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Il est intemporel et confortable. Indémodable. Mais il représente aussi un véritable fléau pour l’environnement. Avant d’être porté pour la première fois, un jeans parcourt près de 65 000 kilomètres tout au long de sa fabrication, de la collecte du coton en Inde à l’assemblage réalisé en Turquie ou au Maroc, en passant par le tissage qui s’effectue à Taïwan et la teinture assurée en Bulgarie. Et c’est sans compter les produits chimiques utilisés pour traiter le coton, les litres d’eau (7 000 à 10 000 litres pour une seule paire de jeans) employés pour délaver le tissu et les conditions de travail déplorables des ouvriers du secteur, souvent localisés dans les pays pauvres ou émergents ! Quand on sait qu’il se vend chaque année environ deux milliards de jeans dans le monde, l’impact social et environnemental de ce basique paraît difficilement mesurable.
Heureusement, il existe quelques marques qui se sont lancées dans la confection de jeans plus éthiques. Processus de fabrication plus respectueux de la nature, utilisation de matières biologiques, plus grande protection des travailleurs… Elles mettent tout en œuvre pour limiter leur impact environnemental et social. La Fashion Week, qui se déroule actuellement à Paris, est l’occasion pour Carenews de repenser la mode. À commencer par une sélection de sept marques de jeans pour hommes et femmes alternatives à la fast-fashion.
En 2013, Bert van Son, vétéran de la mode depuis 30 ans, prend conscience des conditions déplorables des travailleurs de l’industrie du jean. Et des dégâts écologiques désastreux qu’elle provoque. Il fonde alors Mud Jeans, une marque qui cherche avant tout à mettre en pratique une véritable économie circulaire.
Points forts :
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Réparation gratuite des jeans pour en assurer une plus grande longévité.
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Utilisation de coton végétal et recyclé et réutilisation de 95% de l’eau utilisée pour la teinture
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Possibilité d’emprunter un jean pendant un an. Une fois rendu à la marque, les matières sont réutilisées pour confectionner de nouveaux produits ou réparer ceux abîmés.
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Garantit un salaire décent à ses travailleurs
Points faibles :
C’est LA marque française de jeans incontournable. Fondée en 2013, elle fabrique ses jeans et ses chaussures en France, à l’aide de coton biologique et de matières recyclées. Elle s’engage à privilégier l’économie circulaire, comme son nom l’indique : 1083, comme le nombre de kilomètres qui séparent les deux villes les plus éloignées de France. Comptez 90 à 120 euros pour une paire de jeans selon le modèle.
Points forts :
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Des jeans conçus et tissés en France à partir de matériaux écologiques.
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Le concept du jean Infini : un vêtement entièrement fait à partir de matières recyclées, consignable et recyclable.
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Garantie que ses profits sont bien investis dans les outils de production, les équipes et la R&D.
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Délavage au laser, sans produits chimiques ni impact sur l’environnement, l’électricité utilisée étant recyclée à 100%.
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Une ligne de vêtements variés et colorés.
Les fondateurs de Kuyichi appartiennent à l’ONG Solidaridad, à l’origine de la création du label de commerce équitable Max Havelaar. La marque, créée au Pérou, est l’une des premières à avoir commercialisé des vêtements en coton biologique, cultivé sans pesticides ni produits chimiques. Quant à son nom, il fait directement référence au dieu péruvien de l’arc-en-ciel. Et dans un effort de transparence, elle indique sur son site la liste de ses fournisseurs et de ses partenaires. Le prix de ses jeans oscillent entre 100 et 120 euros.
Points forts :
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Utilisation du coton biologique, qui réduit les émissions de CO2 de 60 % par rapport au coton conventionnel.
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Des partenaires et des fournisseurs soigneusement sélectionnés, qui offrent des conditions de travail sécurisées et un salaire décent à leurs salariés.
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Utilisation des matières recyclées pour créer de nouveaux produits.
Points faibles :
La Maison Tuffery fabrique des jeans depuis sa création par Célestin Tuffery en… 1892. Elle est même la première marque à s’être lancée dans la production de ce vêtement. Lorsqu’il en reprend la direction en 2014, Julien Tuffery l’engage sur la voie de la mode éthique et responsable et choisit de parier sur une croissance lente, mais durable. Ses jeans, en partie fabriqués à partir de laine et de chanvre et cousus à la main, vont de 100 à 300 euros.
Points forts :
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Des jeans conçus et assemblés en France, avec des matières premières fournies par les filières locales et des fibres écologiques.
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Transmission d’un savoir-faire historique et d’un patrimoine artisanal.
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Une transparence totale sur l’origine et la fabrication de chaque pièce.
Points faibles :
Cette marque anglaise a été fondée en 2006. Son engagement : produire une ligne de vêtements bien coupés et contemporains, mais réalisés de manière éthique. En plus d’utiliser des matières biologiques et de s’assurer du bien-être de ses travailleurs, elle soutient le mouvement Fashion Revolution, qui œuvre à promouvoir de nouveaux modes de production et de consommation des vêtements, plus respectueux de l’environnement et des populations. Comptez 60 à 90 euros pour un jean.
Points forts :
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Utilisation de matières uniquement biologiques, cultivées sans pesticides ni produits toxiques.
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Assure des salaires décents à ses travailleurs.
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Possède le label Vegan, attribué par l’association PETA britannique, qui garantit l’absence de toute matière animale (cuir) dans ses vêtements.
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Une collection Eco Wash, qui utilise 80 % d’eau en moins que pour une paire de jeans conventionnelle.
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Livraison des vêtements dans des paquets et des sacs conçus avec des matières naturelles (papier, fécule de pomme de terre) et donc biodégradables.
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Des jeans mais aussi des T-shirts et des tote bags.
Points faibles :
Hélicia et Aurélien sont à l’origine de cette marque, qu’ils ont fondée à la fin de leurs études avec une exigence : offrir des vêtements élégants et éthiques, mais aussi confortables et adaptés à toutes les morphologies. Si leurs jeans ne sont pas encore tous fabriqués entièrement avec des matières écologiques, la marque s’est engagée à ne recourir qu’à du coton biologique et à des fibres recyclées à partir de 2020. Les pantalons, qui se vendent au prix fixe de 99 euros, sont certifiés Oeko-Tex, qui garantit l’absence de produits toxiques.
Points forts :
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Nouveaux modèles proposés en prévente à prix réduit avant le lancement effectif d’une collection.
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Utilisation du rinçage simple et de la technique du laser pour limiter la consommation d’eau.
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Absence de matières animales dans les vêtements.
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Emballages et paquets réalisés à partir de papier et de carton.
Points faibles :
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Une fabrication délocalisée à Casablanca, au Maroc.
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Une ligne exclusivement féminine.
La marque a été créée selon un état d’esprit particulier : aller à l’encontre des pratiques les plus répandues dans le secteur de la mode. Quand celui-ci utilise des tissus synthétiques et peu respectueux de l’environnement , Nudie Jeans préfère les matières biologiques. Et aux vêtements vite achetés vite jetés, elle oppose l’idée d’une mode qui gagne en caractère avec le passage du temps et qui s’inscrit dans une logique de longévité. Un guide de production de la marque est disponible sur son site pour s’assurer de la traçabilité des processus. Entre 120 et 180 euros le jeans.
Points forts :
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Des jeans composés à 95 % de coton biologique, recyclé ou issu du commerce équitable.
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L’intégralité des vêtements certifiés GOTS (Global Organic Textile Standard), qui garantit la qualité écologique des matières et des processus de fabrication.
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Réutilisation des jeans rapportés par les clients pour réparer ceux qui sont abîmés ou usés.
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Absence de matières animales.
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Une grande variété de coupes, du très skinny à la coupe large, et de chemises et T-shirts.
Points faibles :
Audrey Parvais