Dettes infrastructures : une classe d’actifs qui résiste à la conjoncture

Dettes infrastructures : une classe d’actifs qui résiste à la conjoncture

De gauche à droite et de haut en bas : Jean-Francis Dusch, directeur de la gestion en dette d’infrastructure, membre du comité exécutif, chez Edmond de Rothschild Asset Management ; Bérénice Arbona, responsable de l’équipe dette infrastructure de La Banque Postale Asset Management (LBPAM) ; Philippe Benaroya, directeur associé d’Infranity (Generali Investments) ; Alexis Sarrazin, directeur d’investissement et responsable de la gestion des fonds de dette de la plateforme infrastructure transition chez Schelcher Prince Gestion ; Benjamin Schmitt, responsable de la dette senior et junior en Europe pour les fonds et mandats de dette infrastructure de DWS ; Nicolas Boulet, directeur de la stratégie d’investissement d’Allianz France ; Jean-Christel Trabarel, associé gérant et fondateur de Jasmin Capital

Hausse des taux d’intérêt, de l’inflation… quels impacts sur la dette infrastructure ?

Quel est l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur la classe d’actifs ?

Jean-Francis Dusch, directeur de la gestion en dette d’infrastructure, membre du comité exécutif, chez Edmond de Rothschild Asset Management : La hausse des taux d’intérêt a été plutôt positive dans un premier temps pour les fonds de dette infrastructure car les gérants ont pu capturer la hausse des taux de base au bénéfice des investisseurs. On a observé une préférence récente de certains d’entre eux pour du taux fixe – les taux mid-swaps étant passés de niveaux négatifs à + 2 % par exemple à horizon sept ans – alors que nous avions privilégié ces dernières années des structures de dettes à taux flottants avec une discipline pour maintenir des taux planchers à 0 %. En comparaison avec d’autres produits de dettes privées, nous avons expliqué à nos investisseurs que nous pouvions certes capturer la hausse des taux d’intérêt, mais que nous devions rester toujours exigeants, sans concessions, quant aux niveaux de marges de crédit. Si nous avons constaté sur certaines transactions une volonté des sponsors d’atténuer la hausse des taux d’intérêt en négociant la marge de crédit, nous avons refusé ce type d’ajustement car il n’est pas dans l’intérêt des investisseurs. Enfin et cela est le plus important, nous avons conservé les marges de crédit cibles annoncées aux investisseurs lors des levées de fonds et dans la lignée de ce que nous avions obtenu lors des précédents millésimes, voire même supérieures.

Bérénice Arbona, responsable de l’équipe dette infrastructure de La Banque Postale Asset Management (LBPAM) : Dans nos portefeuilles, nous allons probablement assister à un changement de répartition entre les dettes à taux fixes et les dettes à taux variables. Les dettes à taux fixes présentaient un certain nombre d’avantages dans un contexte de taux d’intérêt bas et de taux variables négatifs avec des négociations difficiles pour l’obtention d’un « floor » (plancher) à zéro. Dans la nouvelle dynamique de marché, le taux Euribor étant repassé en territoire positif, les dettes à taux variable deviennent plus attractives pour les investisseurs et offrent des possibilités de rendement supérieures (d’upside) sur une classe d’actifs qui reste défensive. Chaque investisseur possède sa propre vue sur la répartition idéale entre taux fixe et taux variable. Pour nous, il est important d’offrir des possibilités d’investissement sur ces deux types de dettes en fonction des besoins ou des anticipations de marché des investisseurs.

Jean-Francis Dusch : Cette flexibilité est importante. Les gérants d’actifs qui ont de bonnes relations avec les sponsors peuvent en fonction des préférences des investisseurs privilégier une tranche à taux variables ou une tranche à taux fixes. Nous nous engageons auprès de nos investisseurs à mettre en place, dans le cadre de nos négociations avec les sponsors, des instruments de dette qui répondent aux différents types de mandats qu’ils nous confient.

Philippe Benaroya, directeur associé d’Infranity (Generali Investments) : Nous pouvons en effet intervenir à la fois en taux fixes et en taux variables. Actuellement, une grande partie de notre activité correspond à des emprunts à taux variables car ils permettent de capturer les augmentations de taux d’intérêt si celles-ci se prolongent. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt permet de diminuer l’écart de rendement relatif entre la dette infrastructure et les prises de participation en capital (infra equity) sur le segment dit « core ». Cet écart est actuellement compris entre 100 et 150 points de base, compte tenu de la hausse des taux d’intérêt et de la stabilité des valorisations dans l’infra dette. Par ailleurs, il est important de signaler – concernant les opérations à taux fixe – que si elles sont bien évidemment impactées en termes de « mark to market » ou de prix de marché, ces stratégies sont utilisées par les investisseurs dans une logique de « buy & hold », étant détenues jusqu’à leur maturité finale. Quant aux fonds, ils ne prennent pas en compte systématiquement le « mark to market », leur comptabilité pouvant se faire sur la base des coûts historiques.

Alexis Sarrazin, directeur d’investissement et responsable de la gestion des fonds de dette de la plateforme infrastructure transition chez Schelcher Prince Gestion : Nous pouvons en effet proposer à nos investisseurs, en fonction de leurs besoins, une certaine flexibilité entre taux d’intérêt fixes et taux d’intérêt variables grâce à la structuration. Par ailleurs, nous notons que l’impact « crédit » de la hausse des taux d’intérêt est relativement limité dans le cadre de la dette infrastructure car l’emprunteur se couvre contre ces hausses sur a minima plus des trois quarts du notionnel de la dette. Par conséquent, l’impact se ressent davantage sur les transactions (deal flow) car les coûts de financement pour les sponsors augmentent – nous sommes passés d’un mid-swap Euribor 10 ans négatif ces dernières années à 2,5 % aujourd’hui – ce qui a une incidence sur le rendement des projets pour les actionnaires. Par conséquent, il est possible que le volume d’activité des sponsors diminue. Ces derniers pourraient faire preuve d’un certain attentisme jusqu’à ce que la visibilité sur les coûts du capital s’améliore. Il ne faut pas non plus oublier que le volume de transactions à refinancer d’ici 2023 est important et se fera avec un coût de la dette qui serait plus élevé qu’anticipé initialement. Mais pour atténuer un peu cette réserve, nous avons constaté cette année une certaine adaptabilité des sponsors qui ont par exemple pu restructurer des transactions sur des maturités plus courtes afin de minimiser les swaps de taux d’intérêt. Il faut aussi relativiser cette hausse car celle-ci reste finalement mesurée et en ligne avec la médiane des 20 dernières années. Aujourd’hui, nous sommes sur un mid-swap 10 ans à 2,5 %, nous revenons au niveau atteint il y a 10 ans, la question étant de savoir quelle sera l’évolution future. De notre point de vue, il faut, en attendant, privilégier un financement à taux variable afin de capturer les éventuelles futures hausses et de diminuer ainsi l’écart relatif de valeur entre la dette et l’« equity » dans le secteur de l’infrastructure. Je rappellerai également que notre priorité dans ce contexte est de préserver le spread car celui-ci est propre au risque du projet et doit refléter le couple risque/rentabilité de chacun d’entre eux. Dans le cadre d’un taux fixe, en cas de hausse des taux, le spread a tendance à diminuer et se décorrèle du risque du projet, sachant que dans l’infrastructure, il faut pouvoir justifier à la fois d’une prime d’illiquidité et d’une prime de complexité et examiner la valeur relative avec les autres classes de dettes, notamment la dette cotée et la dette corporate.

L’activité des sponsors peut-elle être affectée par la hausse des taux d’intérêt ?

Benjamin Schmitt, responsable de la dette senior et junior en Europe pour les fonds et mandats de dette infrastructure de DWS : En théorie, la remontée des taux d’intérêt pourrait réduire le niveau d’activité et le volume de transactions. Si le coût du capital augmente pour les sponsors et les emprunteurs, cela peut en effet limiter le volume de transactions surtout au niveau des refinancements. Une partie du pipeline en dettes infrastructures de ces dernières années a été liée aux variations des taux d’intérêt, les sponsors lançant des refinancements avec des taux d’intérêt plus intéressants dans un contexte de baisse. Nous nous attendons donc chez DWS à un ralentissement du volume de refinancement dans les prochaines années, compensé par une bonne tenue des flux dans les nouveaux projets et les opérations d’acquisition d’actifs sur des secteurs comme la transition énergétique ou la digitalisation des économies. Ces secteurs devraient continuer à se développer dans les prochaines années. La baisse de l’activité liée aux refinancements devrait ainsi être compensée par un niveau d’activité élevé dans les nouveaux secteurs qui sont en pleine croissance.

Edmond de Rothschild Asset Management Données clefs 

  • Effectifs dans l’expertise : 13 professionnels
  • Encours sous gestion : 4,8 milliards d’euros
  • Historique de performance d’un des fonds phares : 250 points de base + Taux de Base pour le segment Senior ; 550 points de base + taux de Base pour le segment Yield Plus.
  • Philosophie d’investissement : La stratégie offre aux investisseurs la possibilité de bénéficier des revenus générés par une sélection d’investissements dans des actifs d’infrastructure, senior et yield plus. L’équipe a été parmi les premières à financer des actifs d’infrastructure dans des secteurs tels que la mobilité verte, les infrastructures sociales, l’efficacité et la transition énergétiques, ou encore les infrastructures digitales.

Jean-Francis Dusch : Il est vrai que si la dette coûte plus cher, l’intérêt du refinancement peut être remis en question, mais ce serait avoir une vue restreinte. L’intérêt d’un refinancement porte aussi sur les possibles optimisations de la structure de dette afin qu’elle soit adaptée à la qualité de crédit de l’actif sous-jacent. Cet objectif a sous-tendu, pour notre déploiement en 2022 (de l’ordre de 1 milliard d’euros à ce jour), un nombre important des refinancements. Notons toutefois que la réduction de la hausse des taux d’intérêt est aussi positive car elle évite des refinancements accélérés comme cela a pu être le cas ces dernières années dans un contexte de taux bas. Nous avons donc enregistré de notre côté une activité de refinancement assez conséquente depuis le début de l’année. Par ailleurs, nous sommes entièrement d’accord sur le constat d’une accélération des opérations dans le cadre de la transition énergétique, même si ce type de projets existe déjà depuis des décennies et a été intégré dans notre stratégie d’investissement dès le lancement de notre plateforme de dette d’infrastructures en ligne avec les valeurs et les convictions du groupe Edmond de Rothschild. J’exprimerais peut-être une nuance par rapport à ce qui a été dit précédemment, je ne suis pas certain que le développement des opérations dans les énergies renouvelables passe systématiquement par des projets nouveaux ou « greenfield ». Beaucoup de nos investisseurs apprécient le « greenfield », mais ils souhaitent aussi investir dans des actifs qui génèrent du rendement immédiatement, propres plutôt au « brownfield » (ou projets déjà en exploitation). Nous avons de ce fait financé un grand nombre d’actifs « brownfield » pour lesquels il existe une véritable problématique de transformation afin d’atteindre les objectifs de transition énergétique en Europe notamment. Nous souhaitons, au travers des financements que nous octroyons, nous inscrire en soutien des objectifs fixés par la Commission européenne à échéance 2030 en matière de réduction d’émissions de CO2 (initiative « EU Fit for 55 »).

Bérénice Arbona : Pour compléter sur ce sujet des refinancements, la hausse des taux d’intérêt aura de notre point de vue un impact sur une partie réduite de l’univers d’investissement. Il y avait, certes, des refinancements opportunistes, initiés par certains sponsors pour diminuer le coût de leur financement, mais cela ne représentait pas la majorité des opérations. Les refinancements sont également liés à des changements de périmètre des sociétés (nouvelles acquisitions, changement de contrôle), à des adaptations de la structure financière au nouveau contexte de la société ou encore à des refinancements liés à la maturité des dettes. Le pipeline en matière de refinancement devrait ainsi uniquement être réduit sur le segment des opérations opportunistes initiées afin de faire baisser le coût du financement.

Quel est l’impact de l’inflation ?

Alexis Sarrazin : Les revenus et les coûts de nos projets d’infrastructure sont largement indexés sur l’inflation, par conséquent, l’impact de l’inflation est mineur et même parfois positif sur les cash-flows (flux de trésorerie) du projet. Il faut tout de même être vigilants sur le risque de construction des projets « greenfield ». Les spécialistes évoquent une hausse de 10 à 15 % des dépenses d’investissement (capex) dans le secteur du renouvelable, voire davantage dans des segments très spécifiques. Les projets qui ne bénéficieraient pas d’un contrat à prix fixes avec une contrepartie solide pourraient donc rencontrer des surcoûts dans le budget de construction. Cela pourrait être le cas pour des projets ayant une durée de construction longue comme dans l’éolien offshore par exemple ou la méthanisation, et plus généralement pour des projets dont le risque de hausse des coûts n’aurait pas été transféré à un constructeur qui possède une bonne qualité de crédit. L’expérience du gérant est cruciale dans ce domaine, il peut intervenir par exemple lors du processus de « due diligence » avec le soutien de conseils juridiques et techniques pour revoir la structure contractuelle afin de transférer ce risque à des contreparties autres que l’emprunteur.

Benjamin Schmitt : Sur l’inflation, nous constatons une augmentation des coûts pour la plupart des entreprises spécialisées dans les infrastructures notamment pour celles qui consomment beaucoup d’énergie comme les data centers et sur lesquels nous allons porter une plus grande attention dans les prochains mois. L’inflation est également une variable importante pour les sociétés d’infrastructure qui ont une masse salariale conséquente et qui opèrent dans des segments du marché du travail tendus. C’est effectivement dans ce genre de domaine que l’expérience du gérant est importante, il doit savoir comment sont structurés les différents contrats d’approvisionnement au niveau de la société, avoir une bonne compréhension des secteurs et pratiquer une due diligence poussée, qui doit permettre in fine de sélectionner les meilleurs emprunteurs. Plus généralement, l’infrastructure est l’une des classes d’actifs qui est la plus à même de fournir une couverture contre l’inflation. En matière de dette, les instruments de prêts à taux variables sont indirectement calés sur l’inflation tandis qu’au niveau des sponsors, une partie majeure des revenus est généralement indexée sur l’inflation alors qu’une seule partie des coûts opérationnels le sont ; par conséquent, l’inflation a également un effet assez neutre sur les dividendes.

Bérénice Arbona : La classe d’actifs est, d’après nous, bien protégée contre le risque d’inflation, sous réserve d’une analyse adéquate des protections présentes dans les contrats définis avec le régulateur, le concédant ou les sous-traitants. Il est aussi important de mesurer dans le cadre des « due diligences » la soutenabilité sociale et économique des augmentations contractuelles. A titre d’exemple, les contrats de concession autoroutière offrent de très bonnes protections en matière d’indexation, cependant si les augmentations tarifaires sont trop importantes et non corrélées avec des augmentations de pouvoir d’achat et de PIB, le risque est que la perte de trafic ne soit pas compensée par ces augmentations tarifaires. L’acceptabilité sociale de la hausse des prix et des tarifs est également importante et peut être analysée dans le cadre des due diligences portant sur le volet ESG (extra-financières).

Philippe Benaroya : De notre côté, nous avons dans le passé réalisé des investissements dans les autoroutes, mais depuis quelques années, nous ne nous exposons plus, ou très peu, à des opérations avec un risque lié à la demande. Nous essayons de nous positionner sur des opérations dont les cash-flows (flux de trésorerie) sont le plus possible décorrélés du PIB, et ce quels que soient les secteurs, afin d’éviter ce type de difficulté.

«Nous avons conservé les marges de crédit cibles annoncées aux investisseurs lors des levées de fonds et dans la lignée de ce que nous avions obtenu lors des précédents millésimes, voire même supérieures. »

Jean-Francis Dusch

Directeur de la gestion en dette d’infrastructure, membre du comité exécutif

Edmond de Rothschild Asset Management

Les flux de capitaux en provenance des investisseurs institutionnels devraient donc être toujours aussi dynamiques ?

Nicolas Boulet, directeur de la stratégie d’investissement d’Allianz France : Nous avons constaté que dans l’envi

ronnement actuel avec une augmentation de l’inflation et des taux d’intérêt, les actifs d’infrastructure en capital comme en dette conservent leur intérêt et ont prouvé leur résilience. Ce point est très positif pour la classe d’actifs. Par ailleurs, nous apprécions la protection naturelle apportée par l’existence de taux d’intérêt variables. Cette notion est importante, même si ces dernières années dans nos portefeuilles, nous avions tendance à privilégier les produits à taux fixes et avec une maturité assez longue afin de couvrir les passifs d’assurance. Aujourd’hui, nous affichons la volonté d’augmenter la part de taux variables dans nos mandats ou dans les fonds dans lesquels nous investissons. Cette structuration offre aux gérants une plus grande capacité pour déployer le capital et protéger les portefeuilles contre la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Nous avons observé sur les six premiers mois de l’année des marchés financiers très volatils, très secoués avec un environnement nouveau marqué par la fin des liquidités excessives et des taux d’intérêt négatifs. Par conséquent, nous avons constaté un certain nombre de « repricing » ou de réévaluations de prix sur différentes classes d’actifs. Elles ont concerné en premier lieu les spreads de crédit. Les titres notés en catégorie investment grade (IG) en zone euro affichent 100 points de base de hausse. Ce repricing ne s’est en revanche pas mis en place dans la dette infrastructure. Evidemment, elles se situent dans des secteurs qui résistent mieux que les autres au nouvel environnement, mais il n’en demeure pas moins qu’un repricing pourrait se mettre en place. Par conséquent, aujourd’hui, certains segments cotés IG avec des sous-jacents solides offrent des écarts resserrés vis-à-vis des infrastructures et gagnent en attractivité. La classe d’actifs redeviendra plus intéressante en relatif lorsqu’elle se sera ajustée. En revanche, toutes les caractéristiques de la dette infrastructure : sa solidité, sa capacité à coller au passif des compagnies d’assurances et surtout notre volonté d’investir dans les secteurs liés à la transition énergétique, à la cohésion des territoires, à la transition numérique restent très importantes pour nous. La dette infrastructure est de ce fait toujours un axe fort dans notre stratégie d’investissement et dans les flux qui vont être déployés dans les années à venir. Nous avons commencé chez Allianz France à investir dans cette classe d’actifs en 2013, le premier actif étant La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt. Aujourd’hui la dette infrastructure représente 4 % de notre allocation d’actifs avec une volonté de continuer à augmenter pour arriver autour de 6 % à l’horizon 2025.

La Banque Postale Asset Management Données clefs 

  • Effectifs dans l’expertise : 5 gérants avec de nombreuses années d’expérience en dette infrastructure
  • Encours sous gestion dans l’expertise : 2,2 Milliards d’euros investis depuis 2013 dont plus de la moitié sur des projets potentiellement éligibles à la taxonomie européenne et en lien avec la transition énergétique. 
  • Fonds phare : En 2022, LBP AM a lancé sa première stratégie à impact « LBPAM Infrastructure Debt Climate Impact », classée article 9 selon le règlement SFDR. 
  • Philosophie d’investissement en quelques mots : Investissements de type « buy & hold » pour financer l’économie réelle, focus sur la dette senior sécurisée en euro, pan-européenne, avec une forte sélectivité et une approche défensive. L’approche est flexible en termes de formats d’investissement et d’instruments, de diversité géographique et sectorielle. La société de gestion recherche de la prime d’illiquidité provenant d’actifs non corrélés aux marchés publics et protégés de la volatilité, en diversification par rapport aux stratégies obligataires classiques. 

Philippe Benaroya : Pour compléter ce qui vient d’être dit, sur la partie investment grade, les conditions de marge sont relativement stables ; cependant, nous avons constaté durant ces 12 derniers mois sur le segment noté BB que nous arrivions à capturer des rendements supplémentaires de l’ordre de 80 à 100 points de base sans prendre davantage de risque en termes de demande ou de prix et avec une bonne qualité des cash-flows. Nous pouvons obtenir de meilleures conditions dans cette catégorie et nous constatons en termes de flux davantage de profondeur dans ce segment de marché.

Jean-Christel Trabarel, associé gérant et fondateur de Jasmin Capital : De notre côté, nous constatons peu d’évolution sur les spreads, la dette senior a progressé en moyenne d’une trentaine de points de base, elle évolue beaucoup moins que le reste du marché. En termes de collecte dans les fonds, en France, l’an dernier, il y a eu 1,5 milliard d’euros de levées réalisées par trois fonds et globalement sur ces cinq dernières années, 2 milliards d’euros ont été levés en moyenne par an. La dette infrastructure correspond à environ 30 % des fonds de dettes non cotées levées en France, et représente le quart des sommes levées par les fonds equity d’infrastructure en France sur ces quatre dernières années. Au niveau mondial, les 30 plus gros gérants de dette infrastructure représentent en stock 140 milliards de dollars gérés parmi lesquels 18 sont européens (dont Allianz, EDRAM, Generali et LBPAM) y compris sept français. La France est donc très bien représentée sur cette classe d’actifs : AXA IM et Rivage sont même dans le top 10 mondial selon le classement d’Infrastructure Investor de mars 2022.

Alexis Sarrazin : Nous enregistrons un certain dynamisme sur de nouveaux secteurs liés à la transition énergétique, à la transition digitale et à la transition environnementale comme les énergies renouvelables, la nouvelle mobilité électrique, les bornes de recharge, les data centers, etc. Par ailleurs, nous constatons dans ce cadre un raccourcissement des maturités offertes par la classe de dette infra en raison de ce changement de mix sectoriel, en particulier dans le secteur des télécommunications qui est bien plus actif qu’il y a quelques années. Ainsi les portefeuilles de dette infra étant plus orientés télécoms, les maturités sont en moyenne de 7 à 12 ans avec un risque de refinancement, alors qu’auparavant les maturités étaient plutôt comprises entre 10 et 20 ans sur des profils amortissables.

«Aujourd’hui, les projets deviennent plus complexes et peuvent donc permettre aux gérants de générer de la surperformance. »

Bérénice Arbona

Responsable de l’équipe dette infrastructure

La Banque Postale Asset Management (LBPAM)

Compte tenu des encours levés, les gérants ont-ils la capacité de déployer rapidement les capitaux, constatez-vous des évolutions dans ce domaine ?

Jean-Christel Trabarel : Depuis le mois de juin, nous constatons peu de nouvelles transactions, celles qui ont eu lieu étaient déjà prévues depuis mars-avril. Par ailleurs, un des indicateurs pour mesurer la capacité de déploiement des gérants réside dans la fréquence de lancement de nouveaux millésimes. Il y a quelques années en moyenne nous constations quatre ou cinq ans entre le lancement de chaque millésime, aujourd’hui, les gérants lancent des fonds tous les trois ans voire parfois tous les deux ans pour certains. La vitesse de déploiement a donc tendance à s’accélérer.

Jean-Francis Dusch : Le déploiement n’est plus un sujet pour les gérants arrangeurs de dette comme nous. Cela était le cas il y a une dizaine d’années lorsque la classe d’actifs était nouvelle et que certains fonds mettaient plus de trois ans à déployer la majorité, mais pas la totalité de leurs encours institutionnels. Nous avons levé 2,5 milliards d’euros sur les 18 derniers mois et nous avons déjà déployé la quasi-totalité de ce montant. Certains gérants sont reconnus maintenant comme étant capables de structurer de la dette directement auprès des sponsors, ce qui leur confère un flux récurrent, propriétaire. Nous pouvons nous positionner sur des opérations en amont sur lesquelles nous possédons probablement davantage de flexibilité que des prêteurs plus traditionnels tels que certaines banques. L’évolution des secteurs nous offre aussi de nouvelles opportunités et nous permet d’étendre notre capacité d’intervention et de diversifier nos portefeuilles. Nous nous sommes engagés très tôt dans ce que nous appelons la seconde génération de projets liés à la transition énergétique ou aux infrastructures digitales. Si nous arrivons en amont sur certains types d’actifs sans pour autant prendre plus de risque, nous pouvons créer de la prime sur des actifs avec une qualité de crédit BBB ou BB.

Infranity – Données clefs 

  • Effectifs dans l’expertise : 40 employés à fin août 2022
  • Encours sous gestion : 6,7 milliards d’euros levés auprès d’investisseurs institutionnels et plus de 5,5 milliards d’euros de capitaux déployés depuis la création de la société de gestion en 2018 sur près de 60 transactions.
  • Historique de performance d’un des fonds phares : Infranity (Generali Investments) offre deux grandes familles de stratégie : dette senior avec un objectif de marge brute d’Euribor 3 mois +275 points de base et la dette haut rendement avec un objectif de marge brute d’Euribor 3 mois +420 points de base.
  • Philosophie d’investissement en quelques mots : Infranity (Generali Investments), société de gestion d’actifs spécialisée dans l’investissement durable dans le secteur des infrastructures a été créée en 2018 par trois fondateurs associés Philippe Benaroya, Alban de La Selle, Gilles Lengaigne dans le cadre d’un partenariat stratégique avec le Groupe Generali. Infranity cherche à investir dans les meilleures opportunités répondant aux enjeux de société dans les secteurs clés de la transition énergétique, de l’environnement, de la mobilité verte, de la transformation numérique ou encore des infrastructures sociales en matière de santé et d’éducation. Infranity suit une philosophie d’investissement «buy and hold» investissant dans des projets d’infrastructure core, core+ en Europe.

Alexis Sarrazin : Le challenge pour les gérants ne réside pas dans le dealflow de la dette infra qui est toujours important, mais dans leur capacité de sourcing et de structuration sur des transactions à valeur ajoutée car sous le radar, et qui présentent un couple risque/rendement optimisé. Par opposition aux deals de place supérieurs à 1 milliard d’euros qui sont souvent sursouscrits, on peut toujours capturer en Europe une prime liée aux pays, au secteur ou à la taille des sponsors du projet. Les investisseurs seront sensibles à un sourcing propriétaire permettant d’éviter de consolider plusieurs fois la même opération.

Bérénice Arbona : L’enjeu réside plus, d’après nous, dans la sélectivité que dans le déploiement. Déployer c’est relativement facile, compte tenu de l’augmentation des volumes de marché. Bien sélectionner, cela reste plus compliqué dans la période actuelle où les opportunités se multiplient, où le monde change, où de nouveaux paramètres émergent… Il faut investir avec les bons termes et les bonnes conditions dans le cadre de stratégies définies avec les investisseurs tout en structurant, avec les sponsors, les financements pour obtenir un profil de risque adapté au projet. La rigueur et la sélectivité des gérants d’actifs sont primordiales pour continuer à faire en sorte que cette classe d’actifs délivre ses promesses de stabilité et de solidité dans le temps.

Philippe Benaroya : Lorsque nous combinons la capacité à déployer et la sélectivité, la vitesse d’investissement n’est pas la même d’un gérant à l’autre. Il y a d’autres paramètres qui entrent aussi en compte comme la taille. Celle-ci est encore importante pour avoir accès à des deals propriétaires et générer suffisamment de diversification dans les portefeuilles. Nous ne sommes pas tous égaux face à cela. Par ailleurs, le périmètre d’investissement des uns et des autres ne se recoupe pas sur la totalité. Certains possèdent un scope d’investissement très large, d’autres pratiquent des exclusions… En ce qui nous concerne, nous avons toujours cru à la fois au critère de taille et à celui d’un périmètre d’investissement large pour générer suffisamment d’alpha (ou surperformance), de diversification. Depuis le début de l’année, nous avons pu déployer environ 2 milliards d’euros d’investissement, ce qui nous a donné accès à un grand nombre de deals propriétaires.

«Pour diversifier les portefeuilles, il faut pouvoir disposer d’équipes conséquentes. Il n’y a pas de secret : il faut être nombreux pour accéder aux opportunités dans chaque pays. »

Philippe Benaroya

Directeur associé

Infranity (Generali Investments)

Bérénice Arbona : Il est important de pouvoir se positionner sur des transactions propriétaires et sur des transactions de taille importante, mais les investisseurs font aussi attention au risque de concentration. Il faut également être en mesure d’offrir une bonne granularité des portefeuilles.

Philippe Benaroya : Nous sommes un certain nombre dans ces débats à être spécialisés sur le segment mid-market qui est très positif du point de vue de la diversification.

Schelcher Prince Gestion – Données clefs 

  • Effectifs dans l’expertise : 7 professionnels
  • Encours sous gestion dans l’expertise : 700 millions d’euros
  • Historique de performance : N/A (fonds lancés en juin 2022)
  • Philosophie d’investissement en quelques mots : Proposer aux investisseurs et partenaires une gamme diversifiée de portefeuilles d’investissements en dette Infrastructure en Europe, bénéficiant de rendements stables, récurrents et décorrélés des cycles économiques et des volatilités de marché. Les investissements favoriseront les projets et acteurs expérimentés et innovants participant aux transitions énergétique, environnementale et digitale en Europe, et contribueront ainsi à la fois aux objectifs financiers et extra-financiers des investisseurs, avec un alignement significatif avec la Taxonomie Européenne et les critères Article 8 et Article 9 SFDR.

Nicolas Boulet : C’est toujours bon d’entendre que la sélectivité est de mise chez les gérants car elle est pour nous essentielle. La vitesse de déploiement est importante et surtout les gérants doivent bien respecter les critères retenus dans le cadre des mandats dont la diversification sectorielle et géographique fait partie. Il est vrai que le segment mid-market permet d’être diversifié. Nous sommes présents sur ce segment ainsi que sur des transactions d’une taille importante dans lesquelles nous co-investissons avec différentes entités du groupe. En parallèle à ces opérations d’une taille conséquente, nous nous devons d’être rigoureux et sélectifs sur les autres investissements réalisés.

Jean-Francis Dusch : La diversification est essentielle dans nos expertises. Lorsque nous avons lancé en 2014 notre premier fonds pour un montant de 600 millions d’euros, il comptait 10 à 12 lignes. Nous levons maintenant des capitaux plus importants et nous nous appuyons sur notre capacité à arranger de la dette pour diversifier nos portefeuilles qui comptent une vingtaine d’investissements. La taille et la diversification sont donc compatibles. Le nerf de la guerre étant de maximiser nos levées de fonds pour cristalliser toutes les opérations que nous générons pour nos investisseurs.

Philippe Benaroya : Pour diversifier, il faut pouvoir disposer d’équipes conséquentes. En ce qui nous concerne, nous comptons une vingtaine de spécialistes avec dix nationalités différentes sur la partie investissements. Il n’y a pas de secret : il faut être nombreux pour accéder aux opportunités dans chaque pays. Les investisseurs le comprennent très bien.

«Nous nous positionnons actuellement davantage sur les actifs de transition nous permettant de viser un impact : dans la digitalisation, les énergies renouvelables et dans des transactions à valeur ajoutée dans le mid-market. »

Alexis Sarrazin

Directeur d’investissement et responsable de la gestion des fonds de dette de la plateforme infrastructure transition

Schelcher Prince Gestion

Benjamin Schmitt : Dans la mesure où les flux sont maintenus et les réseaux d’origination sont vastes, la capacité de déployer des gérants de fonds de dettes infrastructure reste en principe importante. La difficulté est d’être en mesure de trouver les opportunités permettant de structurer des prêts avec une qualité de crédit élevée, tout en maximisant la prime d’illiquidité. Si généralement, nous essayons de sourcer un nombre conséquent d’opportunités d’investissement qui sont alignées avec nos mandats existants, nous faisons aussi en parallèle un travail de recherche important sur les différents secteurs ou sponsors en amont de manière à se concentrer sur les opportunités sur lesquels la compétition sera la moins importante. La capacité à trouver le bon équilibre dans la structuration de la dette entre la protection des risques de crédit, l’optimisation du rendement, tout en offrant un financement compétitif à l’emprunteur est clef. Cela peut par exemple permettre de générer des opportunités répétées avec le même emprunteur ou sponsor qui aura besoin de financements supplémentaires pour de nouveaux investissements (capex) ou l’acquisition d’un autre actif.

Les infrastructures au cœur des nouvelles thématiques

Indépendance énergétique, investissement dans le renouvelable, transformation de la mobilité… Les infrastructures se positionnent au cœur des problématiques actuelles, comment travaillez-vous ces thèmes d’investissement ?

Alexis Sarrazin : A travers notre plateforme infrastructure transition chez Schelcher, notre ambition est de capturer l’ensemble du spectre de la dette infrastructure en Europe à la fois sur la partie « core » et sur la partie « high yield » avec un fort engagement en faveur des secteurs de transition. Nous avons lancé en juin 2022 deux fonds qui visent un alignement majoritaire avec la Taxonomie européenne (article 8 et article 9 du règlement SFDR). Nous pouvons également financer des secteurs dans les infrastructures traditionnelles comme le transport et le social, même si notre volonté reste de privilégier les secteurs de la Taxonomie et d’offrir à nos investisseurs la possibilité de combiner performance financière et performance extra-financière. Ce positionnement majoritaire sur la Taxonomie ne constitue pas un compromis car il correspond aux secteurs les plus dynamiques actuellement de l’infrastructure et à l’expérience et à l’historique de performance de l’équipe. A titre d’exemple, nous nous positionnons sur les bornes de recharge électrique sur lesquelles des développements massifs sont prévus. Ce secteur fait l’objet actuellement d’opérations de fusions et acquisitions initiées par des fonds de capital-investissement dans l’ensemble de l’Europe. Jusqu’à présent quelques financements ont été réalisés sur la base d’hypothèses très conservatrices. Nous avons participé à deux d’entre elles. Nous notons plus généralement de nombreuses opportunités dans des secteurs nouveaux où nous pouvons capturer de la valeur. Prenons l’exemple du secteur de la fibre en France et en Allemagne, sur lequel la liquidité il y a cinq ans était modérée avec des structures conservatrices. Aujourd’hui, les structures proposées dans la fibre dans le cadre des refinancements sont très différentes y compris en matière de covenants. Nous nous positionnons ainsi actuellement davantage sur les actifs de transition nous permettant de viser un impact : dans la digitalisation, les énergies renouvelables et dans des transactions à valeur ajoutée dans le mid-market par opposition aux grands deals de place qui sont souvent sursouscrits. Nous avons obtenu le label Luxflag ESG pour nos deux fonds, qui matérialise la prise en compte des critères ESG dans nos processus d’investissement ; par ailleurs, notre actionnaire le groupe Crédit Mutuel Arkea a adopté récemment le statut d’entreprise à mission.

Benjamin Schmitt : De notre côté aussi, nous possédons une offre multi-sectorielle. Nous regardons les actifs qui se situent au cœur des nouvelles thématiques, d’ailleurs une partie majeure de nos investissements existants est liée à celles-ci comme les énergies renouvelables, les usines de traitement de déchets ou les portefeuilles d’antennes de téléphonie mobile. Mais nous conservons aussi un intérêt pour les infrastructures traditionnelles à savoir les autoroutes, les aéroports ou encore les réseaux de distribution de gaz. Nous les considérons comme des actifs toujours essentiels pour le fonctionnement de nos économies et sur lesquels il y a toujours des besoins de financement, au minimum à moyen terme. Nous affichons cependant une préférence pour les actifs traditionnels qui peuvent s’adapter aux nouvelles thématiques et présentent des externalités positives et mesurables pour l’environnement ou la société. Nous considérons en effet que ces actifs pourraient faire l’objet d’une revalorisation si les modèles d’affaires s’adaptent à ces nouvelles thématiques. A titre d’exemple, nous apprécions les sociétés dans le domaine des transports qui ont commencé à engager des capex pour électrifier une partie de leurs actifs ou travaillent sur les technologies de demain comme l’hydrogène. Nous avons investi récemment sur une société de liaisons de ferries dans les pays nordiques qui opèrent déjà avec des ferries hybrides, électriques, et a récemment remporté un appel d’offres pour développer et opérer des ferries propulsés à l’hydrogène sous des contrats de concession avec les autorités publiques. Nous associons ce type d’investissement à des opérations dans des secteurs traditionnels qui offrent de bons rendements ajustés au risque de crédit, en plus de générer des externalités positives et concrètes pour l’environnement.

Jean-Christel Trabarel : La majorité du marché reste sur les transactions classiques qu’il s’agisse des transports, des services aux collectivités locales ou du social. Si l’on prend l’exemple du marché français, les transactions à venir concernent par exemple les aéroports régionaux (Nantes, Beauvais). Le volume de transactions est globalement en hausse et concerne plutôt les infrastructures traditionnelles, mais il est certain aussi que les infrastructures liées à la transition énergétique ou à la transition digitale prennent une part croissante. Dans l’univers de « l’infra equity », les fonds positionnés sur le digital et sur la transition énergétique et environnementale sont clairement ceux qui rencontrent le plus de succès en termes de levées de fonds auprès des investisseurs institutionnels, et ce à la fois en Amérique du Nord et en Europe.

DWS – Données clefs 

  • Effectifs dans l’expertise : 12
  • Encours sous gestion dans l’expertise : 2,7 milliards d’euros
  • Historique de performance : Track record dans cette classe d’actifs depuis 2014
  • Philosophie d’investissement en quelques mots :  DWS propose à ses clients institutionnels, des solutions d’investissement sur-mesure et innovantes dans la dette Infrastructure dans le but d’offrir des rendements ajustés au risque attrayants et de maximiser la valeur relative par rapport aux titres obligataires traditionnels. En Europe, la plateforme se concentre globalement sur les transactions de dette primaire, intermédiaire et hautement structurée vers des actifs Infrastructure présentant un fort potentiel de durabilité.

Philippe Benaroya : En ce qui nous concerne, nous sous-pondérons légèrement depuis quelques années nos investissements dans les énergies renouvelables car dans certains pays il y a trop de liquidité qui se déverse sur ce segment de marché par rapport au nombre de projets. A ce jour, ce secteur représente environ 20/25 % des projets financés. Evidemment, le thème de la transition énergétique est plus large. Il inclut par exemple la mobilité verte ou encore l’efficacité énergétique, des secteurs dans lesquels nous sommes très actifs. En matière de mobilité, nous avons sous-pondéré les autoroutes, sauf exception lorsqu’il est possible d’investir dans des structures sans risque de trafic. Nous avons aussi abandonné les aéroports du fait de nos convictions extra-financières. Par ailleurs, nous sommes limités en matière d’efficacité énergétique par la taille. Nous n’avons pas trouvé suffisamment d’intégrateurs de transactions qui restent d’une taille très modérée. Le secteur public devrait accélérer le volume de transactions pour répondre aux besoins. L’autre thématique très importante pour nous est celle de la transition digitale. Elle constitue notre premier secteur avec 30 à 35 % de nos investissements. Ils portent sur la fibre, les tours de télécommunication, les data centers… Nous proposons des fonds thématiques sur ces sujets et des fonds généralistes avec des biais marqués sur ce type de projets.

Bérénice Arbona : Les spécialistes mettent souvent en balance les secteurs traditionnels et les secteurs de la transition énergétique et digitale. Autre phénomène que nous constatons : celui de la complexification des projets dans lesquels nous investissons. En ce qui concerne les projets d’énergie renouvelable, dans le passé ces derniers reposaient sur des technologies maîtrisées avec des tarifs réglementés. Nous assistons aujourd’hui à la fois à une diversification des technologies utilisées (éolien flottant, projets de panneaux solaires combinés avec des projets de stockage) et à une complexification des mécanismes de revenus (plus d’exposition à des risques de marché par exemple). Pour appréhender ces changements de marché, les expertises des gérants sont ici essentielles. Aujourd’hui, les projets deviennent plus complexes et peuvent donc permettre aux gérants de générer de la surperformance.

Jean-Christel Trabarel : Face à cette complexité, les gérants spécialisés dans l’« equity » sont en train de recruter des responsables de l’innovation afin d’évaluer les risques et d’avoir la capacité d’analyser les impacts liés aux voitures électriques ou encore à l’utilisation de l’hydrogène. Ce type de recrutements avait démarré chez les sponsors, ils sont maintenant fréquents chez les gérants « equity » et commencent à se développer dans les équipes de gestion spécialisées sur la dette infrastructure.

Nicolas Boulet : Nous avons un rôle à jouer en tant qu’investisseur institutionnel au service des Français et cela passe par le déploiement d’investissements sur nos territoires et dans l’économie réelle. Ces actions s’inscrivent dans l’ADN d’Allianz France. La transition énergétique représente dans cette perspective une part importante de nos investissements, à savoir 40 %. Cette part n’a cessé de croître. Au départ, il s’agissait de financer des secteurs classiques, maintenant nous nous sommes diversifiés sur des thèmes comme la mobilité verte. Cet axe de développement est très fort. Nous souhaitons aussi, au travers de nos investissements, nous mettre au service de la cohésion territoriale. Dans cette perspective, nous investissons dans la fibre et dans la transition digitale. Cet axe nous paraît tout aussi important. Allianz France investit dans les territoires, comme défini dans notre stratégie 2025. Nous avons récemment déployé des investissements en régions à travers le private equity et nous cherchons à étendre cette stratégie plus locale aux infrastructures.

Bérénice Arbona : Notre fonds à impact possède un objectif climatique déployé à travers trois axes : la décarbonation du mix énergétique, l’électrification des usages et l’efficacité énergétique. Dans le passé sur l’efficacité énergétique, il était difficile de trouver des projets, mais il y a un très grand potentiel de décarbonation sur ce secteur. Il serait utile qu’il y ait des mécanismes de soutien pour agréger ces projets afin d’avoir un volume suffisant pour que l’on puisse accélérer. 

«Nous affichons une préférence pour les actifs traditionnels qui peuvent s’adapter aux nouvelles thématiques et présentent des externalités positives et mesurables pour l’environnement ou la société.»

Benjamin Schmitt

Responsable de la dette senior et junior en Europe pour les fonds et mandats de dette infrastructure

DWS

Philippe Benaroya : L’agrégation est importante, mais à notre avis, elle ne passe pas uniquement par le secteur public. Il faut qu’il y ait davantage d’agrégateurs privés qui soient capables de créer du volume, de la diversification sur des éléments de petite taille.

Comment mettre en conformité les fonds avec les nouvelles réglementations européennes ?

Bérénice Arbona : Pour nous, il est fondamental d’être cohérent dans les indicateurs d’impact utilisés. Il est facile de considérer que des investissements en infrastructure s’inscrivent dans une notion d’impact car nous finançons des activités essentielles pour les collectivités. Mais il faut aussi pouvoir démontrer une démarche d’impact solide, à travers le triptyque intentionnalité, additionnalité et mesurabilité. Les fonds article 9 doivent être solidement encadrés et les gérants doivent pouvoir disposer d’outils et de process de collecte de données solides afin de consolider les indicateurs d’impact.

Jean-Francis Dusch : En 2017, nous avons été précurseurs et avons reçu le label Greenfin pour un de nos fonds dans la perspective de l’entrée en vigueur du règlement SFDR et de la Taxonomie. Nous avons travaillé sur des indicateurs de performance extra-financière comme les émissions de carbone, la contribution de nos investissements à la réduction du réchauffement climatique (classification par rapport à la trajectoire de baisse dudit réchauffement). Nous utilisons aussi les services d’auditeurs indépendants qui nous aident à expertiser ces mesures pour le compte de nos investisseurs. Nous avons dans le cadre de notre cinquième levée de fonds documenté les critères suivis pour s’inscrire dans la classification 8 et 9 du règlement SFDR. Ces évolutions imposent de la discipline et influencent la stratégie d’investissement, mais elles s’inscrivent aussi dans un alignement d’intérêts avec nos investisseurs et, dans une certaine mesure, avec les fonds de capital-investissement qui sponsorisent les projets auxquels nous octroyons des prêts. Un cercle vertueux se met en place et nous permet d’investir avec convictions dans ce domaine. En tant que gérant, nous avons reçu des demandes plus précises, plus exigeantes de reporting de la part d’investisseurs institutionnels. Les changements sont très rapides dans ce domaine depuis 18 mois. Nous nous y étions préparés.

Alexis Sarrazin : Nos fonds article 8 et article 9 majoritairement alignés avec la Taxonomie européenne bénéficient de l’expertise d’une équipe ESG chez Schelcher. Ils sont intégrés dans nos processus d’investissement et de gestion et nous assistent également sur les activités de reporting investisseurs. Nous pensons que c’est une marque de sérieux pour répondre au mieux aux besoins réglementaires qui s’appliquent à nos fonds et à nos investisseurs.

Allianz France – Données clefs 

  • Encours sous gestion dette infrastructure : 2,2 milliards d’euros avec une approche dites « core » prudente, 90 % de l’exposition est notée Investment Grade.

Benjamin Schmitt : Nous avons lancé cette année un nouveau fonds classé article 8 SFDR ouvert aux investisseurs institutionnels européens et asiatiques. Sa stratégie cible uniquement des financements d’infrastructure privés qui génèrent des externalités positives environnementales ou sociales, elle est encadrée par les normes réglementaires d’investissement les plus exigeantes comme la Taxonomie européenne, mais aussi les normes internationales comme les obligations vertes ou les prêts sociaux. Les procédures d’investissement et de reporting ont été renforcées pour ce nouveau fonds, avec en support une méthodologie propriétaire pour l’évaluation des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance, en plus de l’addition de nouvelles ressources spécialisées et un travail plus poussé sur le reporting de la performance extra-financière des actifs. Pour ce qui est des règles de solvabilité, nous pensons qu’ajouter un volet vert ou sociétal aux règles actuelles, tout en gardant les critères robustes d’éligibilité des infrastructures, serait positif pour diriger davantage le capital des compagnies d’assurances vers les stratégies d’infrastructure privées qui se concentrent à 100 % sur l’investissement durable.

Nicolas Boulet : La réglementation européenne (SFDR, Taxonomie) pousse l’ensemble des investisseurs à venir financer la décarbonation de nos économies. Outre le fléchage des investissements, elle nous oblige à mettre en place un certain nombre de reportings. Nous devons dans ce cadre être exigeants vis-à-vis des sociétés de gestion, celles-ci doivent nous fournir des indicateurs de performance extra-financiers précis, des rapports… Ces informations nous servant notamment à élaborer le rapport associé à l’article 29 de la loi sur la transition énergétique. Nous avons publié cet été notre rapport développement durable en ligne avec les nouvelles exigences de ce texte. Par ailleurs, si nous voulons augmenter nos allocations sur ces thématiques et pour rendre celle-ci plus efficiente, il faudrait diminuer la charge en capital – dans le cadre de la directive Solvabilité 2 – associée à nos investissements dans les stratégies d’infra equity et sur la dette en particulier sur des projets crossover (notés en BB). Nous disposons maintenant d’une longue expérience sur ces stratégies et avons constaté que le taux de défaut est faible. De plus, en cas de défaut, le recouvrement est plus important que dans le cadre d’un actif corporate classique. La classe d’actifs infra dette devrait donc être traitée différemment dans la directive Solvabilité 2. Enfin, l’Etat a aussi un rôle à jouer dans le cadre de l’élaboration des tranches d’investissement : il pourrait donner des garanties sur un certain nombre de projets afin de faciliter le financement de projets innovants et/ou risqués associés aux transitions énergétiques et digitales. Cela est aussi vrai sur les infrastructures sociales qu’il faudra financer dans les années à venir.

«La classe d’actifs infrastructure a tout son sens dans un portefeuille institutionnel, mais elle répond aussi à une demande de nos clients qui veulent financer la transition énergétique et digitale et les régions par le biais de leur épargne. »

Nicolas Boulet

Directeur de la stratégie d’investissement

Allianz France

Quels sont les besoins en matière d’infrastructure sociale ?

Philippe Benaroya : Dans le passé, nous avons été nombreux à investir massivement dans les infrastructures sociales, mais les opérations sont maintenant moins fréquentes. Par ailleurs, elles sont devenues chères au regard des autres secteurs.

Jean-Francis Dusch : Nous avions le même constat initial, mais l’an dernier, nous avons augmenté la part de nos investissements dans les infrastructures sociales en lien avec la thématique de l’efficience énergétique. Nous avons financé des actifs dans le domaine de la santé et de l’éducation pour des montants de l’ordre de 50 ou 80 millions d’euros et avec des spreads plus en ligne avec ce que nous recherchons, + 250 points de base par exemple pour de la dette senior de qualité BBB. A titre d’exemple, sur le segment investment grade, ces opérations offrent historiquement des spreads de 100 ou 150 points de base. Nous avons donc généré un rendement additionnel.

Benjamin Schmitt : Nous avons récemment commencé à regarder de façon sélective des actifs dans le domaine des infrastructure sociales qui ne sont pas organisés comme des partenariats public-privé. C’est un secteur où les modèles d’affaires sont moins standardisés que dans d’autres, mais qui est amené à croître dans les prochaines années au regard des besoins importants en capitaux privés, dans un contexte d’endettement public élevé.

Quelles opportunités de développement pour les fonds ?

Les particuliers peuvent-ils investir sur cette classe d’actifs et à quelles conditions ?

Nicolas Boulet : La classe d’actifs infrastructure a tout son sens dans un portefeuille institutionnel, mais elle répond aussi à une demande de nos clients qui veulent financer la transition énergétique et digitale et les régions par le biais de leur épargne. Nous essayons de trouver des solutions dans le cadre des fonds en euro classiques ou à travers les unités de compte (UC), qu’il s’agisse de fonds de capital-investissement ou de fonds de dettes spécialisés sur les infrastructures. La structuration nécessite du temps car nous devons travailler avec les bons acteurs. Il faut aussi faire preuve de pédagogie et expliquer le fonctionnement de ce type de produits à nos assurés.

Bérénice Arbona : Du côté de LBPAM, ce sont aussi des sujets sur lesquels nous travaillons. Nous avons lancé en 2022 notre première unité de compte (UC) investie dans des actifs infrastructure et disponible dans les contrats d’assurance vie distribués par le groupe La Banque Postale. Ces produits constituent, selon nous, un véritable vecteur de développement de la classe d’actifs car ils constituent un moyen pour les particuliers de donner du sens à leurs investissements en soutenant des projets concrets contribuant à la transition écologique et à l’amélioration de la qualité de vie des populations.

Jasmin Capital – Données clefs 

  • Effectifs dans l’expertise : 16 personnes 
  • Philosophie de conseil en quelques mots : Jasmin Capital sélectionne des gérants de fonds d’infrastructure en equity ou dette, ayant un historique de performance dans le premier quartile, associés à une équipe d’investissement expérimentée et avec une forte dimension ESG.

Philippe Benaroya : Nous avons lancé ce type de produits sur le marché français et sur le marché allemand il y a plus de deux ans. Le fonds français qui est distribué via le réseau de Generali France a atteint aujourd’hui la taille de 400 millions d’euros (à fin août 2022). Nous avons dupliqué un produit équivalent en Allemagne. Nous avons choisi, dès le lancement de la stratégie éligible à l’investissement des particuliers via l’assureur, de combiner la stratégie dette et la stratégie fonds propres afin d’offrir un couple risque/rendement et une diversification les plus attractifs possible. Ces produits rencontrent un grand succès auprès des particuliers.

Jean-Christel Trabarel : Ces produits remportent aussi des succès auprès de la clientèle privée. Il y a quelques années, les banques privées ne proposaient que des produits de capital-investissement à leurs clients fortunés ; maintenant, elles mettent aussi en avant des solutions dans les infrastructures. Il s’agit souvent de fonds qui associent de la dette et de l’equity et ces fonds rencontrent un réel succès car ils permettent de diversifier le patrimoine de ce type de clientèle, avec un couple risque/rendement attractif.

Comment les gérants parviennent-ils à se différencier face à un marché très compétitif ?

Philippe Benaroya : Nous possédons tous beaucoup de points communs : la même vision du marché, des processus de sélection et des politiques extra-financières qui ne sont pas très différents. Nous constatons en revanche des différenciations sur la taille et sur le périmètre d’investissement. Pour nous, ce dernier doit être le plus étendu possible et avec le moins de contraintes. Nous devons aussi être guidés par la valeur relative financière et extra-financière. Enfin, la qualité de l’équipe, ses réseaux pour dénicher les meilleures transactions comptent aussi pour beaucoup. Nous sommes également persuadés qu’il faut innover à tous les niveaux.

Benjamin Schmitt : Nous sommes tous différents dans le type de produits et stratégies même s’il y a des recoupements. Il est possible de se focaliser sur un ou des secteurs, une géographie (Europe, monde, marchés émergents, etc.), un profil de crédit (IG, crossover, junior, equity…), taux flottants ou taux fixes, etc. Comme il a aussi été indiqué, la qualité des équipes, des process, l’historique de performance ou encore les éventuelles pertes de crédit peuvent constituer des points de différenciation. En ce qui nous concerne, chez DWS, nous n’avons jamais enregistré de défauts dans le portefeuille de dettes infrastructures et possédons une capacité d’origination assez large car nous disposons d’équipes d’investissement infrastructure dette et equity basées en Europe et en Amérique du Nord.

«La dette infrastructure correspond à environ 30 % des fonds de dettes non cotées levées en France en 2021 et au quart des sommes levées par les fonds equity d’infrastructure sur les quatre dernières années.»

Jean-Christel Trabarel

Associé gérant et fondateur

Jasmin Capital

Jean-Francis Dusch : Il faut avoir des convictions. C’est ce qui définit Edmond de Rothschild Asset Management. Nous avons cru très tôt à la transition énergétique et aux infrastructures digitales. Nous sommes aussi intervenus très tôt comme un arrangeur des instruments de dettes dans lesquels nous investissions. Le développement de produits est clef. Il faut être agile et innovant et adapter nos produits à de nouveaux types de financement pour assurer la pérennité des actifs que nous finançons au service de la société et d’infrastructures propres (dette senior, junior…). Il faut aussi être très rigoureux dans la sélection, l’analyse et la structuration de nos actifs. Nous gérons de l’argent d’investisseurs, de citoyens. Notre responsabilité est importante. Les expertises au sein de l’équipe sont aussi très pointues. Outre des experts du financement et de la structuration, nous avons recruté des spécialistes du secteur ou venant de l’industrie publique car nous finançons des actifs régulés et des actifs réels.

Bérénice Arbona : Le travail en amont sur des thématiques extra-financières que nous menons depuis 2016 nous donne une longueur d’avance sur des sujets ESG ou encore sur la mise en place d’indicateurs d’impact cohérents. Pour citer un exemple, nous avons assez tôt réalisé des tests d’alignement de nos portefeuilles par rapport à un scenario de température afin d’évaluer en amont la pertinence de chaque investissement par rapport aux trajectoires définies par les accords de Paris.

Alexis Sarrazin : Le sourcing, ou la capacité à aller chercher des opportunités qui passent sous le radar des investisseurs dans le cadre des segments small et mid-market et sur lesquels nous pouvons aller chercher de la valeur, nous permet de nous différencier. La discipline en matière d’investissement, de procédures, de suivi des risques, de définition des infrastructures, nous paraît aussi primordiale pour capitaliser sur les propriétés de la classe d’actifs. Enfin, nous avons l’ambition de contribuer aux objectifs extra-financiers de nos investisseurs à travers les investissements de notre plateforme infrastructure transition et grâce à l’expertise ESG et impact développée par les équipes de Schelcher.

Qu’attendez-vous des gérants, en tant qu’investisseur institutionnel ?

Nicolas Boulet : Beaucoup de critères ont été mentionnés par les gérants. Le plus important pour nous est le critère humain. La qualité des équipes, leur historique de performance, leur capacité à sourcer des deals, à les suivre, mais aussi leur façon de réagir en cas de problème et donc de restructuration sont primordiaux. L’autre aspect différenciant, également déjà mentionné, relève de la partie extra-financière. Certaines sociétés de gestion intègrent de longue date des critères extra-financiers, d’autres s’y sont mises plus tard. Dans un environnement réglementaire en constante évolution, les sociétés de gestion doivent pouvoir partager un grand nombre d’informations dans ces domaines avec les investisseurs. 

Les intervenants

Benjamin Schmitt, responsable de la dette senior et junior en Europe pour les fonds et mandats de dette infrastructure de DWS

Avant de rejoindre DWS, Benjamin a travaillé comme banquier en financement de projets chez Intesa SanPaolo et au sein de la division d’investissement de Morgan Sindall Group à Londres. Benjamin a débuté sa carrière en 2005 au sein de l’équipe Real Estate Structure Finance de la Société Générale Corporate & Investment Bank à Paris. Benjamin est titulaire d’un Master en Management (« Diplôme Grande Ecole ») de l’EDHEC Business School.

Jean-Christel Trabarel, associé gérant et fondateur de Jasmin Capital, société de conseil en investissement non coté

Il compte plus de vingt ans d’expérience en conseil. Il a débuté sa carrière sur des projets de McKinsey & Co chez Aluminium Pechiney. En 1999, il a intégré le cabinet de conseil pour les institutions financières Synagir puis en 2001, à sa création, Périclès Consulting. Il rejoint ensuite le cabinet de conseil en stratégie Advention Business Partners, puis crée Jasmin Capital en 2011. Il est ingénieur de l’INSA Toulouse et a suivi un DEA d’économie mathématique de l’Ecole Doctorale de Sciences Economiques de Toulouse.

Nicolas Boulet, directeur de la stratégie d’investissement d’Allianz France

Il a rejoint le Groupe Allianz il y a 15 ans et après différentes fonctions au sein des équipes investissements il dirige depuis 2021 la Stratégie d’Investissement d’Allianz France.

Alexis Sarrazin, directeur d’investissement et responsable de la gestion des fonds de dette de la Plateforme Infrastructure Transition chez Schelcher Prince Gestion

Alexis possède plus de 18 ans d’expérience dans le conseil, le financement et l’investissement dans des projets d’infrastructure, avec un focus particulier sur le financement des secteurs liés aux transitions énergétique et digitale, telles que les énergies renouvelables, les télécoms et les nouvelles mobilités électriques. Alexis a une expérience dans la banque (Natixis, Lloyds) et dans la gestion d’actifs (SCOR IP, Mirova) et est diplômé de l’ESSEC.

Philippe Benaroya, directeur associé d’Infranity

Philippe Benaroya, a 27 ans d’expérience dans le financement d’infrastructure, dont 21 ans en buy-side. Il a été pionnier dans le domaine de la dette d’infrastructure en étant cofondateur et codirecteur de la plateforme européenne de dettes d’infrastructures de BlackRock. Il possède également une dizaine d’années d’expérience en matière de dette d’infrastructure dans le secteur de l’assurance (FSA). Il a aussi collaboré au sein de Schroders en tant que conseil en financement d’infrastructures. Philippe Benaroya est diplômé en ingénierie de l’Ecole nationale des ponts et chaussées.

Bérénice Arbona, responsable de l’équipe Dette Infrastructure de La Banque Postale Asset Management (LBPAM)

Diplômée de l’EM Lyon, Bérénice Arbona dispose de 19 ans d’expérience dans le domaine des financements de projets d’infrastructure au sein d’institutions bancaires et chez des sponsors industriels. Elle a débuté sa carrière en 2003 au sein des groupes Autoroutes du Sud de la France (maintenant intégré au groupe Vinci), puis d’Eiffage où elle avait la charge de la structuration des financements des projets d’infrastructure autoroutières, ferroviaires et des partenariats public/privé (PPP). Elle intègre en 2007 l’équipe infrastructure de Dexia Crédit Local. En 2012, elle rejoint Alstom Transport pour prendre en charge la structuration des financements des projets de concessions et de PPP de lignes ferroviaires et de tramway. Elle a rejoint LBP AM en 2014 en tant que gérante et devient responsable d’équipe en 2020.

Jean-Francis Dusch, directeur de la gestion en dette d’infrastructure, membre du comité exécutif, chez Edmond de Rothschild Asset Management

Basé à Londres depuis 1998, Jean-Francis a rejoint Edmond de Rothschild en 2004 au sein du département Infrastructure, Real Assets & Structured Finance. Il a 28 ans d’expérience dans le domaine du financement de projets d’infrastructures. Il a contribué au développement réussi de l’activité de conseil financier en Project Finance et de structuration de fonds de Private Equity. Ces multiples expériences ont contribué à la création du fonds Benjamin de Rothschild Infrastructure Debt Generation en 2014. Jean-Francis Dusch est diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris et de l’Université de Droit de Paris II.

En bref

La conjoncture actuelle permet de mettre en lumière les avantages de la dette infrastructure : sa solidité, sa capacité à coller au passif des investisseurs de long terme, et surtout à leur volonté d’investir dans les secteurs liés à la transition énergétique, à la cohésion des territoires et à la transition numérique. Les infrastructures se situent en effet au cœur des problématiques de l’Europe : l’indépendance énergétique, la transition vers un monde moins carboné ou encore l’inclusion sociale. Les gérants se positionnent ainsi de plus en plus sur des infrastructures traditionnelles qui cherchent à s’adapter à ces nouvelles thématiques et peuvent par ce biais revaloriser leur modèle d’affaires. Ces évolutions permettent aussi aux fonds de dettes infrastructures de s’inscrire dans les changements réglementaires promus par les institutions européennes (taxonomie et règlement SFDR). Les investisseurs institutionnels, lorsqu’ils sélectionnent des fonds ou initient des mandats, mettent l’accent de leur côté sur la qualité des équipes et sur leur capacité à répondre à leurs besoins en termes de diversification et de reportings extra-financiers.

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