Les Clippers, Jeff Van Gundy, la nouvelle génération de Français… La grosse interview de Nicolas Batum

Les Clippers, Jeff Van Gundy, la nouvelle génération de Français… La grosse interview de Nicolas Batum

De retour à Los Angeles, après avoir été transféré à Philadelphie la saison dernière, Nicolas Batum est bien dans ses baskets. L’ancien capitaine de l’Equipe de France est comme chez lui en Californie mais l’équipe autour de lui, aux Clippers, est radicalement différente.

De passage à San Francisco pour affronter les Warriors, l’ailier a répondu à nos questions avant et après le match. Sa transition après les Jeux Olympiques, l’identité de ces Clippers « new look » avec l’arrivée de Jeff Van Gundy dans le staff, sa relation avec Tyronn Lue, son rôle, la blessure de Kawhi Leonard, et ses attentes pour la nouvelle génération de talents Français en NBA et en Equipe de France. C’est la grosse interview de Nicolas Batum.

Nicolas, avant de parler des Clippers, on ne va pas vous relancer sur les Jeux Olympiques mais comment s’est passé le reste de votre été ?

Ça a été des vacances parce que j’ai tout de suite enchainé après la saison pour être prêt pour les Jeux. Du coup, après les Jeux, j’ai pris du temps pour passer du temps avec les amis et la famille. Et puis, ça permet de redescendre sur terre aussi un peu. Début septembre, je me suis remis au boulot tranquillement pour préparer la saison et enchainer.

Donc c’est dur de redescendre quand tout le monde t’en parle pendant un mois et demi après les Jeux. Après, je ne m’en plains pas parce que ça veut dire qu’on a fait rêver les gens donc c’est cool !

J’imagine que redescendre de l’excitation des Jeux a du prendre plus de temps que d’habitude, ou est-ce que c’est « facile » parce que vous avez l’habitude d’enchainer les compétitions et ce genre de transition ?

Ça prend du temps parce que c’est une compétition particulière. C’est les Jeux et puis la façon dont ça s’est déroulé. C’était pas nickel du début à la fin, c’était même un peu bordélique du début à la fin, à part les cinq derniers jours où tout a commencé à rentrer dans l’ordre. C’était pas évident et donc après, quand tu essaies de redescendre, c’est pas évident non plus parce que tous les gens qui sont autour de toi ont suivi les Jeux. En plus, tous les gros évènements sont passés lors de la première semaine, donc je pense qu’on a été le dernier sport ou la dernière attraction des cinq derniers jours. Grâce à ça, on a eu l’impression d’être encore plus suivi, d’être vraiment la dernière note, avec les filles du basket. Enfin les sports collectifs en général, d’ailleurs. Donc c’est dur de redescendre quand tout le monde t’en parle pendant un mois et demi après les Jeux. Après, je ne m’en plains pas parce que ça veut dire qu’on a fait rêver les gens donc c’est cool !

Vous êtes de retour aux Clippers cette saison mais c’est une équipe bien différente de celle que vous avez connue lors des dernières saisons. Est-ce que vous pouvez nous décrire cette nouvelle version des Clippers ? Quelle est votre identité ?

Tout part du départ de Paul George. Tu perds un mec comme PG et tu ne peux pas le remplacer parce qu’il est dans le Top 5 à son poste. Donc tu signes pleins de bons joueurs, de joueurs avec des profils spécifiques comme moi, comme Derrick Jones Jr, Kris Dunn, tu fais émerger Amir Coffey, tu donnes plus de responsabilités à Norman Powell, à Zubac, à Harden, donc c’est vraiment l’émergence d’un groupe avec une dizaine de joueurs qui peuvent apporter et combler l’absence d’un joueur. Et puis on a aussi un nouveau coach dans le staff, avec Jeff Van Gundy. Il apporte un nouveau système défensif, qu’on essaie encore de mettre en place, mais qui fonctionne plutôt bien pour l’instant. Évidemment, on a encore des trucs à régler en attendant le retour de Kawhi, mais on essaie de maintenir la chose et de jouer un basket intéressant et cohérent.

Quand on regarde la composition de votre équipe, on a vraiment l’impression que tout va partir de votre défense. Vous mentionnez l’arrivée de Jeff Van Gundy. C’est une référence NBA, formée à l’école Pat Riley à New York, que les plus jeunes fans ne connaissent pas forcément. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu’il apporte aux Clippers ?

Il a une méthode particulière et différente. Moi, j’ai été coaché par des Steve Clifford, des Nate McMillan, des mecs des années 90. Avec Tom Thibodeau, je pense que ça doit être le dernier qui a une méthode très années 90. Alors moi j’ai connu, mais pour certains de mes coéquipiers qui sont plus jeunes, ça peut surprendre (Il rigole). Cela dit, il a aussi compris l’évolution du jeu actuel donc il n’est pas coincé sur des idées « old school ». C’est un mix des deux et c’est plutôt intéressant. Le message passe bien, les joueurs acceptent chacun leurs rôles, et puis plus la saison avance, plus on va comprendre ce qu’il veut de nous et plus on va progresser.

Vous avez joué avec beaucoup de stars dans votre carrière NBA. Damian Lillard, Kemba Walker, Kawhi Leonard, Paul George, et maintenant James Harden. Vous l’avez affronté et défendu pendant des années. Comment est-il en tant que coéquipier ?

Je pense que cette année, il a plus de libertés. Il a un rôle plus similaire à ce qu’il faisait à Philly, et un peu à Houston sur la fin, c’est à dire le meneur qui va finir avec 20 points – 10 passes chaque soir. C’est ce qu’on attend de lui cette année, et c’est ce qu’il va faire je pense. Il est plutôt bien parti. Maintenant que je suis son coéquipier, ce qui m’impressionne vraiment c’est sa prise de décision, sa lecture du jeu, son changement de décision à la dernière seconde, c’est vraiment impressionnant. On sait très bien que c’est un scoreur, on sait très bien que c’est un passeur mais il joue assez juste. Il sait quoi faire, quand faire, tout en jouant à son rythme. C’est vraiment fort de le voir faire tout et d’être aux premières loges.

Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous a surpris chez James Harden depuis que vous êtes coéquipiers ?

Ses automatismes. Tous ses mouvements qu’il répète tous les jours avant et surtout après les entrainements. Les jours de match, c’est pareil. Il a vraiment des automatismes et une routine folle. J’avais connu ça avec Kawhi mais Harden, dans sa préparation, c’est le même style de joueurs. Et il n’y a pas de hasard, ils maitrisent leurs mouvements à la perfection parce qu’il les répètent 100 fois par jour, il n’y a pas de secret.

Vous mentionnez Kawhi Leonard. En tant que coéquipier, comment est-ce que vous avez reçu et réagi à la nouvelle de son indisponibilité ? Est-ce qu’il y a de la frustration ? Est-ce que vous passez facilement à autre chose parce qu’il n’y a pas de choix ?

Tu passes un peu par tous les sentiments. C’est surtout frustrant pour lui parce que les gens peuvent dire ce qu’ils veulent mais, nous, on le voit travailler dur tous les jours sur son corps pour pouvoir revenir. Et quand ça craque de nouveau comme ça, c’est vraiment dur. Mais encore une fois, on le voit tous les jours au centre d’entrainement, il fait partie intégrante du groupe, et on espère qu’il puisse revenir le plus rapidement possible à 100% parce qu’on a besoin de lui.

L’Intuit Dome ? C’est à l’image de Steve Ballmer. Il a fait le boulot

L’autre nouveauté pour les Clippers cette saison, c’est la déménagement à Inglewood et au nouveau Intuit Dome. Quelles étaient vos premières réactions de cette salle ?

C’est à l’image de Steve Ballmer. Il a fait le boulot. La première fois que j’ai vu la salle, c’était pour le « media day » et il vient me voir et il me fait : ‘T’en penses quoi du coup ?’ et je lui ai dit : « Steve, tu veux vraiment ma réponse ? Elle est extraordinaire ta salle. » L’écran géant évidemment mais pas que, tout est mis en place pour… et c’est pas juste nous, tu vois les réactions des adversaires. Les retours de KD, de Booker, tu vois la réaction du staff de l’équipe adverse. Je pense que ça devenir une référence pour l’avenir. Ils ont tous fait un super travail et le résultat est vraiment impressionnant.

Est-ce qu’il y a des installations, des gadgets seulement accessibles aux joueurs qui vous ont vraiment laissé sans voix ? Ou est-ce que vous avez tellement l’habitude des salles NBA qu’au final c’est moins impressionnant que pour les fans ?

Oui et non, je suis surpris parce que c’est tout nouveau, c’est neuf, et puis le centre d’entrainement est aussi magnifique parce qu’on s’entraine là bas aussi maintenant. Tout est mis en place pour qu’on soit tranquille. Que ce soit les cuisines, la récupération, la salle de muscu, tout est vraiment nickel.

Dans cette salle, il y a également ce fameux « wall » de fans, inspiré de ce que l’on connait en Europe. Qu’en pensez- vous ?

C’est assez unique, c’est assez particulier en NBA même si il y a deux ou trois salles qui ont des groupes de supporters comme ça. Indiana en a un je crois et Atlanta aussi. Dallas aussi, il me semble. Mais de cette disposition là, c’est assez unique en NBA. C’est bien, et c’est bien de l’avoir pour nous.

Pensez-vous que ça puisse lancer une culture nouvelle en NBA, un peu à l’image de ce que l’on voit en sport universitaire ?

Pourquoi pas ! Si ça peut lancer un mouvement, ce serait cool !

Comme convenu avec Nicolas Batum, à une heure du match, nous arrêtons l’interview pour le laisser se préparer pour la rencontre. Nous le retrouvons trois heures plus tard après la victoire des Clippers 112-104 sur le parquet du Chase Center.

Nicolas, avant le mach, on parlait de défense…

C’est pas mal, hein ? Ça commence à se mettre en place tranquillement.

À partir du deuxième quart temps, vous avez vraiment pu installer votre style en étant physique sur le porteur, en étant discipliné sur Stephen Curry et sur Buddy Hield. Etait-ce votre plan de jeu ce soir ?

On savait que, techniquement, c’était une équipe qui était invaincue en général. Invaincue en présaison, ils mettent deux fois +40 points à l’extérieur pour débuter la saison, c’était leur « opening night » à domicile ce soir donc on savait qu’il fallait qu’on soit rigoureux parce que c’est peut être l’équipe la plus en forme du début de saison, du moins jusqu’à aujourd’hui. Mais on essaie de mettre quelque chose en place depuis trois matchs, avec un cinq de départ qui installe notre jeu et nous, avec le deuxième cinq, on essaie d’apporter de l’énergie. Il n’y a pas forcement de « go-to-guy » en attaque, mais on essaie vraiment de mettre toute notre énergie sur la défense. Et une fois qu’on récupère la balle, on essaie juste de jouer dans le flow de l’attaque mais c’est vrai qu’il n’y a pas vraiment de systèmes. C’est ce qu’on a très bien fait contre Phoenix, c’est ce qu’on a fait aussi à Denver, et puis ce soir aussi. Donc c’est bien, ça se met en place tranquillement, les rotations se mettent en place, et on a beaucoup de nouveaux joueurs aussi avec des rôles nouveaux. Pour l’instant, ce sont trois bon premiers matchs.

C’est d’autant plus encourageant que l’on sait que les Warriors jouent un jeu différent avec beaucoup plus de mouvements que le reste de la NBA, et vos rotations derrières leurs actions principales étaient vraiment bien en place.

Il y a beaucoup de communication, le système que Jeff Van Gundy met en place, c’est assez intéressant et c’est différent. C’est vrai que les premiers entrainements… fallait s’adapter (Il rigole) ! C’était un peu dur de comprendre deux, trois trucs mais c’est en train de se mettre en place.

Le style de Jeff Van Gundy, c’est d’être très dur sur l’homme, c’est très physique et c’est vrai qu’on fait beaucoup de fautes pour le moment mais ça ne nous dérange pas forcément. Ça ne nous freine pas

Avant le match, vous décriviez le style de Jeff Van Gundy comme un style « old school », un style des années 90. Pouvez-nous nous expliquer ce que ça veut dire d’un point de vue basket ?

C’est d’être très dur sur l’homme, c’est très physique et c’est vrai qu’on fait beaucoup de fautes pour le moment mais ça ne nous dérange pas forcément. Ça ne nous freine pas. Tu vois, ce soir, je prends trois fautes, ça ne me freine pas. T-Mann (Terrence Mann) prend trois fautes, c’est la même chose et on va continuer à jouer comme ça parce qu’on a l’effectif pour, on peut jouer à dix. Il y a toujours quelqu’un qui va venir derrière. Ce soir, on a trois joueurs à trois fautes en première mi-temps et ça n’a gêné personne. Et c’est notre identité. On va être agressif, on va faire des fautes, des fois ce sera un peu trop mais c’est comme ça qu’on veut jouer.

Vous avez également été physique de l’autre côté du terrain, avec notamment un Ivica Zubac dominateur dans la raquette.

Il est monstrueux. Il est à 20/10 depuis trois matchs. Comme je te disais avant le match, tout le monde doit prendre ses responsabilités, et c’est un des premiers qui doit le faire. Lui et Powell, ce sont les deux mecs qui doivent élever leur production. Le match de Norman (Powell) hier était énorme. Ce soir, il a été gêné par les fautes en première mi-temps, mais il fait une super deuxième. Et lui (il nous montre Ivica Zubac assis à côté de lui), hier il fait son match contre Jokic, et ce soir il prouve que c’est l’un des joueurs les plus sous-estimés de la NBA.

Et derrière, vous avez également Derrick Jones Jr. qui met ses 18 points et qui défend, Kris Dunn fait une super rentrée également.

Tout le monde connait son rôle. Tu vois, moi, je rentre à sa place (il nous montre Jones Jr.) et j’enchaine. KD… Kris Dunn a fait un bon match. « Scoot » Porter Jr. fait aussi un très bon match, Amir Coffey aussi. Donc tout le monde connait son rôle, et Ty (Lue) est vraiment très fort pour communiquer tout ça, pour te faire comprendre ce que tu dois faire, ce que tu dois apporter à l’équipe. Et quand tout le monde est dans son rôle, alors je te dis pas qu’on va gagner tous les matchs, mais au moins tu te donnes les meilleures chances d’être dans la rencontre contre n’importe qui. Là, on vient de faire back-to-back à Denver et ici alors que ce sont peut-être les deux salles où c’est le plus dur d’aller gagner et on le fait, donc c’est vraiment très bien.

Ce soir, vous finissez avec une ligne de statistique « Batumienne », 5 points, 5 rebonds, 3 passes, +14 en 15 minutes de jeu. On a l’impression que votre rôle reste le même qu’avant malgré un effectif bien différent. Est-ce que vous nous le confirmez ?

Depuis ma libération de Charlotte, ma libération (il rigole) et que j’ai signé ici, c’est mon rôle. Alors oui, les minutes ne sont pas les mêmes, oui la production statistique baisse un petit peu mais dans l’esprit le rôle est exactement le même. Avec lui (Ty Lue), je sais exactement ce que je dois faire et je sais ce qu’il attend de moi. Alors oui, des fois je fais des conneries, mais on en parle et voilà mais je sais vraiment ce que je dois faire pour l’équipe. C’est assez simple de jouer et ma ligne de stats, il s’en fout royalement. Il y a même des fois ou je lui dis : ‘Putain je n’ai pas marqué depuis deux matchs’, et sa réponse c’est : ‘Tu peux faire quinze matchs sans marquer, j’en ai rien à foutre’. Donc c’est simple et je ne me prends pas la tête avec ça. Je vais faire l’extra passe, je vais poser des écrans, des fois je vais mettre cinq 3-points, des fois je ne vais pas en mettre, je joue aussi par rapport aux autres et tout ça c’est mon rôle dans cette équipe. Ça va au coach, ça va aux joueurs, ça me va, donc tout va bien.

On sait que votre retour à Los Angeles était avant tout une décision familiale, mais est-ce que le fait de connaitre votre rôle et d’avoir cette familiarité avec Ty Lue et son système ont rendu votre décision encore plus facile à prendre ? 

Bien sûr.

Si c’était avec un autre coach, un autre système, est-ce que vous auriez réfléchi deux fois avant de revenir à L.A. ?

Ça aurait été différent. Là, je reviens dans un système que je connais bien. Quand j’étais avec Ty au téléphone pendant la « free agency », on n’a pas vraiment parlé basket, on n’a pas parlé de mon rôle. Ça servait à rien du tout parce que je sais très bien ce qu’il va faire, je sais très bien ce qu’il attend. Donc la discussion n’était pas basket, c’était une décision familiale, madame et les enfants sont là et sont bien à L.A. C’est une décision qui est importante à prendre parce que je sais également où j’en suis dans ma carrière. Je sais ce que je dois faire et ce que je peux faire encore, donc c’était une décision assez facile à prendre et tout le monde est content dans le clan Batum, donc c’est très bien.

Vous avez commencé la saison par trois matchs contre les Suns, les Nuggets, et les Warriors. Comment est-ce que vous abordez cette conférence Ouest avec treize équipes qui se battent pour huit places de playoffs ?

L’Ouest c’est la même chose depuis que je suis arrivé en NBA. Quand je suis arrivé en NBA en 2008, c’était déjà comme ça.

Oui, mais pas à ce point, non ?

Les Lakers et Kobe, Nash à Phoenix, Dirk et les Mavs, les Spurs, CP3 (Chris Paul) à La Nouvelle-Orléans, nous (Portland), OKC avec KD et Russ.

Oui mais là, vous avez treize équipes…

Oui mais c’était toujours comme ça. Je me rappelle d’une année où je crois que Phoenix ne fait pas les playoffs avec 48 ou 50 victoires, ou quelque chose comme ça. C’est l’Ouest, ça a toujours été comme ça donc ça ne me surprend pas et c’est aussi pour ça que j’aime beaucoup jouer dans cette conférence.

Où est-ce que vous mettez les Clippers dans cette conférence Ouest ? Est-ce qu’il a quand même une hiérarchie avec des équipes comme OKC, Dallas, les Wolves au-dessus ou est-ce que vous voyez ça comme une conférence vraiment homogène ?

Oui après bien sur il y a une certaine hiérarchie avec une catégorie d’équipe… OKC, les Mavs, les Wolves… même les Lakers qui font de très bonnes choses depuis le début de saison. Sacramento est toujours là. Les Warriors, nous avec en plus le retour de Kawhi, Denver…

Oui, donc… c’est tout le monde ?

Ouais mais c’est l’Ouest, quoi ! Je te dis, moi c’est ma 17e année. L’Ouest ça a toujours été comme ça et c’est pour ça que je kiffe jouer à l’Ouest. Chaque match compte et le pire, ce sont les quinze derniers jours de la saison où tu joues que des équipes de l’Ouest, c’est que des matchs importants qui décident du classement, c’est.. mortel !

Je fais mes sept médailles mais j’espère vraiment qu’il y en a qui vont faire plus ! Est-ce qu’ils peuvent faire les trois médailles d’or (Europe, Monde, JO) ? Bien sûr que oui

Pour terminer, on voulait aborder l’avenir. L’été dernier, c’était votre première compétition avec la nouvelle génération qui arrive en équipe de France. Évidemment, vous les connaissiez mais pas en tant que coéquipier. Comment avez-vous vécu cette cohabitation, cette découverte ? Qu’est-ce qui vous rend optimiste et/ou craintif pour la suite de l’équipe nationale ?

Je ne vais pas dire que c’est un regret mais des fois je me dis que ça aurait été cool de jouer plus longtemps avec eux, juste sur le plan basket. Malgré tout, je ne reviendrais pas sur ma décision. Je laisse la place mais c’est ce qui est kiffant. Moi j’ai fait 15 ans. Au moment où je suis arrivé dans le groupe France, on était dans une période où on voulait se faire un nom et je pense qu’avec Nando, on part en laissant le « bébé » en très bonne santé. Maintenant, on a une nouvelle génération qui arrive et qui est énorme. Pendant quinze ans, on a essayé de faire rêver la France et de bien représenter le maillot et le pays dans l’Europe et dans le monde. Et ce qui arrive derrière… je pense qu’ils peuvent faire encore plus. Et, ok, je fais mes sept médailles mais j’espère vraiment qu’il y en a qui vont faire plus ! Est-ce qu’ils peuvent faire les trois médailles d’or (Europe, Monde, JO) ? Bien sûr que oui. Ils ont les joueurs, ils ont le potentiel pour, ils ont la génération pour. Après, il faudra que tout se mette en place parce qu’il y a beaucoup de débutants aussi. C’est pas facile mais quand ils vont comprendre le système Fauthoux, quand ils vont tous grandir et bien comprendre les rôles de chacun, je pense qu’il y a de très belles choses à réaliser, et il y a un très bel avenir, et ça va être vraiment sympa à regarder !

Pensez-vous que ce soit important que les fans de l’Equipe de France fassent preuve de patience avec cette nouvelle génération ? Vous avez mis la barre haut mais, comme vous le disiez, la nouvelle génération est encore verte.

Après il y a encore des vétérans quand même. Il y a Rudy (Gobert), il y a Evan (Fournier), il y a Guerschon (Yabusele), il y a Mathias (Lessort), il y a Andrew (Albicy). Donc les vétérans sont là pour les encadrer, mais il y a aussi des gros noms qui arrivent. Zaccharie (Risacher), Wemby, Bilal (Coulibaly), Tidjane (Salaun), Nolan (Traoré), tous ces gars qui arrivent, ils ont fait une compétition max donc des fois pour s’installer en Equipe de France, ça prend un peu de temps. Donc de gagner tout de suite, c’est pas évident mais après si ils le font, tant mieux ! Je pense qu’il faudra les regarder grandir mais ils vont finir le boulot, j’en suis sur.

Outre leur talent, leur étique de travail, de quoi ont-ils besoin pour non seulement s’installer en NBA mais aussi s’y épanouir ?

Ne pas s’arrêter là . Quand tu es drafté ou quand tu deviens pro, c’est là que le plus dur commence. C’est là qu’il faut travailler encore plus, trouver une routine pour garder ta place, pour être plus performant, pour continuer à être performant, pour grandir, mais ils ont tout pour. Ils ont les attitudes pour. Pour avoir cinq Top 10 de Draft de suite, je pense que ça veut dire qu’ils ont non seulement les aptitudes mais ils ont aussi la bonne mentalité. Maintenant, il faut continuer. Continuer à construire sur cette fondation, et continuer à nous faire rêver. En ce qui me concerne, je suis à fond derrière eux. Je vais suivre tout ça. Tous les soirs, je regarde les résultats et les statistiques. Quand je peux, je regarde leurs matchs. Par exemple, j’espère qu’ils vont faire jouer Tidjane parce deux DNP pour commencer c’est pas très cool, même s’il a joué huit minutes dans le troisième match, parce qu’il a le talent pour. Mais ça va aller, ils ont vraiment tout pour.

Est-ce que vous avez des relations avec chacun d’entre eux ? Ou est-ce qu’ils savent que vous êtes dans leur corner ?

J’ai pas encore vu Zaccharie (Risacher) mais je crois qu’on joue Atlanta bientôt. Mais Tidjane, Victor, Bilal évidemment. J’ai rencontré Nolan cet été qui va arriver l’année prochaine. Et ils savent, s’ils ont besoin, ils peuvent appeler le grand frère, le vieux avec 17 ans de NBA au compteur. S’ils ont besoin de conseils, je suis là, il n’y a pas de souci.

Propos recueillis à San Francisco.

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