Commerce maritime : pourquoi la bataille mondiale autour des infrastructures portuaires s’intensifie

Commerce maritime : pourquoi la bataille mondiale autour des infrastructures portuaires s’intensifie

Précieux terminaux portuaires ! Les grands armateurs de porte-conteneurs se les arrachent, les gouvernements évitent que trop d’investisseurs étrangers, surtout chinois, ne les rachètent. Les ports sont devenus des actifs de plus en plus stratégiques à mesure que la mondialisation entraînait la multiplication des échanges commerciaux – notamment grâce au transport par conteneurs. Ces points d’entrée et de réexpédition, qui voient transiter 90 % des marchandises solides et liquides de la planète, sont essentiels pour les Etats, soucieux de leur souveraineté, et pour les armateurs, qui sécurisent ainsi leurs activités.

Les armateurs d’abord. Ils veulent maîtriser la manutention et les zones de stockage dans les grands « hubs » portuaires, afin de décharger et de recharger sans attendre dans les ports. L’immobilisation d’un navire coûte en effet très cher. « Pour un porte-conteneurs transportant 24 000 conteneurs, on parle d’une centaine de milliers de dollars par jour », indique Rodolphe Saadé, président-directeur général du français CMA CGM, dans un entretien aux Echos du 24 septembre. Et, au Brésil, les temps d’attente peuvent durer dix jours.

C’est la principale raison pour laquelle le groupe de M. Saadé vient d’acquérir, pour 1,8 milliard d’euros, près de la moitié de Santos Brasil, premier opérateur portuaire brésilien avec plus de 40 % des entrées et sorties de « boîtes » du pays, l’objectif étant d’en prendre à terme le contrôle total. L’intérêt de cette puissance émergente, selon Rodolphe Saadé, tient à sa position de puissance à la fois importatrice et exportatrice, ce qui permet d’équilibrer les flux.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les Saadé, orfèvres des affaires en famille

Cette opération suit le rachat, en 2021, du terminal Fenix Marine Services de Los Angeles-Long Beach, premier port américain, pour près de 2 milliards d’euros ; puis, en 2023, de Global Container Terminals, qui gère les principaux terminaux du port de New York-New Jersey. Et ses acquisitions ne s’arrêteront pas là, prévient le patron de CMA CGM.

Diversifier l’activité

Le numéro un mondial, l’italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), tisse aussi sa toile, de Trieste (Italie) à Valence (Espagne), d’Abidjan à San Pedro (Côte d’Ivoire), et de Barcelone au Havre. Il va investir 1 milliard d’euros dans le port normand pour y traiter plus de conteneurs. A Hambourg (Allemagne), il était en concurrence frontale avec l’armateur allemand Hapag-Lloyd pour la prise de contrôle du manutentionnaire HHLA. Au total, sa filiale TIL exploite soixante-dix terminaux à conteneurs, avec les mêmes objectifs que CMA CGM : offrir un service rapide et fiable à ses clients de l’industrie et de la grande distribution.

Il vous reste 53.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Related Articles