Thomas Jolly, le metteur en scène de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris et Daphné Bürki, directrice styliste et costumes étaient invités dimanche matin sur le plateau de BFMTV. L’occasion pour eux de répondre à certaines critiques sur le show, dont celles du leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Rarement une cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques aura suscité autant de commentaires. Vendredi soir, le spectacle XXL proposé à Paris sur la Seine, hors du stade (une première dans l’histoire des JO), n’a pas plu à tout le monde. Parmi les critiques les plus marquantes, celles de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas passées inaperçues. Si le leader de la France insoumise a vu un “spectacle réussi”, il n’a pas été convaincu par tous les tableaux. Et en particulier par certaines mises en scène comme “la tête coupée de Marie-Antoinette” que les spectateurs ont pu voir sur une fenêtre de la Conciergerie. “La peine de mort et l’exécution de Marie-Antoinette sont d’un âge des punitions que nous ne voulons plus revoir”, a écrit Jean-Luc Mélenchon sur une note de blog.
“Dans ce cas, on retire beaucoup de films, de pièces de théâtre, de représentations artistiques, lui a répondu Thomas Jolly, le metteur en scène de la cérémonie d’ouverture, dimanche sur BFMTV. J’ai voulu être très théâtral. On a poussé les maquillages, ça se voit que tout est en plastique. On a poussé le trait juste pour dire : “on est vraiment dans une représentation artistique” et pas dans une glorification de cet instrument de mort qu’était la guillotine. Evidemment.”
Bürki : “Un immense respect de l’histoire de France et de l’histoire de l’olympisme”
A ses côtés, Daphné Bürki, directrice styliste et costumes, défend aussi l’audace de Thomas Jolly : “On a suivi le cours du fleuve et le cours de l’histoire. On passe devant la Conciergerie, ça dit qu’on va évoquer la Révolution française. Tout d’un coup, ça devient un spectacle avec du sourire aussi. Et puis Marie-Antoinette est devenue une icône pop. Elle fait partie de la pop culture. C’est intéressant de la traiter comme ça.” Et d’ajouter, cinglante : “C’est marrant, ceux qui réagissent un peu trop à chaud alors qu’il y a un immense respect de l’histoire de France et de l’histoire de l’olympisme et dont les deux piliers sont le sport et la culture. On est là pour essayer d’en faire un immense show sur six kilomètres. Mais je pense que ça a été bien perçu.”
Autre critique de Jean-Luc Mélenchon, la performance déjantée et très commentée de Philippe Katerine dans un décor et des costumes qui pouvaient évoquer la Cène chrétienne, le dernier repas du Christ avec ses apôtres. “Je n’ai pas aimé la moquerie sur la Cène chrétienne”, a écrit Jean-Luc Mélenchon. “Cela ne concerne pas tout le monde. Mais je demande : à quoi bon risquer de blesser les croyants ? Même quand on est anticlérical ! Nous parlions au monde ce soir-là.”
Jolly : “Si on utilise notre travail pour regénérer à nouveau de la haine…”
Réponse de Thomas Jolly : “Ce n’est pas mon inspiration (la Cène chrétienne). Il y a Dyonisos (Philippe Katerine peint en bleu) qui arrive sur cette table. Il est là parce qu’il est le Dieu de la fête dans la mythologie grecque. Le dieu du vin qui est un des fleurons de la France. Et le père de Sequana, la déesse qui est reliée au fleuve, la Seine. L’idée était de faire une fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe. Vous ne trouverez jamais chez moi une volonté de moquerie et de dénigrer qui que ce soit. J’ai voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie. Et aussi qui réaffirme les valeurs de notre République, liberté-égalité-fraternité.” Et le metteur en scène de regretter : “Par contre, si on utilise notre travail pour regénérer derrière ce moment d’union à nouveau de la division, de la haine alors qu’elle continue de progresser, alors ce serait très dommage.”