire au moins 1 GW de panneau PV par an – sont en développement en France. En Moselle, à Hambach, près de Sarreguemines, HoloSolis veut construire une usine capable de produire 5 GW de panneaux photovoltaïques par an, soit 10 millions de panneaux PV/an, avec un investissement de 709 millions d’euros et jusqu’à 850 millions d’euros d’ici 2027. Ce sera la plus grosse usine d’Europe. Le 10 janvier 2024, la Commission Nationale du Débat Public a publié un avis estimant que l’enquête publique s’est déroulée correctement. Le début de la production est prévu en 2025. Il y aura sans doute du retard, mais la demande de permis de construire a été déposée par HoloSolis le 12 avril à Sarreguemines.
De son côté, Carboon a déposé la demande de permis de construire pour sa giga-usine le 18 avril auprès de la mairie de Fos-sur-Mer. Carbon veut produire à la fois des cellules et des panneaux PV sur 45 hectares d’installations industrielles sur le Grand Port maritime de Marseille-Fos, dont 24,5 hectares de surface de plancher (210 000 m² pour la production sur deux étages) qui accueilleront 3 000 emplois directs. Pour commencer, Carbon devrait fabriquer des panneaux TopCon et TopCon Back Contact avec métallisation sur une seule face de la cellule. C’est ce qui se fait de mieux aujourd’hui. Mais à l’horizon 2030, selon Pierre-Emmanuel Martin, le président-fondateur de Carbon, l’entreprise envisage de se lancer dans la production de cellules en tandem silicium-pérovskite : encore mieux. L’usine, dont le début de la construction devrait commencer en 2025, sera financée à 25 % par apport de capital (equity, disent-ils), 50 % de dette et 25 % de subventions, notamment à travers le crédit d’impôt industrie verte. Au total, 1,6 milliard d’euros seront investis.
En attendant, le principal fabricant de panneaux solaires français est Voltec Solar, installé à Dinsheim-sur-Bruche dans le Bas-Rhin. Après doublement de sa capacité de production en 2022 grâce à un investissement de 14,7 M€, l’usine peut produire un million de panneaux PV par an. © PP
Et les petits ?
Plusieurs fabricants français demeurent actifs. Le français S’TILE montrait à Energaïa 2023 sa nouvelle gamme GlasSee, des panneaux photovoltaïques dont la transparence varie de 20 à 40 %. S’TILE préconise GlasSee pour des façades, des murs rideaux, des ouvrants, des toitures de carport, etc. Le gammiste Sepalumic, concepteur, producteur et distributeur de systèmes de menuiseries en aluminium, utilise GlasSee à 20 % de transparence pour créer des garde-corps de balcons. S’TILE étudie aussi avec Sepalumic, la conception d’éléments de façades et de murs-rideaux photovoltaïques. Tandis que le verrier Pilkington utilise GlasSee pour proposer du verre photovoltaïque, voir des complexes double-vitrage photovoltaïques pour ouvrants et parties vitrées fixes.
On l’oublie souvent, mais le fabricant français historique Photowatt, désormais filiale d’EDF, existe toujours. © PP
Larivière, spécialisé dans la distribution de matériaux de construction, commercialise le panneau Luxiol, fabriqué par CréaWatt Fabrick à Pannes, dans le Loiret. Le panneau Luxiol pèse seulement 3,5 kg/m². Sa tenue au vent est validée par le CSTB qui a également certifié sa résistance au feu Broof T3. Le panneau est certifié par Certisolis. Il se fixe sur du bitume, du PVC, des bacs acier, etc. Sa puissance nominale est de 430 Wc, il bénéficie de 12 ans de garantie produit et de 25 de garantie de baisse linéaire de rendement, avec un rendement nominal initial de 19,4 %. © PP
De son côté, le marseillais DualSun est né de l’idée du panneau hybride : photovoltaïque en face supérieure, thermique en dessous. Le dernier né de DualSun, le DualSun SPRING4 est fabriqué en France, certifié Made in France (n° FR IMF 2019-198). L’échangeur thermique en sous-face est fabriqué dans l’usine DualSun dans l’Ain (01). Il est ensuite assemblé avec le panneau DualSun FLASH en partie haute. Le DualSun Flash est un panneau photovoltaïque fabriqué en Asie. L’usine de l’Ain est certifiée ISO 9001 et labellisée Industrie du Futur.
Pour 2024, selon Jérôme Mouterde CEO et co-fondateur de DualSun, l’entreprise étudie une offre photovoltaïque plug’n play à mettre en œuvre directement et de manière très simple par le client final. © PP
Edilians, le grand spécialiste de la terre cuite, fait fabriquer des tuiles photovoltaïques depuis 2002. Ses châssis d’emboîtement sont fabriqués en France. L’étanchéité de la toiture est obtenue par emboîture des tuiles. Les brise-soleils photovoltaïques et les tuiles Solaires Max sont assemblés sur le site Edilians d’Annemasse. Grâce à la formation des installateurs, mise en œuvre depuis 2003, la garantie d’étanchéité de la toiture est portée à 30 ans. Côté électrique, Edilians garantit 1 % de perte de rendement sur ses tuiles solaires pendant les 20 premières années. Leur puissance nominale est de 75 Wc pour la tuile Solaire Max noire et de 60 Wc pour la tuile solaire Max rouge brique. Le plus petit modèle de tuile solaire atteint 33 Wc. © PP
Sunstyle propose lui aussi une gamme de tuiles solaires en 870 nx 870 mm, soit une surface totale de 0,75 m² et une surface active de 0,67 m². Protégées par une feuille de verre trempé anti-reflet, elles sont composées de 24 cellules en silicium monocristallin et offrent des puissances nominales de 85 Wc pour la tuile grise et la tuile terracotta, 115 Wc pour la tuile noire.
Terreal propose également toute une gamme de tuiles photovoltaïques et vient de crééer un centre de formation à la pose de PV destiné aux couvreurs. Tout n’est pas noir du tout dans le photovoltaïque en France. © Terreal
Source : batirama.com / Pascal Poggi