Face à la perte de compétitivité des sauteurs nés en Irlande face aux « FR » les institutions s’organisent. Horse Racing Ireland a annoncé la création d’un circuit de courses de haies pour 3 ans nommé « Academy Hurdle ».
Lossiemouth et Teahupoo, deux “FR” ayant couru en France à trois ans
Face a la part toujours plus importante de chevaux élevés en France s’imposant dans les plus belles joutes de l’obstacle outre-Manche, les éleveurs et professionnels de l’obstacle en général irlandais se sont beaucoup concertés ces derniers mois. Leur but ? Faire que les chevaux élevés dans la Verte Erin soient de plus en plus compétitifs à très haut niveau. En février dernier, lors d’un séminaire organisé par l’Irish Thouroughbred Breeders Association, le courtier français Bertrand Le Métayer expliquait ceci : « Il est clair que le programme si tardif pose un gros problème de sélection. En démarrant les courses à 5 ans en moyenne plutôt qu’à 3 ans, on perd de facto 2 ans de sélection, ce qui a pour conséquence un nombre de déchets beaucoup plus important en Irlande. Et on ne peut juger de la qualité concrète de sa poulinière que quand elle est vieille voire morte… Donc l’idée majeure sortie du séminaire est d’organiser beaucoup plus de courses de 3 ans, et donc des ventes de 2 ans. »
Ainsi un peu moins d’un an plus tard les mots se sont transformés en actes. Horse Racing Ireland a annoncé la création dès l’automne prochain des Academy Hurdles, des épreuves réservées aux seuls 3 ans n’ayant jamais couru en plat, ni en National Hunt (bumper et courses d’obstacle or point-to-point). La particularité de ces épreuves réside dans le fait que les gagnants de ces courses seront éligibles aux courses de bumper et aux maidens en obstacle. L’idée est simple : encourager les professionnels de l’obstacle à faire courir leurs chevaux « IRE » plus tôt. Car dans les faits, les courses de juveniles irlandaises étaient jusqu’ici exclusivement constituées de performers français et de chevaux de plat. Les chevaux « nés pour sauter » locaux empruntaient eux le circuit classique des point to point à 4 ans, puis des bumpers à 5, puis des maidens en haies à 6 ans.
Si cette mesure a pour but de tirer vers le haut la compétitivité de l’élevage local, elle n’est pas 100% protectionniste. Après avoir consulté les éleveurs, les décisionnaires irlandais ont décidé de ne pas exclure les chevaux « FR » de ces épreuves. En effet, une telle restriction aurait fait perdre en crédibilité et en compétitivité. Le cas contraire aurait été un coup dur pour les éleveurs d’obstacle français dont la pérennité est corrélée à des exportations annuelles de foals. Le risque de cette mesure pour nos français était que la sélection irlandaise soit plus efficace et dès lors que l’avantage concurrentiel acquis par les hexagonaux ne se réduise, voire disparaisse au fil des années. Il faudra alors redoubler d’ingéniosité et d’inventivité pour continuer à avoir de tels résultats face à un adversaire aux moyens financiers nettement supérieurs.