Ça fait maintenant un peu plus d’un an que l’écosystème tech mondial doit s’habituer à une nouvelle réalité. Nous ne sommes plus dans un monde où l’argent est gratuit et où les VCs se battent pour investir dans les meilleurs projets.
La crise des financements de la tech a bouleversé notre écosystème et maintenant que les PSE (plan social économique) sont dans la majorité des cas déjà réalisés et que le mot “rentabilité” est bien ancré dans la tête de tous, quelles sont les perspectives pour nos startups ?
Celle de transformer une future licorne en une PME rentable n’est pas un horizon très attractif que ce soit pour les entrepreneurs ou les talents.. Alors comment conserver l’attractivité de la French Tech dans cette période de crise ?
La GenAI pourrait bien être la révolution qu’il fallait pour relancer un écosystème à l’arrêt ou presque. Plusieurs raisons qui plaident pour cela :
1) Une multitude de nouveaux marchés
Certains comparent l’arrivée de la GenAI comme une révolution similaire à celle d’internet dans les années 2000 ou du mobile plus récemment.
Certes l’arrivée des LLMs n’est pas une révolution technologique en soit mais c’est une révolution d’usage qui offre une quantité presque infinie d’opportunités. Une grande partie de nos métiers vont être bouleversés par des nouveaux outils qui vont dans un premier temps renforcer l’impact de chaque salarié (avant peut-être de remplacer certains métiers mais c’est un débat pour plus tard).
Prenez Nabla qui aide les médecins à se concentrer sur leur consultation plutôt que leur prise de notes, Photoroom qui rend des photos ordinaires en photos professionnelles ou par exemple Seyna qu’on a accompagné avec Mozza (product studio qui accompagne les startups sur la conception de produit) sur la création d’un chatbot à destination des courtiers d’assurance.
Chaque industrie va être impactée et cela offre un nouveau terrain de jeu très vaste à tous nos entrepreneurs ambitieux.
2) Un coût d’opportunité largement réduit
C’est sûrement la raison principale qui pousse à l’optimisme. Alors que nous sortons d’une vague d’investissement massif dans des modèles très cash-intensive comme le quick commerce ou web3, la GenAI devrait permettre de voir des belles innovations sortir à moindre coût.
Si l’utilisation des LLMs peut être très coûteuse une fois qu’elle est mise à l’échelle, la création de produits qui vont leverager ces outils est elle beaucoup plus accessible.
Uniquement avec une bonne utilisation des modèles et avec des coûts et des temps de développement très réduits, nous voyons beaucoup de produits se lancer pour disrupter des nouvelles industries et tester des premières hypothèses.
S’il est encore un peu tôt pour avoir des outils qui aident réellement à concevoir en quelques prompts des apps prêtes à être publiées, on peut raisonnablement penser que ce sera possible d’ici quelques années ou même quelques mois (Galileo par exemple avance rapidement sur la partie design).
Il n’y aura alors plus aucune barrière pour entreprendre et le succès se fera sur une grande capacité à apprendre du marché et itérer rapidement pour trouver un Product Market-Fit.
3) La reprise des investissements
Dans la lignée de mon point précédent, on peut clairement penser que l’arrivée de la GenAI va marquer la reprise des investissements.
Les fonds cherchent désormais des perspectives de rentabilité rapides. C’est très difficile à obtenir sur des modèles ou nous devons financer des coûts de développement ou d’acquisition importants.
En revanche, avec un accès à la technologie simplifié, un potentiel d’exécution décuplé et des marchés très larges à attaquer, on peut penser que la route vers la rentabilité va être plus accessible.
Quid des exits ? C’est souvent un sujet dans la FrenchTech, nous comptons de plus en plus de licornes mais nous avons encore du mal à réaliser des exits ou IPOs qui viennent récompenser nos VCs pour leur investissement initial et dans le même temps relancer les investissements dans des entreprises plus jeunes.
La GenAI peut là-aussi jouer un rôle pour favoriser ces opérations. L’industrie va bouger très vite et devenir très compétitive. Plutôt que de se battre pour gagner des parts de marché, c’est très probable qu’elle se consolide avec de gros acteurs qui procèdent en peu de temps à beaucoup d’acquisitions.
Autre perspective intéressante, le gouvernement soutient également cette reprise des investissements avec le plan France 2030 doté de 54 milliards d’euros qui vise à “développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir”.
4) La FrenchTech de nouveau attractive
Les talents, ce sujet si sensible qui était au centre des préoccupations il y a encore quelques mois.
La tech a réussi depuis plusieurs années à attirer les meilleurs talents en proposant un modèle si attractif qu’il concurrencait les gros salaires des banques ou cabinet de conseil.
Ce modèle est basé sur une promesse de révolutionner un marché, de packages attractifs, des responsabilités importantes et rapides et des BSPCEs qui si on choisit le bon cheval peuvent vite devenir très intéressants.
Malheureusement la récente crise a impacté l’attractivité de l’écosystème, après des années éprouvantes en startup, on voit de plus en plus de talents repartir dans des entreprises plus traditionnelles. Ils ont l’occasion de trouver un environnement stable, avec des responsabilités importantes, des packages attractifs et les moyens de leurs ambitions.
L’écosystème qui se relance va permettre de conserver la promesse initiale (croissance, responsabilité, package).
Au-delà de ça, les jeunes talents n’ont pas envie de passer à côté de cette révolution GenAI. Ils ont envie d’y prendre part, d’innover, de créer et d’être au cœur des acteurs qui vont disrupter les métiers de demain.
Pour avoir échangé avec beaucoup de dirigeants de corporates et de scale-ups ces derniers mois sur ces sujets, leur niveau de maturité est relativement proche. En revanche, la capacité d’exécution ne sera pas comparable et comme souvent, ce seront des start-ups que viendront les principales innovations.
La France va devenir la place forte de l’écosystème tech européen
Vous l’aurez compris, je suis extrêmement optimiste pour l’avenir de la FrenchTech et je pense que d’ici quelques années, nous allons devenir la place forte de l’écosystème tech européen.
La France a déjà des bases solides pour le développement des startups avec notamment les investissements importants de la BPIs, la présence de grands fonds d’investissement, un système social qui favorise la prise de risque (chômage, sécurité sociale).
Sa principale force, ce sont les talents formés dans nos plus belles écoles. Depuis des années les géants de la tech viennent piocher des ingénieurs français pour mener des projets de recherche d’envergure dans leur entreprise.
Avec l’arrivée de la GenAI on peut imaginer une vague de retour de ces talents qui sont les mieux placés pour lancer les plus belles startups de demain. Elle a en réalité déjà commencé avec par exemple les founders de Mistral (ex-Google Deepmind) ou Nabla (ex-Facebook).
Si vous êtes un entrepreneur preneur français, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour démarrer un projet, c’est donc le moment de se lancer !