C’est l’une des histoires les plus incroyables jamais écrites sur les liens entre le basket américain et la France. Bob Cousy, meneur de jeu légendaire des Celtics, surnommé le « Houdini des parquets », n’est pas loin d’être le premier Français à avoir évolué en NBA.
En effet, son père était français, francophone et il est revenu plusieurs fois dans nos contrées. On est donc bien loin d’un Dominique Wilkins, dont le seul lien avec la France est d’être né à Paris.
Si Bob Cousy naîtra à New York, son père est natif de Belfort. Avec son épouse, une américaine arrivée en France à cinq ans, ils ont même vécu à Dijon… Le couple Cousy s’installe ensuite aux États-Unis et c’est là-bas que le petit Bob voit le jour en 1928.
Jusqu’à l’âge de 5 ans et son entrée à l’école, la future star des Celtics pratique et s’imprègne de la langue française parlée à la maison. S’il apprend l’anglais, c’est comme langue étrangère ou dans la rue avec ses copains ! Alors rédacteur en chef de Basket Hebdo, notre confrère Pascal Legendre avait échangé avec le sextuple champion NBA.
Aucun accent américain dans son français
Dans cet entretien, Bob Cousy avait parlé un peu français, avec des restes qui dataient des discussions avec sa mère, décédée dans les années 1980.
« Il n’a pas dit plus que les phrases retranscrites dans l’interview », se souvient Pascal Legendre. « Mais ce n’était pas le français d’un Américain. J’avais l’impression que c’était enfoui dans son cerveau même s’il ne s’en sert plus du tout. »
Même s’il a fait l’essentiel de sa vie aux Etats-Unis, Cousy n’a jamais oublié cette influence française. Il reviendra plusieurs en France, dont un souvenir fort, à 37 ans, où il va dans le village de son père pour retrouver la ferme familiale. Le MVP 1957 rencontre alors ses oncles, des paysans qui cultivent des pommes de terre et élèvent des chèvres.
« Je crois qu’ils étaient trois, même si je peux faire une erreur à ce propos. Ils travaillaient encore dans la ferme familiale. J’étais avec ma femme et mes deux filles qui avaient douze et treize ans. Mon Dieu ! Si mon père n’était pas venu aux États-Unis, au lieu de devenir « M. Basketball », j’aurais planté des pommes de terre dans cette ferme ! (Rires) », racontait Bob Cousy dans le numéro 115 de Basket Hebdo.
Des souvenirs et des noms oubliés
Dans la plus grande discrétion, l’un des 76 meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA est donc venu en Alsace en 1966, et plusieurs fois en France jusqu’en 1995, année de son dernier passage.
De ses voyages en France, Bob Cousy garde d’excellents souvenirs, notamment des rencontres avec le regretté Robert Busnel, ancien coach de l’Equipe de France et du Real Madrid, mais aussi ancien président de la Fédération Française de Basket-Ball puis de la FIBA.
« Comme j’ai mis quelques jours à l’appeler, par hésitation, il a réfléchi à tous ses instants en France », décrypte Pascal Legendre. « Tout ce qu’il m’a raconté n’était pas spontané. Néanmoins, c’est étonnant d’observer sa mémoire si vive et son attachement à son « parcours » français après tant d’années, avec des personnages du basket français désormais oubliés. »
Ces souvenirs français de Bob Cousy, racontés par Basket Hebdo dans deux numéros de 2015, et son histoire plus généralement, sont précieux puisqu’ils illustrent une époque révolue où l’information et la médiatisation des meilleurs joueurs de basket du monde n’étaient pas aussi outrancières et faciles que dans les années 2010.
Ces souvenirs sont aussi là pour nous rappeler que Bob Cousy est sans doute le premier « Français » de la NBA, et du même coup le plus titré et le plus prestigieux avec six titres NBA, un trophée de MVP, ou encore dix sélections dans la First All-NBA Team !
Article initialement publié en 2022