A Roland-Garros,
Les panamas sont rangés au fond du tiroir, les petites chemisettes remplacées par des vestes de mi-saison qui semblent encore un peu trop légères, les fiches de révision ont pris la poussière, la terre battue a été balayée par un terrain bleu et gris de saison entouré de vitres. A Roland-Garros, le tennis et ses rayons de soleil estivaux se sont mis de côté pour laisser, une semaine durant, le Greenweez Paris Major Premier Padel, de son nom complet, se dérouler sous la grisaille automnale.
Mais, pour les fidèles du tournoi de la porte d’Auteuil, il y a des choses qui ne changent pas. Le ravitaillement est toujours hors de prix (7 euros le hot dog, 5 euros le Coca, quelle indignité), le court Philippe-Chatrier n’affiche pas vraiment complet, loin de là, et l’ombre de Rafael Nadal plane au-dessus du complexe. Même au padel, le nom de l’Espagnol est sur toutes les lèvres, comme s’il fallait absolument évoquer le Taureau de Manacor pour pouvoir être autorisé à jouer dans son antre.
« Obligé de penser à lui »
Tous les joueurs interrogés ce lundi, lors du premier tour du tournoi, ont évoqué le nom de celui qui a levé à quatorze reprises la Coupe des mousquetaires. « T’es complètement obligé de penser à lui, explique à 20 Minutes le Français Maxime Joris, battu avec Thomas Vanbauce lors de leur entrée en lice sur le court Philippe-Chatrier. Rien que s’entraîner dessus, vendredi, on se disait que c’était quand même là que Nadal avait gagné 14 fois le tournoi. Et nous qui sommes dans le deuxième wagon du padel, on a la chance de pouvoir jouer sur un terrain aussi mythique. »
Vainqueurs du duo français, les Espagnols Ignacio Sager et Salvador Oria avaient également eu des pensées pour Rafael Nadal, dont on ne sait toujours pas si sa défaite au premier tour face à Alexander Zverev, en mai dernier, a été son dernier match sur l’ocre parisien. « Tu sens un truc spécial en arrivant ici, avec toute l’histoire entre Rafael Nadal et Roland-Garros, commente Sager (35e joueur mondial). C’est un gars qui a marqué l’histoire de ce site et quand tu viens là, tu te rappelles toutes les victoires que t’as pu voir à la télé. »
La routine de Nadal dans les couloirs dans les têtes
Ses 112 matchs (sur 116) remportés à Roland-Garros, Ses batailles en finale contre Roger Federer ou Novak Djokovic, ses bouteilles bien alignées, ses petits tocs avant de servir… Tout revient à l’esprit pour nos padélistes, dont bon nombre d’entre eux viennent du tennis, à l’image de Thomas Leygue, n°1 français, qui s’est qualifié pour le second tour avec son partenaire argentin, Ignacio Piotto Albornoz :
« Moi, je suis un fan de tennis depuis tout petit, j’ai regardé tous ses grands matchs. Quand tu rentres sur le terrain, tu es dans ta bulle. Tu ne penses qu’à essayer de bien faire, de faire ton jeu, de mettre en place la tactique du coach. Mais, par contre, quand tu es dans le couloir avant le match, tu ne penses qu’à ça. Parce que c’est cette image qu’on a de Nadal : le voir sauter, les sprints, les allers-retours. Dans ce couloir, avant de rentrer sur le Philippe-Chatrier, c’est Nadal qui te vient en tête. » »
La routine de Rafael Nadal dans les coursives de Roland n’intrigue pas uniquement notre Français. Même Miguel Benitez Lara (52e joueur mondial), qui s’est aussi qualifié pour le tour suivant, où il affrontera avec Alvaro Cepero l’un des meilleurs joueurs du monde, Alejandro Galan, était intrigué par les us et coutume de « Rafa » avant de fouler pour la toute première fois le court Philippe-Chatrier. Dans les pas de l’idole de tout un pays.
« Reproduire ce que Rafa a fait tant de fois »
« Avant notre match, j’étais assis dans les tribunes, et j’ai cherché des vidéos de comment Rafa entrait sur le court, pour voir le parcours qu’il faisait, nous raconte l’Espagnol. Je ne savais pas exactement, et les organisateurs m’ont dit qu’on allait faire le même. J’ai donc regardé en vidéo pour être sûr. Le parcours de la salle d’échauffement, les escaliers qui montent jusqu’au court… Quand j’ai vu que c’était le même, je n’avais qu’une hâte, c’était de rentrer sur le Chatrier, reproduire ce que Rafa a fait tant de fois, pour que nous le fassions aussi. »
Le moment venu, une petite pointe de déception a traversé Benitez Lara. « Comme pour Rafa, je m’attendais à ce que le speaker [Marc Maury] soit le même, celui qui annonce tous les tournois qu’il a gagnés, en rigole l’Andalou. 2005, 2006, 2007, 2008… C’était super long, une éternité. » Mais l’absence de Marc Maury n’était pas une si mauvaise nouvelle que ça, finalement. Car notre Espagnol, fort sympathique au demeurant, avait peut-être oublié qu’il n’a encore remporté aucun tournoi de padel sur le circuit. N’est pas Rafael Nadal qui veut.