Depuis la Curry Arena,
Cela fait dix ans qu’on repousse l’évidence, et il nous a suffi samedi d’un ultime shoot assassin pour craquer, à 35 secondes de la fin de cette finale des JO de Paris 2024. Oui, Stephen Curry est ABSOLUMENT INSUPPORTABLE lorsqu’il mâchouille son protège-dents qu’il s’amuse à rentrer et sortir de sa bouche 765 fois par match. Ce qui nous semblait être le plus futile détail possible lorsqu’il enchaînait les exploits sous le maillot des Warriors est en fait irritant au plus haut point dès son premier match olympique contre l’équipe de France.
Une stat permet de bien cerner le dépit (quand même teinté d’admiration) de chaque supporteur des Bleus face à la masterclass absolue du meneur américain, samedi en finale des Jeux (87-98). Après avoir cumulé un 5/20 à trois points lors de ses quatre premiers matchs du tournoi, Stephen Curry a enquillé un surréaliste 17/26 pour foudroyer Serbes (95-91) puis Français en demie et en finale.
« Tu peux juste être un peu témoin »
Ses 24 points à 8/12 longue distance (en 29 minutes) resteront à n’en pas douter l’une des perfs les plus iconiques dans une finale olympique. Surtout que la moitié de ses bombinettes ont été balancées dans l’ultra money-time pour achever les Bleus. Voici les quatre coups de poignard qui ont hanté notre nuit.
- A 2’50”, la France n’est qu’à trois points lorsque le loustic reçoit un ballon en tête de raquette. Dès sa prise de balle, il prend à contrepied Guerschon Yabusele et convertir son tir à une vitesse folle (de 79-82 à 79-85).
- A 1’55”, après un écran de LeBron James, il file sur l’aile gauche poursuivi par Nicolas Batum. A son tour, notre meilleur défenseur est pris dans la feinte de shoot clinique de Curry (de 81-87 à 81-90).
- A 1’20”, remarquablement servi par Devin Booker en tête de raquette, il efface d’une nouvelle feinte Nando De Colo pour une filoche assassine (de 84-90 à 84-93).
- A 40 secondes de la fin, après un échange avec Kevin Durant, il tourmente Nicolas Batum d’un dribble dans le dos, puis il s’écarte et se recule à 8 mètres. Là, plutôt que de servir LeBron James ou Kevin Durant archi seuls à l’opposé, et malgré l’aide d’Evan Fournier en plus, il porte l’estocade en déséquilibre (de 87-93 à 87-96).
« Que voulez-vous que je vous dise, soupirait Evan Fournier après la rencontre. On a tout donné en tout cas, il n’y a aucune honte à avoir. » Un sentiment d’impuissance partagé par Guerschon Yabusele, qui fait donc partie des quatre victimes directes de ce coup de chaud des trois dernières minutes : « Face à des joueurs aussi flamboyants que Stephen Curry à la fin, tu ne peux rien faire quand il prend feu, à part être juste un peu témoin ».
« Je ne voyais pas qui était devant moi »
Egalement passé sur la photo, Nando De Colo confie : « Il n’y a pas grand-chose à faire de plus. Sur le moment on pense qu’on est là, et c’est juste un joueur qui a des qualités exceptionnelles et qui arrive à mettre des shoots incroyables ». Tout cela rappelle à quel point le MVP de la NBA en 2015 et 2016 est un « cheat code » dans sa propension à dégainer à n’importe quelle distance, et quel que soit le profil du/des défenseur(s) face à lui.
« A chaque tir, je pense que ça va rentrer, expliquait samedi soir l’artificier US, indéniable plus grand shooteur de l’histoire de ce sport. A la fin, je ne voyais que le cercle, je ne voyais pas qui était devant moi. Je me suis impressionné moi-même sur ce dernier tir. Ces dernières minutes étaient spéciales, les gars me chauffaient et je m’amusais. »
Chambré par Anthony Edwards lui indiquant qu’il avait « rejoint le groupe il y a trois jours », au vu de ses quatre premières rencontres quelconques, Stephen Curry s’est bien amusé en après-match aussi, en faisant péter le champagne sur les marches de Bercy puis en allant checker des fans, cigare au bec, devant l’hôtel parisien de Team USA.
Fin de carrière internationale, comme James et Durant ?
Il n’y a donc aucun regret à avoir côté tricolore, on ne pouvait qu’être « témoins » face à un tel récital ? « Au début du match, on aurait pu faire mieux pour éviter qu’il soit en confiance, nuance le meneur des Bleus Matthew Strazel. Une fois qu’il est en confiance, on ne peut rien faire, à l’image du dernier tir. Il y a deux joueurs sur lui, il y a même presque faute, et pourtant la balle tombe dedans. »
Notre dossier sur les JO de Paris 2024
Que le Monégasque de 22 ans se rassure : Stephen Curry a 36 ans, donc on l’imagine mal être encore présent pour flinguer son rêve olympique à Los Angeles en 2028, tout comme LeBron James (39 ans) et Kevin Durant (35 ans). Finalement, sera-t-on si triste que ça lorsque cette page du basket va officiellement se tourner ?