Une chose est sûre, Beyoncé n’a rien perdu sa superbe. Ce 25 décembre 2024, jour de Noël, la star mondiale a animé la mi-temps de la NFL durant un match de football qui opposait l’équipe des Baltimore Ravens à celle des Houston Texans. Cela faisait quatre ans que la chanteuse n’avait pas performé à la télévision. Truffé de références, son show fut l’occasion d’entendre pour la première fois en direct les morceaux de son dernier album, Cowboy Carter. Un moment suspendu dans le temps.
Beyoncé, reine de la perfection
Pour être une star mondiale, il faut être perfectionniste, et cela Beyoncé le sait depuis ses débuts. À l’instar de Taylor Swift et de son millimétré The Eras Tour, l’interprète de “Single Ladies” a livré hier soir un show d’anthologie au cœur du stade d’Houston. Parfaitement pensé, le concert fut le miroir de l’album country Cowboy Carter, sorti plus tôt dans l’année, en mars 2024. Hommage à la musique country, celui-ci est une manière de s’approprier un genre bien trop souvent associé à une Amérique blanche et traditionaliste, pour la compositrice qui a grandi au Texas. En effet, la country est née d’un métissage culturel, d’abord dans les Appalaches auprès des immigré·es irlandais·es et écossais·es, puis avec la communauté noire dans les années 1920. Désormais, Beyoncé se place en fière descendante de ses courants musicaux et y revendique une appartenance.
Une prestation puissante, livrée le soir de Noël
Aux côtés de Post Malone, Shaboozey ou encore de sa fille Blue Ivy, la star a dévoilé un numéro inédit en interprétant pour la première fois des titres jamais entendus. Pour ce faire, elle a imaginé plusieurs tableaux comme lorsqu’elle entre dans le stade à cheval, vêtue de blanc et d’un chapeau de cow-boy. Le décor est spectaculaire lorsque la chanson “16 Carriages” ouvre le bal, laissant apercevoir un immense drapeau américain en second plan. Peu après, Beyoncé descend de l’animal et prend place sur une scène entourée d’une troupe de danseur·euses. “Ya Ya”, “My House”, “Sweet Honey Buckiin”… Les différentes partitions se sont enchaînées en même temps que les symboles américains. Chapeau blanc, gros pick-up, l’hymne si typique “Jolene” chanté avec (et par) Dolly Parton… La chanteuse bouscule les codes autant artistiquement que physiquement, comme elle entend si bien le faire avec cet album. Dans un article du Times, il était notamment dit sur son costume : “Lorsque Knowles-Carter se pare de vêtements western, ce n’est pas un signal de vertu adressé aux gardiens de Nashville pour la laisser entrer. Ce n’est pas un drapeau blanc pour indiquer sa reddition, une reconnaissance du fait que pour être acceptée dans l’industrie de la musique country, elle doit s’assujettir à leur volonté. C’est sa trompette. Une trompette dans laquelle il faut souffler pour que les murs du Music Row de Nashville s’effondrent, afin que les héritiers légitimes de la musique country puissent entrer.”
Ainsi, Beyoncé occupe l’ensemble du terrain, comme elle sait si bien le faire. Durant le morceau “Texas Hold ‘Em”, elle déclare : “Je suis tellement honorée d’être au Texas en ce moment.” En réunissant ses proches, l’Américaine bouleverse un État qui s’est construit sur l’exploitation des minorités. Forme de renaissance pour une population noire bafouée, la prestation de l’artiste fait écho à celles et ceux qui sont resté·es dans l’ombre d’un racisme systémique. Un moment qui restera dans les annales.