Cela fait désormais trois semaines que des drones et des missiles russes s’abattent systématiquement sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes. La dernière grande attaque a frappé les régions de Kharkiv, Lviv, Odessa, Zaporijia et Kiev, à l’aube du jeudi 11 avril. Au sud de la capitale, ces bombardements ont détruit la centrale thermique de Trypillia, la plus grande de la région, réduisant à néant la capacité de production de l’entreprise publique Centrenergo après une précédente frappe qui avait dévasté celle de Kharkiv, le 22 mars.
Seuls 18 des 42 missiles balistiques et de croisière qui visaient le territoire ont été interceptés alors que le président ukrainien ne cesse d’alerter, ces derniers jours, sur le fait que le pays pourrait se retrouver à court de systèmes de défense aériens. Jeudi, Volodymyr Zelensky a réitéré son appel désespéré à ses alliés occidentaux à lui fournir les moyens de protéger ses infrastructures, estimant qu’à défaut, la Russie « disposait d’une licence mondiale pour la terreur ».
L’attaque de jeudi a également endommagé une centrale thermique et détruit une sous-station de transformation dans la région de Kharkiv, déjà gravement affaiblie par les récents bombardements. Plus de 200 000 habitants de la ville de l’est de l’Ukraine, située non loin de la frontière avec la Russie, se sont retrouvés complètement privés d’électricité.
Intensification des bombardements
Début avril, déjà, le maire, Ihor Terekhov, avait déploré que la « quasi-totalité » des infrastructures énergétiques de la région avait été détruite. Depuis, le 1,3 million d’habitants de Kharkiv – contre 2 millions avant la guerre – vit avec les bombardements et des coupures de courant quotidiennes s’étalant sur plusieurs heures, réparties entre les différents quartiers. La nuit, la ville est plongée dans le noir, seulement éclairée de temps à autre par des voitures qui frôlent l’accident à chaque virage. Les alertes aériennes ne cessent de résonner. En plus des frappes ciblées, la cité subit également une intensification des bombardements quotidiens et meurtriers sur ses quartiers résidentiels, à toute heure du jour et de la nuit.
L’Ukraine avait déjà fait face à une campagne de frappes qui avait gravement endommagé ses infrastructures lors de l’hiver 2022-2023. Mais les attaques des dernières semaines sont d’une autre intensité. En plus de viser l’ensemble du réseau de distribution énergétique du pays, les forces armées russes se concentrent aussi sur ses centrales thermiques et hydroélectriques. Le plus grand fournisseur privé d’électricité, DTEK, a ainsi déclaré avoir perdu environ 80 % de sa capacité de production sur tout le territoire. « L’objectif des Russes reste le même qu’à l’hiver 2022, considère Mariia Tsaturian, directrice de la communication de l’opérateur public Ukrenergo. Mais désormais ils utilisent une autre stratégie. Ils essayent de détruire notre système, morceau par morceau. »
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