Alors que la compagnie aérienne Corsair est sous le coup d’une enquête de la Commission européenne depuis le mois de février, son PDG s’affiche confiant par rapport à cette procédure. « Je suis serein parce que ce n’est pas une surprise, c’est une étape purement technique », avait déclaré Pascal de Izaguirre sur BFM Business le 22 avril dernier.
Bruxelles enquête malgré tout et ne fera pas de cadeau
La modification du plan de restructuration de l’entreprise française doit être examinée par l’Europe. Corsair avait établi un plan pour se redresser des difficultés financières durant la période Covid. Il comprenait des mesures de soutien de l’État français pour un montant total de 136,9 millions d’euros, ce que la Commission européenne avait approuvé en décembre 2020.
Mais trois ans plus tard, en décembre dernier, la France a présenté à l’institution européenne des modifications à ce plan, comprenant « des ajustements des instruments de financement existants ainsi que des incitations fiscales supplémentaires », dont un possible allègement de la dette de Corsair avec un abandon de créances. Selon un article du journal Le Monde paru en décembre, la dette de la compagnie auprès de l’État français est dorénavant de 147 millions d’euros.
Ces changements conséquents ont poussé Bruxelles à ouvrir une enquête, souhaitant des investigations plus poussées pour vérifier l’adéquation du nouveau plan avec le droit communautaire. « Notre réponse est prête, on est parfaitement alignés avec l’État français », a assuré Pascal de Izaguirre.
Air Caraïbes – French Bee conteste le soutien de l’état français
Le magazine Challenges a rapporté ce lundi 27 mai les éléments transmis à la Commission européenne par le groupe Dubreuil (Air Caraïbes, French Bee) pour contester le fondement même d’un nouveau soutien de l’État français à Corsair.
Pour son concurrent, Corsair n’a pas présenté à Bruxelles une continuité du précédent plan datant de 2020 basé sur le soutien aux économies ultramarines, mais bien un nouveau plan s’appuyant cette fois sur l’ouverture de lignes aériennes vers l’Afrique francophone, via l’entrée au capital du Congo Brazzaville. De fait, la compagnie aérienne ne peut prétendre à deux plans d’aide de l’État en moins de 10 ans et la Commission européenne, qui a elle aussi relevé le changement de cap de Corsair, pourrait bien tiquer.
Le groupe Marietton dans le tour de table
Toujours selon Challenges, l’aide promise par l’État est conséquente : « abandon de 103 millions d’euros de dettes et 44 millions de rééchelonnements et crédits d’impôt ». Ce qui porterait le soutien financier à 200 millions d’euros au total selon Le Monde depuis la période Covid.
Le site L’Informé délivre pour sa part des informations sur la hausse de capital de 30 millions envisagée grâce à l’entrée de fringants actionnaires dans le tour de table comme le Congo Brazzaville (40% des parts pour 15 millions d’euros) ou encore le groupe Marietton (Havas Voyages), présenté comme le plus gros actionnaire privé avec 4,5 millions d’euros posés sur le tapis. Présent à La Réunion via notamment sa prise de participation au capital de CBO Territoria, Yann Le Febvre (Exsel Authentic hôtels) fait partie des anciens actionnaires ayant accepté de remettre au pot.