Avec une audience moyenne de plus de 1,5 million de téléspectateurs lors de la dernière saison, nul doute qu’une apparition dans l’émission «Qui veut être mon associé?», diffusée sur la chaîne M6, accélérerait leur développement. Manon Chiche et Jonathan Carpi en rêvent, un peu secrètement. Un peu, beaucoup. Leur dossier est entre les mains des concepteurs du programme à succès, avec qui ils sont en contact.
En attendant, les deux entrepreneurs originaires de Metz se lancent avec patience et beaucoup d’humilité dans l’aventure MatchJob, concrétisée en début d’année. Après un premier round d’observation de quelques mois côté français, la jeune application de recrutement est accessible au Luxembourg en cette rentrée.
Dès sa mise à disposition sur les stores, MatchJob a été présentée comme le Tinder du recrutement. Et c’est vrai que l’appli présente bien des similitudes avec sa grande sœur dédiée aux rencontres amoureuses d’un jour ou de toujours. Visuellement, pour commencer. Dans l’utilisation, ensuite. Employeur ou candidat à l’embauche, chacun est invité à swiper. Quand il y a match, la prise de contact est possible, MatchJob communiquant alors au premier les coordonnées du second. Simple. Intuitif.
100% vidéo
Ce qui diffère de Tinder en revanche, c’est le recours systématique à la vidéo. MatchJob a été réfléchie pour passer outre les sempiternels CV papier et autres lettres de motivation que pas grand monde ne prend la peine de lire. Surtout depuis que l’IA s’en charge. En lieu et place, le candidat dispose de 30 secondes pour s’afficher sous son meilleur jour et dévoiler en partie ses soft skills, face caméra. «Trente secondes, c’est le temps moyen de lecture d’un CV», indique la cofondatrice Manon Chiche.
L’employeur, lui, peut aller jusqu’à une minute d’images pour présenter le poste ouvert à l’embauche. Voire l’entreprise, son fonctionnement, les installations, le lieu d’implantation… Place à la créativité.
«Un gain de temps», résume Manon Chiche, qui a puisé dans son expérience RH au sein du groupe de surgelés Bofrost la raison d’être de l’outil, mis au point par des développeurs ukrainiens ayant vécu au Grand-Duché. Les vidéos font l’objet d’une validation en amont. «Notre but, c’est de créer des coups de cœur professionnel», insiste la jeune dirigeante.
Coût total de l’investissement: environ 80.000 euros, dont une enveloppe de 30.000 euros du conseil régional du Grand Est dans le cadre d’une bourse d’aide à la création d’entreprise allouée suite à un appel à participation.
«Faire monter les curseurs»
Manon Chiche, la COO, se consacre actuellement à plein temps à la mise sur orbite de MatchJob. Jonathan Carpi, son compagnon et CEO de la start-up qui bénéfice de l’accompagnement de l’incubateur The Pool, à Metz, mène en parallèle une carrière de consultant au Luxembourg. Où le couple multiplie les rencontres de terrain, notamment avec l’Adem, afin de faire connaître MatchJob et de nouer d’éventuels partenariats.
À ce jour, l’appli a fait l’objet de 1.500 téléchargements. Elle repose sur une base de 400 candidats. Ses géniteurs tablent sur une masse critique de 10.000 utilisateurs. Ils se donnent plusieurs années pour atteindre l’objectif. «Il nous faut les deux: des candidats et des entreprises. Et le plus dur, c’est de faire monter les deux curseurs en même temps.»
MatchJob est accessible en français et en anglais pour le moment. Une version italienne est à l’étude. Des rapprochements ont été noués en ce sens à l’occasion de la première édition de Nexus2050, l’événement tech organisé fin juin par Maison Moderne et The Dots, à Luxexpo The Box.
Métiers en tension
De par son approche, MatchJob se concentre prioritairement sur «les métiers en tension», de l’aveu de ses créateurs, dans le domaine de la restauration et des services, par exemple. Elle s’adresse autant aux indépendants qu’aux structures plus importantes et, par définition, grandes consommatrices de recrutements. C’est le cas, côté français, de l’enseigne de fast-food Subway ou du parc d’attractions Walygator, qui emploie chaque année des saisonniers par dizaines. Eux ont déjà expérimenté MatchJob.
Deux options sont proposées au candidat à l’embauche, qui, dans sa fiche d’inscription, aura pu renseigner la nature du job convoité et la distance maxi qu’il est prêt à parcourir, entre autres items. S’il opte pour un profil ouvert, son CV vidéo sera accessible à tous les utilisateurs de l’appli. L’autre possibilité consiste à choisir un profil «fermé», visible d’un potentiel employeur uniquement si la personne inscrite a liké l’annonce postée.
Comme Tinder, MatchJob fonctionne sur un système gratuit/payant. Autrement dit, «c’est 100% gratuit pour les candidats» déposant un CV vidéo, et il en coûte 49 euros par annonce pour l’employeur en quête d’un ou plusieurs renforts. «Car pour cette somme, le recrutement peut concerner un, deux ou dix postes», précise Manon Chiche. Des formules d’abonnement pourraient voir le jour.