Et si l’épisode Mbappé ne racontait rien de neuf sur le football ?

Et si l’épisode Mbappé ne racontait rien de neuf sur le football ?

A Clairefontaine,

Tout le monde a sauté dedans, tête la première, nous les premiers. Kylian Mbappé absent du prochain rassemblement des Bleus, le premier post-Antoine Griezmann. Un choix bilatéral controversé, qui a fait bondir jusqu’aux Irrésistibles français, alors que l’attaquant a disputé 105 minutes avec le Real la semaine dernière, dont 71 après l’annonce de la liste de Didier Deschamps (où il ne figurait déjà pas). Le tout plonge cette équipe de France encore convalescente après son élimination en demi-finale de l’Euro 2024 dans une incertitude inédite sous DD, prié de se trouver des leaders de rechange pour affronter Israël et la Belgique en Ligue des Nations.

Dans l’urgence, il fallait forcément mesurer la portée de la désertion consentie de l’ex-Parisien, comme s’il y avait nécessairement matière à interpréter. Mbappé a-t-il ouvert une faille dans laquelle les clubs les plus puissants, dans leur bon droit d’employeurs, se sentiraient plus à l’aise d’éconduire les sélections afin de faire souffler des joueurs étouffés par le rythme irrespirable des calendriers sportifs, un sujet au demeurant largement abordé par Ibrahima Konaté et Christopher Nkunku mardi à Clairefontaine.

« A Liverpool, il n’y a pas de discussion », selon Konaté

Le seul vrai changement est là, dans ces langues qui se délient chez les joueurs pour la première fois ouverts à une grève depuis que Rodri et Koundé sont montés au créneau. Porté par l’élan, le défenseur de Liverpool s’est senti d’attaquer le Boxing Day anglais et de faire valoir ses rêves de fins d’année en pyjama au coin du feu plutôt qu’à divertir les masses. Mais il a aussi dit du bien de son employeur dans son rapport aux joueurs internationaux fragiles et/ou blessés. « A Liverpool, il n’y a pas de discussion. Mac Allister est sorti avec une douleur, et le lendemain il est parti en Argentine. Pas de pression particulière à Liverpool. »

La question du rapport de force entre clubs et équipes nationales n’est pas nouvelle, bien qu’elle semble s’intensifier à mesure que les corps s’effritent : le cas de Wesley Fofana, sur qui Chelsea met la pression ainsi qu’au staff des Bleus en est un autre exemple récent. Des requins du bassin, le Real Madrid est encore celui qui maîtrise le mieux le jeu du poker menteur. Pour les amateurs d’histoire, en 2003, Zidane et Makélélé avaient raté feu la Coupe des confédérations car les Madrilènes jouaient le titre avec la Real Sociedad en Liga – un choix qui s’avérera payant.

Pas étonnant donc, de voir papy Florentino sortir de son chapeau une blessure aux cervicales pour Vinicius avant de voyager au Brésil. Idem pour le bobo d’Eder Militão… Le cas du défenseur brésilien est particulièrement cocasse. Ce dernier avait pris la direction de São Paulo malgré une blessure à la cuisse droite communiquée en amont par le club merengue. Le staff brésilien la soupçonnant d’être bidon après avoir vu son joueur disputer les 20 dernières minutes contre Villarreal, Militão est donc rentré au pays pour une nouvelle batterie d’examens, confirmant la blessure. Voilà où on en est dans le niveau de confiance.

Quand Deschamps tenait tête au Bayern Munich

En France, les observateurs n’ont pas manqué de rappeler l’épisode du clash entre Didier Deschamps et le Bayern Munich (2019) pour une histoire de pépin de Lucas Hernandez, où le sélectionneur s’était distingué en envoyant gentiment paître Karl-Heinz Rummenigge. Il était alors bien clair que DD était le seul à décider de la manière dont il gérait les joueurs à sa disposition, zone grise ou pas. Cinq ans plus tard, le sélectionneur il a changé et son regard sur le cas Mbappé va à l’opposé de l’inflexibilité qui lui était connue.

« Il ne faut pas aussi oublier, et ça c’est de tout temps, que l’employeur c’est le club et pas la Fédération », a ainsi déclaré DD sur la Chaine YouTube de la FFF en lieu et place de l’habituelle conférence de presse du lundi à Clairefontaine. Curieux sur le fond comme la forme.

NOTRE DOSSIER SUR LES BLEUS

Faut-il y voir un changement de paradigme dans l’approche de l’homme fort des Bleus depuis dix ans ou une faiblesse ponctuelle, due à une position plus fragile qu’il y a cinq ans ? Seule certitude : à l’arrivée, il y a trop de nœuds au cerveau pour une polémique en marge de matchs de Ligue des nations, qui reste une coupe en mousse. Sur ce point-là, Deschamps n’a jamais dévié de cap, le succès de 2021 mis de côté. Et son attitude aurait été bien différente s’il s’était agi de matchs qualificatifs pour une vraie compétition.

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