REPORTAGE. À la Paris Games Week, le jeu vidéo français indépendant tente de rayonner malgré la crise du secteur

REPORTAGE. À la Paris Games Week, le jeu vidéo français indépendant tente de rayonner malgré la crise du secteur

Le plus grand salon du jeu vidéo en France accueille gamers et curieux en tous genres jusqu’à dimanche. Une édition qui souhaite s’adresser à un public plus large alors que le secteur connaît de grosses difficultés.


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Des visiteurs jouent à un jeu sur console à la Paris Games Week, le 23 octobre 2024. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

La Paris Games Week espère faire le plein de visiteurs malgré la mauvaise mine du secteur. Le plus grand salon du jeu vidéo en France réunit jusqu’au dimanche 27 octobre des créateurs et des éditeurs au parc des expositions de la porte de Versailles, dans le sud de Paris. Les habituels mastodontes du secteur sont là pour présenter leurs nouveautés : Sony, Microsoft, Nintendo ou encore Ubisoft. Mais d’autres essaient d’occuper le terrain, en particulier les studios français indépendants, qui comptent sur le maintien des aides publiques en dépit des nombreuses incertitudes autour du budget de l’État.

Au salon, ils sont une trentaine d’exposants devant des bornes de jeu en enfilade, avec des profils parfois inattendus, comme celui de Raphaël Granier de Cassagnac, chercheur au CNRS et… créateur du jeu vidéo Exographer.

En apparence, c’est un jeu de plateformes en 2D à la Mario, truffé d’énigmes, qui se déroule sur une planète abandonnée. “Tout part vraiment d’un laboratoire de recherche, dans lequel on a l’idée de vulgariser ou de populariser notre science, la physique des particules, explique-t-il. Plus on avance dans le jeu, plus on se rend compte qu’il y a un peu de science cachée dans un peu tout ce qu’on fait depuis le début. Le but est de mettre les sciences dans des mains dans lesquelles elles n’auraient aucune chance d’arriver autrement que par le jeu vidéo.” Le projet, mené à bien par une vingtaine de personnes, a pu être financé en grande partie grâce à un mécénat d’Ubisoft à l’Ecole polytechnique, pour faire le pont entre jeux vidéo et sciences.

Le stand du “made in France” se veut loin de l’esprit blockbusters du salon, ce qui n’est pas pour déplaire à certains curieux. Deux manettes plus loin, Titouan, 22 ans, teste Symphonia, un jeu de plateformes créé par une douzaine d’étudiants. “C’est un jeu basé sur les sons et la musique. Les sons sont très immersifs et les musiques au violon sont incroyables, s’enthousiasme-t-il. Je trouve ça très sympa. D’habitude, je joue beaucoup à des jeux connus, je ne vais pas trop voir les jeux indépendants. Ça va changer aujourd’hui, parce que j’ai vraiment aimé la direction artistique et les mécaniques de jeu.”

L’ambition pour la plupart de ces studios n’est pas tellement de se mesurer aux plus gros, mais de rester proches de leurs joueurs. “L’objectif, c’est surtout de parler aux autres passionnés et réussir à sortir des jeux qui plaisent à nous, développeurs, et qui plaisent au public, et de pouvoir continuer à les produire, avance Linh Lacoste, cheffe de projet sur le jeu d’énigme Machinika: Atlas. Sur la production, on a été entre 5 et 12 personnes, c’est un budget indépendant. On a aussi reçu des subventions, des aides régionales, etc. Mais ce ne sont vraiment pas des productions qui comptent des années et des millions.”

Or le jeu vidéo traverse une crise mondiale depuis plus d’un an. La période du Covid a provoqué un emballement de la production qui peine à s’écouler, les investissements se tarissent, les licenciements se comptent par dizaines de milliers.

Avec la multiplication des nouveaux jeux, “forcément les budgets diminuent, les gens financent moins de projets”, déplore Pierre Faucheux, administrateur de Capital Games, une association qui regroupe les professionnels du jeu vidéo en Île-de-France. 

“Beaucoup de studios ont du mal à faire partir de nouveaux jeux pour 2025. Donc on est sur une année un peu charnière, on pense que ça va repartir, on ne sait pas quand et on risque de perdre quelques acteurs en France. Donc évidemment, on fait tout pour se différencier.”

Pierre Faucheux, Capital Games

à franceinfo

Ces acteurs veulent donc profiter du salon pour alerter sur l’importance de soutenir la création française alors que les aides publiques sont en ce moment au coeur du débat budgétaire. “Le jeu vidéo français, c’est un atout, estime Pierre Faucheux. Il est très divers, grâce notamment au soutien public qui permet à des créateurs de prendre des risques, au moins pour leur premier jeu. Cela fait écho aux discussions qui ont lieu en ce moment à l’Assemblée nationale, c’est pour ça qu’on invite tous les politiques à venir voir ce qui se passe.”

De passage à la Paris Games Week jeudi, la ministre de la Culture Rachida Dati a notamment affirmé son soutien au dispositif du crédit d’impôt pour maintenir la croissance du secteur. L’organisation du salon compte en tout cas sur une fréquentation en hausse pour cette édition 2024. La précédente avait réuni un peu plus de 180 000 visiteurs.

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