La restructuration du groupe Casino a favorisé les marques de proximité au détriment des grands magasins, peu à peu cédés aux enseignes concurrentes. La revendication de ne pas revendre le groupe “en morceaux” n’aura pas tenu, selon l’ex porte-parole de l’intersyndicale.
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Fin mars 2024, Jean-Charles Naouri, ex-PDG du groupe Casino, laissait officiellement sa place au milliardaire Daniel Kretinsky. Quelques mois plus tard, des milliers de postes restent sur la sellette, à la suite du plan de restructuration du groupe. Si ses enseignes Monoprix et Franprix résistent, la plupart des hypermarchés et supermarchés de Casino ont été cédés aux concurrents Auchan, Intermarché et Carrefour.
L’ex porte-parole de l’intersyndicale du groupe Casino, Jean Pastor, a incarné la lutte des salariés contre le démantèlement du groupe, pour que Casino soit revendu “en tant que groupe et pas en tant que morceaux”.
“Ils ont dit qu’ils allaient prendre des mesures d’accompagnement social, mais comme on leur a dit, le mal est déjà fait. Personnellement, je suis dégoûté”, déplorait Jean Pastor, le 7 décembre 2023, alors qu’il était délégué CGT Casino et porte-parole de l’Intersyndicale. Le groupe étant endetté et en grandes difficultés, l’intersyndicale était reçue par la direction et les futurs repreneurs, pour discuter de l’emploi de 25 000 salariés et du devenir du siège social à Saint-Étienne.
Le désormais ex-délégué syndical CGT revient sur ces longs mois de mobilisation, qui ont commencé en automne : “Le 17 novembre 2023, on s’est tous téléphoné entre nous, les organisations syndicales, se souvient-il. On avait tous compris qu’il se passait quelque chose.” Alors il a fallu s’organiser à plus grande échelle et c’est lui qui a été désigné porte-parole, le mettant sous les feux des médias.
“Si je vous dis qu’au plus dur de l’affaire, je répondais à pratiquement 75 coups de téléphone par jour, je crois que c’est au minimum !”
Jean Pastor, ex-délégué CGT Casinoà franceinfo
Cette lutte a pesé dans les décisions qui ont été prises, estime-t-il, mais elle n’aura pas empêché le démantèlement des grands magasins : “C’est vrai qu’on a passé une période très enrichissante, mais en même temps, c’était le chant du cygne”, résume-t-il tristement. Sur les 288 Casino de France, 54 magasins dans les Bouches-du-Rhône et le Var vont changer de nom d’ici le mois de septembre.