Vous avez toujours rêvé d’arborer un tatouage mais n’avez jamais osé franchir le pas ? Ces entrepreneurs ont trouvé la solution : l’enlever en fin de journée ! Comment ? En proposant d’appliquer son motif favori directement sur un vêtement, pour le réparer ou simplement pour le plaisir de le personnaliser.
De projet étudiant à ambition entrepreneuriale
L’aventure Tricote-moi un tattoo commence par un projet de fin d’études. Caroline Juteau, qui termine sa formation de styliste, propose un concept original, qui mêle l’univers du tricot traditionnel et celui de l’art du tatouage. L’esthétique de certains motifs lui plaît et elle remarque qu’ils s’appliquent aussi bien à la peau qu’à certains vêtements. Elle trouve aussi intéressant de mêler un monde hérité de nos grands-parents et les codes plus anarchiques du tatouage, offrant une forme d’expression nouvelle et singulière. L’ébauche de ce qui deviendra rapidement une ambition entrepreneuriale : en 2013, l’étudiante passe le pas et devient auto-entrepreneure.
En 2018, date de sa rencontre avec Vadim Ouaki, la décision de s’associer est prise et le projet prend une autre ampleur. Leurs compétences sont complémentaires : lui est photographe, il connaît le secteur de la mode et est aussi sensible aux enjeux d’une mode moins polluante. Ensemble ils se mettent à l’impression textile, qui leur ouvre plus de possibilités que le tricot, plutôt réservé à la saison hivernale. Et surtout, les entrepreneurs rejoignent l’incubateur Maisons de Mode à Lille, dans l’héritage textile du nord de la France, ce qui va grandement participer à la construction de leur légitimité dans ce secteur.
Une étape qui marque le début de nouvelles aspirations pour les deux entrepreneurs : se donner une nouvelle visibilité sur des salons tels que Who’s Next (salon des professionnels de la mode) et autres salons de créateurs, rencontres de réseaux de revendeurs (au Centre Pompidou, au BHV Marais…), ouvertures de pop-up, mise en place d’un site e-commerce … en un mot : développer leur marque !
Après la crise du Covid-19, une entière autonomie dans le modèle de création
Tout semble basculer en 2020, lors de la pandémie de Covid-19. Les entrepreneurs, qui avaient fait le choix de l’international et dont la marque commençait même à se vendre au Japon, se retrouvent comme tant d’autres obligés de se replier.
Une situation qui ne décourage pas les deux associés mais les incite à repenser leur stratégie. Pendant le premier confinement, ils visitent un local passage du Grand-Cerf, dans le 2ème arrondissement de Paris, et décident d’y ouvrir leur boutique. « Nous avons décidé de nous affranchir de tout ce qu’on avait fait jusque-là pour se concentrer sur une vie de commerçants de proximité et d’artisans », se souvient l’ancien photographe.
Une situation subie ? Finalement, pas vraiment. C’est pendant cette période que Caroline Juteau et Vadim Ouaki retrouvent une grande liberté dans leur créativité. « Avec les réseaux de revendeurs, on dépendait d’un calendrier, on devait lancer la production un certain temps en avance même pour de petites collections. Avec la boutique, on a un retour client direct, on peut faire des ajustements sur place, ce qui correspond bien à notre identité et au modèle de slow fashion et made in France que l’on représente », compare la créatrice.
L’adoption de la broderie marque également un tournant dans le modèle de création de Tricote-moi un tattoo : les deux entrepreneurs peuvent désormais tout faire eux-mêmes, et jouissent de cette totale autonomie pour mettre le client au cœur de la personnalisation, ne faire que du sur-mesure et l’accompagner selon ses envies. Comme pour un vrai tatouage ! « Les gens peuvent venir avec un moodboard, des mots qui les inspirent, ou une photo… Parfois, ils nous demandent des associations de couleurs ou de motifs auxquelles on n’aurait pas pensé mais qu’on trouve très cohérentes. D’un point de vue créatif, c’est à chaque fois un nouveau challenge ».
Tricote-moi un tattoo, la mode responsable
Ennoblir, réparer… Lors de leur passage en boutique, les clients ont le choix : choisir sur place une veste vintage avant de la personnaliser ou ramener leur propre vêtement, pour lui appliquer leur motif de rêve et lui offrir alors une seconde vie. Les entrepreneurs n’oublient pas que la mode est l’une des industries les plus polluantes au monde, et souhaitent que l’on puisse se faire plaisir avec un beau vêtement, sans forcément pousser à l’achat d’un neuf. Ils continuent de tout faire eux-mêmes, et de chiner des pièces uniques, pour le plus grand plaisir d’une clientèle qui souhaiter faire personnaliser ses vêtements par de vrais artisans tatoueurs de textile !