Levée de fonds : la French tech vers une sortie de crise ?

Levée de fonds : la French tech vers une sortie de crise ?



Les derniers mois montrent plusieurs signes encourageants pour le financement de l’écosystème. Reste à savoir si cette embellie va durer.

Et si les start-up françaises voyaient enfin le bout du tunnel ? Après une période très délicate qui a suivi l’euphorie post-covid, le financement de la French Tech reprend des couleurs ces derniers mois. En effet, selon le baromètre des levées de fonds du JDN, les jeunes pousses tricolores ont levé 912 millions d’euros en juin, 969 millions d’euros en septembre et 851 millions d’euros en octobre (on met de côté volontairement juillet et août, deux mois où l’activité est naturellement plus calme).

Pour ces trois seuls mois, le total des levées de fonds s’élève à 2,73 milliards d’euros, soit presque autant que lors des cinq premiers mois de l’année (3,01 milliards d’euros entre janvier et mai 2024). Autre signe encourageant, il faut remonter à octobre 2022 pour retrouver la trace de trois mois consécutifs à plus de 800 millions d’euros.

Les mois de juin, septembre et octobre sont pour l’instant les plus prolifiques de 2024 en termes de levées de fonds. © JDN

A cette époque, la French tech nageait dans l’euphorie. Elle bouclait l’année 2022 avec un total de 12,95 milliards d’euros levés après avoir récolté 10,35 milliards d’euros en 2021. La suite fut plus compliquée. Le financement s’est effondré en 2023 (7,68 milliards d’euros). Le début d’année 2024 ne fut guère plus glorieux… jusqu’à ce frémissement observé ces derniers mois.

“Depuis juin, on reçoit bien plus de dossiers de levées de fonds”

“Le premier trimestre de l’année a été très calme mais depuis juin on reçoit bien plus de dossiers de levées de fonds”, confie Benjamin Bitton, associé chez le cabinet de conseil financier 2CFinance et trésorier de France Digitale. “Le financement s’est arrêté en 2023 et il repart ces derniers mois”, confirme Cyril Bertrand, associé gérant pour le fonds d’investissement early-stage XAnge.

Au-delà des montants, le nombre de transactions est lui aussi en hausse. Avec 87 tours de table en juin, 77 en septembre et 73 octobre, les trois mois de 2024 avec le plus de levées de fonds recensées sont tout simplement les trois derniers (on continue de mettre de côté juillet et août). Toutefois, tous les secteurs ne profitent de la même manière de cette reprise. “En ce moment, trois domaines concentrent l’intérêt des fonds : l’intelligence artificielle, la greentech et la deeptech”, poursuit Cyril Bertrand. “Pour les autres start-up, c’est plus compliqué”.

L’intelligence artificielle est en effet le secteur qui a levé le plus de fonds en juin et en septembre. Le secteur a pu capitaliser sur les belles opérations conclues par Mistral AI (468 millions d’euros en juin) et Poolside (453 millions d’euros en octobre). Les start-up d’IA sont d’ailleurs les rares qui parviennent à conclure des méga tours. “Au niveau de l’early-stage et des Série A c’est plutôt dynamique mais il y encore trop peu de série B et C”, indique Benjamin Bitton.

Les méga tours encore rares

Sur ces trois mois d’embellie (toujours juin, septembre et octobre), cinq levées de fonds supérieures à 100 millions d’euros ont été recensées. Preuve que l’on est encore loin des années fastes où les mega tours n’étaient pas si rares (26 en 2022, 21 en 2021). “On n’est clairement pas sur l’euphorie de 2021/2022 mais on n’est pas non plus sur la phase d’arrêt de ces derniers mois. Je pense que l’on est en train de vivre un retour à la normale”, analyse Benjamin Bitton. “Il y a eu les années champagne, les années de disette et maintenant on sent que l’écosystème veut repartir à l’attaque. C’est davantage un rattrapage qu’une reprise. Les investisseurs étaient très prudents et avaient pris du retard sur le déploiement de leurs fonds”. 

Un “retour à la normale” bienvenu pour la French tech qui subissait une crise de financement depuis de longs mois. “On sent toujours que l’écosystème est prudent”, tempère Benjamin Bitton. Une prudence qui sera toujours de mise si le projet de loi de finances, examiné par l’Assemblée nationale ce début novembre, impose aux start-up de contribuer à l’effort budgétaire. Pour rappel, le projet de loi de finances pourrait s’en prendre au statut “jeune entreprise innovante” ainsi qu’au crédit d’impôt innovation.

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