Le gouvernement a déposé ce week-end un amendement prévoyant d’autoriser les casinos en ligne dans le cadre du projet de budget 2025 dont l’examen s’ouvre lundi à l’Assemblée nationale.
« Cette ouverture procède d’une mise en cohérence du cadre des jeux avec nos principaux voisins européens, la France étant, avec Chypre, le seul pays de l’Union européenne à interdire les jeux de casino en ligne », indique le texte de cet amendement déposé samedi.
« Cette interdiction s’est accompagnée du développement d’une offre illégale importante ces dernières années. Selon l’étude commandée fin 2023 par l’Autorité nationale des jeux, le produit brut des jeux généré par l’offre illégale des jeux d’argent en ligne en France se situerait entre 748 millions et 1,5 milliard d’euros, soit entre 5 % et 11 % du marché global des jeux d’argent », rappelle-t-il.
Taxer un marché jusque-là illégal
Le gouvernement vise ainsi à « limiter l’impact sur la santé publique des consommateurs de jeux en ligne » et « contrôler cette offre de jeux qui ne cesse de croître ». « Cette autorisation doit s’accompagner d’une régulation spécifique qu’il est proposé de définir, en lien avec l’Autorité nationale des jeux et l’ensemble des acteurs concernés, par voie d’ordonnance », précise l’amendement.
Le texte prévoit de taxer les casinos en ligne à 55,6 % du produit brut des jeux, c’est-à-dire au même niveau que la catégorie générale des jeux de loterie en ligne.
Réclamée depuis plusieurs années par les opérateurs de jeux en ligne, la légalisation des casinos en ligne en France est en revanche décriée par les établissements physiques, qui plaident pour que ce marché leur soit réservé.
Un risque pour des milliers d’emplois ?
« Selon nos calculs, l’ouverture à la concurrence du casino en ligne entraînera une baisse du produit brut des jeux des casinos terrestres de l’ordre de 20 à 30 %, et la fermeture de 30 % des établissements », a alerté Grégory Rabuel, président du syndicat du secteur Casinos de France et directeur général du groupe Barrière, dans un entretien aux Échos publié lundi.
« Il y aura des conséquences catastrophiques, notamment sociales : on estime que 15 000 emplois seront supprimés. Plus globalement, cela revient à signer l’arrêt de mort des casinos terrestres », s’est-il inquiété.
« Dans les faits, le marché existe déjà. Donc une légalisation n’enlèverait pas grand-chose aux casinos » rétorque un partisan de l’autorisation auprès de l’AFP, évaluant les gains pour l’État à 1 milliard d’euros.